Ils sont diplômés des grandes écoles et universités du Mali, 5 ans d’études après le bac. Malgré un procès, l’administration ne semble pas pressée de leur accorder leurs droits. Des ingénieurs réclament justice.
Depuis la création de l’université du Mali, et l’avènement du système LMD, le Mali peine à qualifier ses diplômés de l’Institut Polytechnique Rural de Formation et de Recherche Appliquée (IPR/IFRA), de l’Ecole nationale d’Ingénieur (ENI) et de l’Ecole Normale Supérieure (ENSUP). Tous font 5 ans d’études après le bac+ 5. Mais, les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Fonction publique n’arrivent pas à définir quel type de diplôme détiennent les sortants des grandes écoles : Diplômes d’Etudes Approfondies ?, Masters ?, Juste bac + 5 ? Même dans les communiqués officiels pour lancer les concours de recrutement à la fonction publique, il est toujours précisé, « corps des ingénieurs, diplôme de l’IPR/IFRA bac + 5 ».
Face à la situation, certains sortants de l’ENI, victimes de la situation, ont saisi la Cour Suprême qui, suivant l’arrêt n° 411 du 27 juin 2019 a reconnu les diplômes bac + 5 de la nouvelle ENI, de l’IPR/IFRA et de l’ENSUP comme des DEA et a annulé certains arrêtés d’intégration à la fonction publique des ingénieurs lésés.
Après cet arrêt de la Cour Suprême, le ministre du Dialogue Social, du Travail et de la Fonction Publique suivant la lettre n°2020-000092/MDSTFP-SG du 29 janvier 2020 a rassuré le Secrétaire général de l’UNTM qui l’avait saisi par lettre N°643/BE-UNTM/SG du 2 janvier 2020 pour la régularisation des ingénieurs de l’ENI, que la mesure serait élargie aux sortants bac + 5 de l’IPR/IFRA et de l’Ensup.
Mais, depuis, ceux-ci sont dans l’attente. Ces ingénieurs ont constitué des dossiers de demande de régularisation qui sont restés sans suite dans leur majorité. Ils ne comprennent pas comment un arrêté de la Cour Suprême peut rester en souffrance, juste parce qu’un agent de l’Etat ne veut pas s’y plier ?
En désespoir de cause, ils ont constitué un collectif dénommé « Collectif des Ingénieurs non régularisés » avec une commission de suivi des dossiers. Mais force est de reconnaître que malgré des rencontres avec le Secrétariat général du Gouvernement, la Direction de la Fonction Publique, rien ne change. L’arrêt de la Cour n’est pas appliqué.
Le paradoxe est que certains collègues ingénieurs de l’ENI et de l’IPR/IFRA ont été régularisés. Des nouvelles recrues de la fonction publique du corps des ingénieurs de l’IPR/IFRA débutent à l’indice 508 contre 360 pour leurs aînés.
Certains se préparent à explorer d’autres options juridiques comme le recours gracieux afin d’obtenir l’application de la décision de la Cour suprême.
« Il serait souhaitable que les hautes autorités du pays se penchent sur notre cas. C’est juste une demande de justice », affirme notre interlocuteur
- Dembélé