Bamako : La ville aux 52 monuments

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Sur ce nombre, 31 sont classés dans le patrimoine culturel national. Ils sont érigés en souvenir des grands évènements et des personnalités historiques et embellissent notre capitale en renforçant l’esthétique du paysage urbain. Ces joyaux sont sujets à une lente dégradation à cause du facteur naturel et du facteur anthropique

Localisée dans la Commune VI du district de Bamako, la Tour de l’Afrique est majestueuse. Elle est bâtie du côté est du Boulevard de l’Union africaine (UA), où elle sert d’épicentre au grand rond-point giratoire de Faladiè. Conçu en forme de baobab à la base et orné au centre par des idéogrammes bambaras stylisés signifiant « concertation, union et entraide », l’ouvrage est haut de 46 m. Il est surmonté d’une jarre en passoire inspirée d’un symbole préféré du roi Gbezo d’Abomey suggérant que si chaque fils du pays bouchait d’un de ses doigts un trou de l’ustensile, il pourrait bien contenir de l’eau. L’ouvrage appelle ainsi à l’union entre Africains. En guise de clôture, la Tour est ceinte de quatre portes stylisées aux quatre points cardinaux avec à l’intervalle des sorties de mâts destinés à accueillir les drapeaux des pays africains lors des rencontres de l’UA au Mali.
Outre la Tour de l’Afrique, « Bamako regorge d’environ 52 monuments dont 31 classés dans le patrimoine culturel national », selon Daouda Koné, chef de la division parcs publics et monuments de la direction nationale du patrimoine culturel. Il souligne que c’est une initiative des autorités de la IIIè République du Mali.

« Dans le cadre du développement harmonieux de tous les secteurs de la vie économique et sociale, le gouvernement de la IIIè République a entrepris un ambitieux programme d’exhumation et de promotion culturelle, essentiellement centré sur l’intégration de la création artistique à l’environnement des villes. C’est ainsi qu’un vaste programme d’édification de monuments modernes a été entrepris dans la ville de Bamako. Ces monuments sont des œuvres qui ambitionnent d’élever dans les consciences le souvenir des moments singuliers », explique le responsable de la division.

CINQ CATÉGORIES- La plupart de ces monuments que compte le pays se trouvent à Bamako. «Nous pouvons dégager cinq catégories de monuments : les monuments se rapportant à l’indépendance et au panafricanisme, les monuments dédiés au mouvement démocratique, les monuments dédiés à l’intégration, les monuments commémoratifs, les monuments symboliques », cite Daouda Koné.
Le monument de l’Indépendance, comme l’indique son nom, se rapporte à l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale. Il est situé dans la Commune III du district de Bamako, au départ du Boulevard de l’indépendance, en face de l’Institut français. Avec ses coupoles en forme de minarets et de mihrabs, l’ouvrage est un résumé de l’architecture soudano-sahélienne. Il a été inauguré par le président Alpha Oumar Konaré, le 22 septembre 1995, à l’occasion du 35è anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale. Au monument de l’Indépendance, il faut ajouter dans ce lot dédié à l’indépendance et au panafricanisme, le Square Patrice Lumumba, sur l’Avenue du même nom, le monument Ouezzin Coulibaly sur la route de Koulouba, le monument Kwamé N’Krumah à Hamdallaye ACI 2000, le monument « Cités et Villes » Martyres du Mali à Koulouba, le Bâton de commandement à Koulouba et la Tour de l’Afrique à Faladiè sur l’Avenue de l’UA.
«Dans le souci de préserver et de perpétuer, dans les mémoires, les évènements comme l’indépendance, les autorités de la IIIè République ont érigé ces monuments, en hommage aux hommes illustres qui ont fait la gloire et la fierté du Mali et de l’Afrique. En plus de l’indépendance, ces monuments sont aussi le symbole des luttes glorieuses qui l’ont précédée depuis la résistance à la pénétration coloniale », justifie M. Koné. Le monument de la Paix est situé à l’entrée, rive gauche, du pont Fahd, à proximité du Mémorial Modibo Kéita, près de la Cité administrative. Il est constitué de deux colonnes quadrangulaires,  terminées par des mains géantes tenant le globe terrestre sur lequel pose une colombe blanche aux ailes déployées. Il est destiné à marquer la fin du conflit qui avait surgi dans le Nord du Mali, dans les années 90. Il a été inauguré le 21 novembre 1996.
Selon notre interlocuteur, le monument de la Paix, le monument des Martyrs du 22 mars 1991, près de la Pyramide du souvenir, le Carré des Martyrs près du cimetière de Niaréla et le monument Abdoul Karim Camara dit Cabral à Lafiabougou sont dédiés à la démocratie. Cette série de monuments dédiés au mouvement démocratique s’achève par la matérialisation de ce qu’on peut appeler le « Mali démocratique » par la construction sur la colline de Koulouba d’un monument baptisé « Mali nouveau », symbolisant les 703 communes du Mali décentralisé.
En plus, il y a le monument de l’Hippopotame érigé à Ouolofobougou, face à la station Total et la Place Mamadou Konaté ou Place de l’Eléphant à Hamdallaye.
Par ailleurs, d’autres monuments commémoratifs sont érigés dans la ville de Bamako. Notamment, le Parc des explorateurs au palais de Koulouba, les monuments se rapportant à l’évènement de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2002 au Mali et à la Confédération africaine de football (CAF), les monuments pays CAN 2002 (Place CAN) à Hamdallaye ACI2000, la Place de Thiaroye (face à l’ancienne Cour d’appel de Bamako), symbole de la résistance et de la bravoure des tirailleurs sénégalais, le Monument aux héros de l’Armée noire ou Place de la liberté, en face du ministère de l’Education nationale, devant la mairie du district de Bamako. La  Place Kontron ni Sanè ou Place des chasseurs, au rond-point Centre père Michel-ambassade de la Russie commémore la confrérie des chasseurs. Aussi, la Place Sogolon, du nom de la mère de Soundjata Keïta, est érigée en hommage à la femme sur la route de l’aéroport, à côté de l’hôtel Wassoulou.
Notre capitale compte aussi des monuments symboliques. Il y a  la Place de Bamako près de la Cathédrale. Elle est le symbole de Bamako, la Cité des trois caïmans. Face  au « Rails Da » et au rond-point de l’hôpital Gabriel Touré sur la route de Koulikoro, se tiennent le monument Al Qoods et la Place de l’Enfant de la Palestine, en soutien au combat du peuple martyr de la Palestine. Ils sont un autre type de témoignage traduisant la solidarité du peuple malien en faveur des peuples opprimés, notamment ceux de la Palestine. On trouve en Commune IV du district de Bamako l’Obélisque  du N’Ko, communément appelée « Bougie Ba », précisément à Hamdallaye ACI 2000 portant les idéogrammes (écritures, icônes) des langues Maninkakan, Bamanan, Dogon, Bozo, etc. Tous ces monuments sont classés dans le patrimoine culturel national du Mali. Leur gestion est assurée par le ministère de la Culture. La mairie du district de Bamako intervient dans l’entretien de certains d’entre eux, dont celui dédié aux héros de l’Armée noire ou Place de la liberté, en face du ministère de l’Education nationale. En dehors des 31 monuments classés patrimoine culturel national, d’autres embellissent Bamako. Parmi ceux-ci, il y a le monument de la Démocratie naissante situé entre le Centre international de conférence de Bamako (CICB) et le Fleuve Djoliba, près de l’échangeur pour les motocyclistes.

