Baba Cissé, 1er vice-président de l’ASMA/CFP : “Avec le décès de Soumeylou Boubèye Maïga, disparait un homme public d’exception” “Tu as été une école pour nous et nous avons appris à dialoguer, à tolérer…”

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Le 1er vice-président de l’Alliance pour la solidarité au Mali/Convergence des forces patriotiques (Asma/CFP) Baba Cissé a eu l’insigne honneur de rendre un vibrant à son président, Soumeylou Boubèye Maïga, lors de ses obsèques le 24 mars dernier, chez lui au Quartier du fleuve. Il est décédé en détention le 21 mars dernier. “Nous nous refusons jusqu’à présent de croire en ta mort que tout pourtant nous montre et nous démontre. Nous savons que tu es un mortel. Nous refusons d’y croire car nous n’y étions pas préparés. Nous sommes dans ce déni car nous sommes restés dans l’espoir que même en l’absence de soins tu refuserais de partir”, a déclaré Baba Cissé. Nous publions le discours de l’oraison funèbre qu’il a lu. 

Par un de ces tours que la nature et le destin savent nous jouer, je me retrouve à lire au nom du parti l’oraison funèbre du président du parti. Chose que je n’avais pas imaginée, en tout cas pour sitôt.

Quelle charge lourde pour moi !

Mais, cher président, je me dois de la porter pour toi et pour les milliers de militants, sympathisants et responsables de ton parti, de notre parti l’Asma/CFP.

Monsieur le président, cher camarade,

Nous nous refusons jusqu’à présent de croire en ta mort que tout pourtant nous montre et nous démontre. Nous savons que tu es un mortel.

Nous refusons d’y croire car nous n’y étions pas préparés. Nous sommes dans ce déni car nous sommes restés dans l’espoir que même en l’absence de soins tu refuserais de partir.

Tu n’as pas rebondi cette fois-ci comme tu as eu à le faire le long de ton parcours. Tu ne le pouvais pas car la Faucheuse, ton adversaire dans ce combat, était plus coriace et plus tenace.

Mesdames, et messieurs,

Camarades militants et responsables des partis amis,

Camarades militants et militantes de l’Alliance pour la solidarité au Mali/Convergence des forces patriotiques, Asma/CFP ;

Ce jour est bien triste parce que notre pays vient de perdre un de ses plus illustres fils, un serviteur infatigable de l’Etat qui ignorait congés et jour de repos, un homme politique de première classe, un homme qui voua sa vie entière à son engagement politique en faveur des valeurs auxquelles il croyait,

Avec le décès de SBM, disparait un homme public d’exception, un homme politique éminent.

C’est une intelligence hors du commun qui vient de s’éteindre, un monument de notre vie politique.

En cette Semaine des martyrs, j’aurais pu parler de sa grande contribution à l’avènement de la démocratie et du multipartisme, mais aujourd’hui je ne parlerai pas de son parcours politique et administratif qui n’est méconnu de personne, parcours qui lui a permis de marquer de son empreinte la vie politique de notre pays pendant ces trente (30) dernières années, exerçant des responsabilités publiques de haut niveau : directeur de la Sécurité d’Etat, secrétaire général de la présidence, plusieurs fois ministre à la tête de portefeuilles régaliens comme les Affaires étrangères ou la Défense puis Premier ministre, se forgeant patiemment un parcours exceptionnel d’homme d’Etat, rompu aux plus hautes servitudes de la République.

Je ne parlerai également pas de sa compétence, travailleur, méthodique sobre et discret que même ses ennemis n’ont jamais contestée. Je parlerai de l’homme à l’analyse rigoureuse et au point de vue pertinent, de l’homme doté de courage à en revendre et d’une conviction profonde.

Il a été courageux quand il était risqué de l’être, prenant souvent des risques démesurés, mettant ainsi sa liberté et sa vie en danger. Il était un homme de conviction, qui a toujours défendu ses positions quoi que cela puisse lui coûter.

Il n’a jamais côtoyé la démagogie et n’agissait pas pour plaire, mais selon sa conviction. Comme il avait l’habitude de le dire, si je dois chercher à plaire à tout le monde, il me faut changer de métier, et devenir acteur de cinéma.

Pour lui, le terrain politique était celui de la confrontation et de l’adversité, non de l’affrontement et de l’inimitié. Ce qui explique qu’il pouvait parler à tout le monde. Pour lui, la démocratie signifiait diversité, différences et divergences. Mais, il a toujours prôné le rassemblement auteur du pays, sur la base de valeurs communes et de projets avec comme idéal la justice sociale et la solidarité.

Ce qui nous chagrine tous aujourd’hui, et qui touche beaucoup de nos compatriotes, c’est d’avoir perdu en Soumeylou, homme de conviction et de courage, un homme de passion. Passion pour le Mali, un pays qu’il avait servi avec beaucoup de générosité. Un pays qu’il connaissait plus que le plus compétent des géographes. Un pays dont il connaissait et admirait les paysages, les cours d’eau et les reliefs, la faune et la flore. Il fréquentait les hommes qui le peuplent, connaissait leur histoire, respectait les codes et les croyances qui les gouvernent, s’intéressait aux brassages et aux alliances qui les lient.

Mon président,

Tu as été une école pour nous et nous avons appris, beaucoup appris à tes côtés. Nous avons ainsi appris à dialoguer, à tolérer, même les calomniateurs, à respecter l’autre malgré les différences, à travailler politiquement dans la rigueur.

Tu as toujours été fidèle à toi-même et aux idéaux de justice sociale et d’humanisme que tu as portés très tôt d’abord au sein de l’Adéma dont tu as été un des principaux porte-flambeaux puis au sein de l’Asma que nous avons portée ensemble sur les fonts baptismaux.

Mon président,

On dit que la mort emporte ceux qui sont partis, mais elle interpelle et avertit les vivants sur le sens et la portée de leurs actes. Elle rappelle aux croyants que nous sommes une vérité évidente par elle-même : tout est vanité ici-bas et chacun attend son tour d’être seul face au SEUL.

Selon une vieille sagesse, notre vrai tombeau n’est pas dans la terre mais dans le cœur des hommes. Alors président, l’heure est venue de nous séparer. Mais, nous ne nous séparerons pas non sans pour moi affirmer la fierté que nous éprouvons pour toi, non sans te donner l’assurance que le chemin que tu as tracé sera poursuivi, que le flambeau sera porté. Nous t’en donnons ici la promesse et en faisons le serment.

Adieu Monsieur le président !

Adieu camarade !

Adieu mon cher frère !”

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