Avant-projet de la nouvelle Constitution : Foncer ou renoncer ?

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Au moment où les forces vives du Mali ont plus que jamais besoin d’une union sacrée pour relever les défis auxquels le pays fait face, la volonté de se donner une nouvelle Constitution pourrait sérieusement diviser.

Au moment où le défi sécuritaire est toujours préoccupant, le pays s’apprête à s’arracher les cheveux pour virer dans une VI ème République, suite à l’adoption d’une nouvelle Loi fondamentale. Et des voix s’élèvent pour critiquer le timing du projet, le contenu du document et l’engorgement même du calendrier électoral en un laps de temps plutôt court et aussi le manque de ressources financières suffisantes pour autant de scrutins. D’où des appels répétés à reporter cette initiative ou à y renoncer simplement.

Le week-end dernier, des acteurs de la société civile se sont fait entendre sur cet avant-projet de nouvelle Constitution. Ils ont, lors d’une conférence de presse, pointé les «pouvoirs exorbitants du Président de la République », mais aussi l’absence de « dispositions pour le respect du principe d’imprescriptibilité des coups d’Etat ».

S’agissant des propositions d’amélioration du texte, la Société civile invite les autorités à fermer la porte aux lois d’amnistie. « La refondation du Mali passe par le changement des comportements et de mentalité de citoyens et des autorités dans l’exemplarité dans la gouvernance du pays », précisaient certains conférenciers, alors d’autres conseillaient d’avorter le projet.

Au plan politique, plusieurs partis plaident pour que cette initiative, qui est loin d’être « consensuelle », soit abandonnée. C’est ainsi que le PARENA de Tiébilé Dramé, l’ADEMA-PASJ, le PCR-les libéraux d’Ousmane ben Fana Traoré, le PACP de Yéah Samaké, le MOREMA de Me Kassoum Tapo, YELEMA de Moussa Mara et le regroupement politique dénommé Cadre des partis et regroupements politiques pour un retour à l’ordre constitutionnel ne cesse d’appeler les plus hautes autorités à renoncer à cette démarche visant l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Mais, il faut souligner que de nombreux partisans du pouvoir tiennent à la poursuite vaille que vaille du processus référendaire jusqu’à son terme. Même si cela doit entraîner un glissement du chronogramme précédemment défini. Ce qui n’est pas souhaitable pour les partenaires du pays… Ce qui ne dissuade pas les contestataires à appeler à l’abandon du processus.

Après ces appels à renoncer à cette réforme majeure, l’on se demande si le pouvoir de Transition va obtempérer à ces alertes ou s’il va persister et signer en fonçant tête baissée vers les préparatifs du référendum constitutionnel. Cette dernière option peut être suicidaire, car, elle risque de diviser davantage les forces vives du Mali, dans la perspective des prochaines élections générales. C’est donc au chef de l’Etat d’user de son pouvoir discrétionnaire pour trouver une voie consensuelle pouvant rassembler les Maliens, dont le pays fait déjà confronté à certaines adversités extérieures. Mais, en attendant, la question demeure posée : renoncer ou foncer ? Wait and see !

Bruno D SEGBEDJI

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2 COMMENTAIRES

  1. A Bruno et a tes forces vives, je vous dis que renoncer a cette reforme Constitutionnelle c’est dire bonjour aux nouveaux coups d’État en perpétuité. Les manquements de la Constitution de 1992 ont été révélés en 1992 meme. A nous d’apprendre de nos erreurs sinon nous allons oublier notre histoire et elle va se répéter. A bon entendeur, salut!

    • À quoi sert une constitution sur un territoire que nous ne contrôlons pas ? Quand 80% du territoire national échappe au contrôle de l’état, une nouvelle constitution est une farce de mauvais goût.

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