DÉGRADATION-La  nuit, des jeunes gens sans domicile fixe (SDF) s’abritent sous certains monuments de Bamako. Cela ne se fait pas sans dommages à ces joyaux architecturaux, témoignages de notre histoire et de notre culture. Selon Daouda Koné, il y a deux facteurs essentiels à la base de la lente dégradation : le facteur naturel et le facteur anthropique.
« Les monuments sont exposés aux intempéries, entre autres, les pluies, l’érosion, les vents, les eaux de ruissellement et leur insertion dans le tissu urbain. L’homme est le principal auteur de la dégradation des monuments. Cela se caractérise par l’insalubrité, les actes de vandalisme et les accidents causés par les transports urbains », dénonce le chef de la division parcs publics et monuments à la direction nationale du patrimoine culturel.
M. Koné met en cause aussi l’incivisme des populations : « les monuments, c’est l’affaire de tout le peuple malien. On doit veiller sur eux et éviter, surtout, de leur causer des dommages par des accidents. Et, aussi, à les protéger physiquement, nous investir pour l’assainissement des monuments et leurs abords immédiats. On doit éviter de coller dessus des affiches publicitaires et politiques et de jeter les déchets plastiques ou solides sur les monuments. Les monuments sont confrontés aux vols. Les têtes de robinets, les projecteurs d’eaux et mêmes les compteurs d’eau/électricité sont volés… »
« Vraiment, que le peuple sache que c’est un bien de l’Etat et que ça mérite d’être protégé. Nous invitons, aussi, les forces de l’ordre à faire des patrouilles au niveau des monuments, parce que parfois, les monuments sont le nid de personnes Sans domicile fixe (SDF) », plaide-t-il.
Cependant, la direction nationale du patrimoine culturel du Mali, à travers son chef de la division parcs publics et monuments, reconnait des actes de bonne volonté de la part de certains groupes, associations et représentations diplomatiques, dans le cadre de l’entretien des monuments de Bamako.
Ainsi, le groupe Africable, en 2014, s’est proposé d’entretenir six monuments de Bamako. « Je salue les femmes de Kalaban Coura qui participent à l’entretien des monuments à l’occasion de chaque 8 mars. En plus, chaque année, l’ambassade du Ghana fait l’entretien du monument Kwamé N’Krumah. Elle restaure le monument à chaque fête de l’indépendance du Ghana. Les Ghanéens sont fiers de ce monument », témoigne Daouda Koné.
Oumar DIAKITé et
Moussa DIARRA

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