Depuis la reprise de Douentza par les militaires maliens, la ville est confrontée à de multiples problèmes. Le racket des porteurs d’uniforme, le manque d’électricité, la cherté des produits de première nécessité et surtout la mauvaise volonté des élus dans la gestion des affaires de la ville. Telles sont, entre autres, des raisons qui poussent les jeunes de la ville à s’insurger contre les autorités politiques de la localité.
La ville de Douentza, située au nord du Mali, après avoir connu une période inceste par les islamistes, est enfin sous le contrôle des forces armées maliennes. Mais, depuis un certain temps, le comportement des élus de la commune, selon les jeunes de la localité, laisse à désirer dans la mesure où non seulement les conditions de vie sont précaires, mais aussi les dons destinés à la localité ne sont jamais acheminés à bon port. La question que les jeunes se posent actuellement est de savoir si les élus (députés et maires) sont réellement des natifs de la localité ?
Aujourd’hui à Douentza, la précarité de la vie fait que les jeunes n’ont, pour seule occupation, que les jeux de cartes et de dames. A en croire Mohamed Adia, un jeune ressortissant de la ville, «de son occupation à nos jours, la ville est plongée dans le noir total. Cela s’explique par le manque de combustible pour alimenter les groupes électrogènes. Pourtant, un fonds de plus de 20 millions de nos francs a été mobilisé par les expatriés de la Guinée Equatoriale afin de venir en aide à la population. En outre, d’autres fonds ont été mobilisés par d’autres ressortissants de la ville».
Notre interlocuteur poursuit, en s’insurgeant contre les élus par rapport à l’acheminement des vivres qui avaient alors été offerts pour aider les habitants. A travers son témoignage, il explique: «Jusqu’au jour d’aujourd’hui, aucun habitant de la ville de Douentza n’a bénéficié d’un seul grain de riz. Et contrairement au beau discours des élus de la ville, les habitants vivent dans la précarité», a-t-il déploré. En outre, notre interlocuteur poursuit en demandant aux donateurs de suspendre les aides pour la ville de Douentza. «Nous ne demandons pas de gérer l’aide de la coopération, mais il faut parvenir à un équilibre. Et nous disons que la meilleure chose à faire est de travailler et d’arrêter la gestion unilatérale des dons destinés à la ville. On a l’impression que plus on envoie de l’aide, moins les choses avancent. Alors, arrêtez d’envoyer de l’argent. Regardons les choses en face pour mettre en place un meilleur mécanisme pouvant apporter des résultats», a-t-il souhaité.
Même son de cloche chez Alkamissa Dicko, porte-parole des enseignants. M. Dicko déplore la mauvaise gestion des fonds collectés pour les besoins humanitaires. Il dira que, «de l’occupation de la ville par le Mnla jusqu’à l’arrivée du Mujao, les enseignants ont toujours effectué leurs missions. Mais, malheureusement, nous n’avons bénéficié d’aucune aide humanitaire. Pourtant, un mois de salaire a été prélevé pour contribuer à l’effort de guerre».
A cela s’ajoute le racket exercé par des forces de l’ordre de la zone dont la mission est la protection et la sécurisation des habitants. «Les rackets exercé par des porteurs d’uniforme ne font qu’augmenter le tarif de certaines denrées alimentaires. Les militaires profitent des jours de foire pour soutirer 500 Fcfa à chaque vendeur qui vient exposer ses marchandises. Ce qui explique en grande partie la cherté des denrées alimentaires», explique Mohamed Adia.
Puisqu’un homme averti en vaut dix, dit-on, les autorités publiques, la Misma et la communauté internationale sont alors informés du calvaire des populations de Douentza.
Ibrahim M.GUEYE
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