Bamako : Un cimetière pour voitures

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Véhicules accidentés garés le long des voies, devant des maisons, ou encore devant des commissariats de police, circulation encombrée par des voitures toussotant, avec peu de garanties sur le plan de la sécurité… voilà le spectacle de la circulation à Bamako. C’est à croire que notre capitale se transforme en dépotoir pour véhicules usagers.

 

Les véhicules en circulation au Mali présentent-ils toutes les garanties à même de protéger la santé des populations ?

Au vu de la réalité et des risques que l’on encourent chaque jour, il y a lieu de se poser la question.

Les voitures en circulation à Bamako, d’après le constat général, sont assez usagers. Avec la conjoncture difficile, rares sont d’ailleurs ceux qui achètent leur véhicule neuf.

Bamako serait donc un dépotoir pour véhicules usagers.

La Direction nationale de la statistique et de l’informatique (DNSI) ne possède pas d’études en la matière. Mais d’une manière générale, les techniciens en la matière considèrent que 80 %  des véhicules circulant ici ne répondent plus aux normes techniques.

Déjà qu’au Mali, l’espace ne répond pas non plus aux normes, les tuyaux d’échappement ne peuvent pas faire mieux.

Beaucoup de véhicules qui marchent à l’essence ordinaire dégagent des fumées aussi nocives que le mazout.

Pour avoir l’ampleur du phénomène, il faut se rendre à des lieux comme la place de taxis de Kati, au pied de la colline du Point G.

Sur la centaine de véhicules, on n’en trouverait pas un seul répondant aux normes techniques ou présentant le minimum de conditions de sécurité pour les passagers.

A.D. qui fait du transport depuis une dizaine d’années affirme qu’il a toujours utilisé ce véhicule. Il n’y a pas de clé de contact (on raccorde les fils), il n’a pas de feux de signalisation, en dix ans il n’y a jamais acheté que des pneus d’occasion… Bref, rien qui puisse rassurer sur le plan sécuritaire. A part la portière du chauffeur, aucune autre ne s’ouvre. Elles sont toutes soudées. « Il n’y a pas plus de danger qu’un véhicule neuf, soutient A.D. ». « En tournant, je sors la main, je commence à freiner de loin et je roule doucement. Alors où est le problème ?

Quel que soit l’état du véhicule, je crois que c’est au chauffeur d’être prudent. C’est tout ».

Sait-il que le carburant et son tuyau d’échappement dégagent du monoxyde de carbone ? Il n’en a cure. D’ailleurs, A.D. ne croît à aucune toxicité de la fumée de son véhicule.

Le phénomène avait tellement pris de l’ampleur que les autorités chargées de la question avaient mené dans le temps une série d’opérations pour le circonscrire.

En effet, les accidents de circulation succédaient aux accidents de la manière la plus bête. L’Office nationale des transports (ONT) qui est chargé de vérifier l’état des véhicules a donc monté des opérations qui ont consisté à réprimer les réfractaires aux respects des conditions de circulation.

La douane qui a saisi d’opportunité pour sévir en même temps, en avait profité justement pour fermer les points de vente illégale de voitures qui proliféraient dans la capitale.

Et pourtant, la visite technique est codifiée au Mali. C’est le décret 202 du code de la route qui la rend obligatoire, au moins une fois par an pour les véhicules de transport en commun.

Mais, très souvent, des véhicules sans garantie se faufilent entre les mailles, simplement parce que ses conducteurs payent des pots de vin.

Il est également regrettable de constater que les chauffeurs ne semblent pas acquis à la nécessité ou à l’importance de la visite technique.

Bamako : un cimetière de véhicules

Les rues de Bamako sont aujourd’hui encombrées d’épaves de voitures. Certains n’ont même plus de modèle dans les musées.

Ces ferrailles bordent les rues, obstruent des passagers et occupent inutilement des espaces.

Sur le plan esthétique, la chose est déjà très vilaine car constitue souvent des tâches noires sur des décors qui font des efforts dans l’embellissement. Un des problèmes cruciaux à Bamako, et d’une manière générale, au Mali, c’est le manque de moyens pour créer par exemple un cimetière de voitures. Ceci est une solution car, on pourrait ainsi trouver une grande place pour y traîner ces « carcasses ». Ainsi, on dégagera des espaces considérables en même temps que la récupération pourrait se faire très facilement. Ceci aura plusieurs avantages d’ailleurs. Aujourd’hui à l’heure où le recyclage est à la mode, il serait bien de pouvoir regrouper des déchets, même négocier une vente à des usines spécialisées dans le recyclage. Jusqu’ici, ce sont nos forgerons qui se débrouillent pour d’autres matériels utiles dans la société.

Dans le cadre de l’esthétique urbaine, les municipalités doivent trouver des places pour les carcasses. L’un des problèmes est également le fait que certains propriétaires ont du mal à se défaire de leur véhicule. « Nous avons pensé à votre solution, affirme en Commune IV un conseiller municipal, mais je sais qu’aucun propriétaire n’acceptera de se défaire de sa voiture. Il les ont sur cale depuis longtemps, devant leur porte, mais ce ne sera pas aisé de leur dire de s’en défaire. Chacun espère un jour avoir les moyens de la retaper à neuf ».

 Ensuite la fumée

Dans beaucoup de pays aujourd’hui, il existe une législation stricte sur la qualité du carburant et les tuyaux d’échappement des véhicules.

Ceci a l’avantage de réduire les risques liés aux rejets des gaz toxiques par les voitures.

En effet, surtout chez nous ici, l’une des composantes essentielles de la fumée rejetée par les voitures, c’est le monoxyde de carbone.

Celui-ci est très dangereux pour les poumons et d’une matière générale, pour l’individu même chez nous ici, malgré ce qui se dit, le contrôle de la qualité du fuel.

Il y a des heures où, les cyclistes et autres motocyclistes disparaissent dans la fumée de ces véhicules.

Il y également les accidents. Malgré les multiples précautions que les autorités prennent de plus en plus, les accidents ne diminuent pas pour autant. Ces accidents sont très souvent dus à peu de choses. Manque de frein, défaut de signalisation, panne en pleine circulation, etc.

Pour certains assureurs de la place, si l’on se fiait aux règles seulement, il y a beaucoup de véhicules qu’on refuserait d’assurer.

Si l’accent était mis sur cet aspect et qu’on faisait un effort pour mieux sécuriser les voitures, il y a beaucoup d’accidents qui n’auraient pas lieu.

Notre environnement est confronté à de multiples défis. Les voitures qui constituent le moyen de transport le plus utilisé actuellement sont à surveiller.

Aujourd’hui, il faut que l’accent soit mis sur les normes.

Que les procédures d’importation soient respectées et que la législation en la matière soit également respectée.

 

A.K.

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