Même si certains observateurs affichent un certain scepticisme, le pouvoir de transition semble faire des efforts non négligeables, surtout par rapport à la réaffirmation de l’autorité de l’Etat, aux progrès en termes de sécurisation du pays et de la bonne gouvernance.
Si le régime IBK avait été longtemps marqué par le discours sur la réaffirmation de l’autorité de l’Etat, l’on avait, en revanche constaté, de septembre 2013 à août 2020 que l’Etat s’était affaibli dans l’exercice de son pouvoir régalien de coercition et de dissuasion des dérives. C’est au point que le président des FARE Anka Wili, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, avait usé de la belle formule exhortant à voir « le gouvernement aux affaires et non dans les affaires ». Cela n’avait pas suffi pour rectifier le tir, puisque les scandales s’étaient multipliés sans que l’Etat ne puisse sévir à hauteur de souhait : affaires de détournement de primes de certains militaires, de l’avion présidentiel, des équipements militaires, des engrais frelatés, des 1000 tracteurs, des avions cloués au sol, etc. Pas un seul de ces dossiers n’avait eu une suite judiciaire conséquente en son temps, jusqu’au renversement du président IBK. Quel gâchis !
Méthodes nouvelles à amplifier
Aujourd’hui, en plus des poursuites judiciaires pour des indélicatesses sur les deniers publics, des cas présumés d’actes subversifs ou de tentative de déstabilisation du pouvoir font l’objet de saisine de la justice. Même si l’on peut penser que certains actes frisent la plaisanterie de mauvais goût, comme la récente auto-proclamation comme « nouveau président de la Transition » par le sieur Ainéa Ibrahim Camara, depuis Abidjan en Côte d’Ivoire.
En effet, le gouvernement vient de saisir, à travers le ministre de la Justice, le Procureur Général près la Cour d’Appel, pour agir avec sûrement la fermeté requise dans de telles circonstances. « Au regard de la gravité de ces faits, susceptibles de recevoir plusieurs qualifications pénales conformément à la loi , je vous demande de prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’ouverture immédiate d’une enquête par le parquet compétent », souligne le Garde des Sceaux, Mamoudou Kassogué.
Idem pour la récente affaire de la communication téléphonique présumée interceptée entre deux personnalités, l’une supposée malienne et l’autre ivoirienne. La justice devrait poursuivre ses investigations pour vérifier l’authenticité de cette communication et, éventuellement, poursuivre le cas échéant. C’est la même situation avec l’affaire des audios dans laquelle Dr Oumar Mariko et d’autres seraient inculpés. Même si l’on peut craindre une « justice sélective » dans cette dernière affaire, ces actions judiciaires prouvent à suffisance que l’Etat s’efforce résolument de réaffirmer son autorité pour qu’en toute chose, force reste à la loi. Pour ainsi consolider les bases de l’Etat de droit, dans le cadre de la refondation du pays.
« …Amélioration tangible… »
En outre, le pouvoir de Transition, malgré les récriminations qu’on peut lui faire, s’investit pour affiner la souveraineté du pays. Ce qui passe nécessairement par des progrès indéniables au plan du renforcement de l’outil de défense. Et cela est marqué concrètement par « la montée en puissance des Forces armées maliennes (FAMA) » sur le théâtre des opérations anti-terroristes. C’est au point que l’expert indépendant de l’ONU reconnaissait, il y a quelques jours, dans son rapport de fin de mission au Mali, une bonne dynamique de sécurisation du territoire malien. « Pour la première fois depuis le début de mes visites en 2018, j’ai noté une amélioration tangible de la situation sécuritaire, de la situation des personnes déplacées internes, de la situation des droits de l’homme ainsi que des dynamiques de paix endogènes, notamment dans le Centre du Mali », avait indiqué Aliou Tine.
Par ailleurs, au plan de la gouvernance, l’on n’entend plus parler de cas de malversations dans la gestion des affaires publiques. Et ce n’est pas les observateurs, méticuleusement regardants, qui manquent. Où sont passées les révélations accablantes du PARENA de Tiébilé Dramé sur des pans de la gestion du pays ? Si le parti du bélier blanc avait de tels « scoops » sur des départements ministériels aujourd’hui, hésitera-t-il à le publier ? L’on peut en douter ! Ce qui laisse penser que le gouvernement de transition n’est pas dans les affaires, mais aux affaires ! La preuve, lorsque le ministre du Domaine, du logement et des affaires foncières s’est récemment rendu compte de certaines irrégularités dans l’attribution des logements sociaux, Pr Bréhima Kaména, a pris ses responsabilités, en dissolvant la commission d’attribution, ordonnant des vérifications, afin de corriger le processus. Un processus qui, selon nos sources, est en bonne voie et en toute transparence.
Espérer, malgré tout…
Tous ces éléments permettent d’espérer, malgré les difficultés au plan diplomatique, avec l’embargo de la CEDEAO, le discours clivant du Premier ministre et les incompréhensions entre les hautes autorités du pays et certains partenaires. Sans oublier l’urgence pour le duo Assimi-Choguel de diminuer le train de vie de l’Etat (ce qui ne semble pas être le cas avec l’élargissement du CNT et peut-être du gouvernement).
Il urge d’aller à un sursaut salvateur, pour la levée rapide de ces sanctions injustes, pour un ouf de soulagement généralisé d’un peuple malien que plus rien n’arrêtera, dans sa volonté d’aller de l’avant. Contre vents et marées.
Bruno Djito SEGBEDJI