Avec le départ des « bonnes » Place à la galère des « patronnes »

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La saison des pluies s’annonce à grand pas pour les aides ménagères communément surnommées « bonnes ». Avec le début de la saison pluvieuse, ces filles se préparent pour regagner leurs villages respectifs. Certaines sont déjà parties, et d’autres se préparent à rentrer au bercail. Mais ce départ de ces « bonnes à tout faire » cède la place à la galère des femmes (les patronnes, come on dit) concernant les corvées ménagères !
Dans notre société d’aujourd’hui, il est rare, très rare même, de voir une famille qui ne possède pas de « bonne à tout faire ». Ces filles quittent généralement leurs villages avec la « bénédiction » de leurs familles pour venir chercher leur trousseau de mariage. Mais d’autres fuient plutôt leurs villages  pour échapper tout simplement à un mariage forcé (un phénomène propre aux villageois. Elles viennent ainsi dans la grande ville  pour faire « travailler ». Mais cela ne marche pas toujours bien pour certaines d’entre elles qui, du coup,  se livrent à certaines mauvaises pratiques, dont la prostitution surtout. Celles qui nous intéressent, ce sont les « bonnes » qui viennent  à Bamako travailler jour et nuit, sans  repos valable, pour préparer leur trousseau de mariage avant de rentrer tranquillement au bercail.
Dès les premiers cris des cigognes annonçant l’hivernage, ces aides ménagères commencent à se préparer pour rejoindre leurs parents restés au village. C’est qu’avec l’arrivée de la saison pluvieuse, beaucoup de parents du village enjoignent  à leurs filles de rentrer au bercail soit pour s’occuper de petits travaux champêtres, soit pour apporter le repas aux travailleurs des champs, soit pour…être données en mariage, souvent par force. Mais il y a toujours des exceptions : certaines (mauvaises) « bonnes » ne retournent jamais au village durant l’hivernage.
Elles sont décidées à rentrer au bercail
Alima, une jeune fille ressortissante de Macina, ne rentre au bercail qu’à l’approche de la fête de Tabaski. Elle explique : « Dans notre village, ce sont des garçons qui s’occupent des champs. Ce qui fait que ce n’est pas une obligation pour nous d’aller au village à l’approche de l’hivernage, sauf si on le veut ». Fatoumata Coulibaly, une ressortissante de San, est à Bamako depuis deux ans. Elle a décidé cette année de rentrer au village pour voir ses parents après deux années d’absence. « Je vais profiter de l’hivernage pour aller voir mes parents au village parce que cela fait maintenant deux ans que je ne les vois pas. Ils me manquent beaucoup. Je pense que la saison des pluies est une bonne occasion pour rentrer ».
Sanata, une autre jeune fille rencontrée au Grand marché, était venue acheter son trousseau de mariage. Elle nous confie : « Je suis venue acheter mon trousseau de mariage. Je dois me marier tout juste après la fin des travaux champêtres. Cela fait cinq ans que je viens à Bamako. Je viens du village de Sirakorola. Chaque année, je fais mon trousseau. Je peux dire qu’aujourd’hui, il ne manque plus rien. Je suis prête à fonder une famille. Après mon mariage, je ne retournerai plus à Bamako ».
Il faut reconnaître que ces aides ménagères jouent aujourd’hui un rôle important dans certains foyers car ce sont elles qui s’occupent de tous les travaux domestiques, y compris la cuisine. Et ce ne sont certes pas les « patronnes » privées de leurs « bonnes » qui diront le contr    aire, elles qui sont du coup obligées de reprendre leur charges familiales (dont les usantes corvées ménagères), le plus souvent seules et sans aide ni assistance. Le départ de ces « bonnes » sonne ainsi le « glas » des souffrances de ces «patronnes».
Le phénomène des aides ménagères est si ancré dans le mode de vie des femmes maliennes quelles ne peuvent plus s’en passer, sinon difficilement. Enfin, certaines « bonnes » se livrent pieds et poings liés (pourrait-on dire) à leurs employeuses, obéissant ainsi à leurs moindres caprices, même les plus farfelus ! C’est dire que si ces aides ménagères n’existaient pas, il aurait fallu les « créer ».
Salimata Fofana

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