Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed, a animé le vendredi 05 novembre une conférence de presse dans la salle de conférence de son département. Occasion pour lui d’évoquer les raisons de l’augmentation du prix des produits de première nécessité et les mesures prises par le gouvernement de transition pour abréger la souffrance de la population.
Face à l’augmentation vertigineuse du prix des denrées alimentaires et des matériaux de construction, le gouvernement de Transition poursuit la mise en œuvre des mesures de mitigation et de soutien au pouvoir d’achat des populations. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed.
En ce qui concerne les mesures d’ordre commercial, le ministre Mahmoud Ould Mohamed a parlé de la détermination du prix plafond du sucre dans le cadre du programme de jumelage ; la fixation des prix indicatifs plafonds du riz brisure non parfumé importé et de l’huile alimentaire en exécution d’un programme de réduction de la base taxable de 50% au cordon douanier ; l’application de prix consensuels du pain, de la farine boulangère et du ciment à travers la signature de protocole d’accord.
À cela s’ajoutent l’homologation du prix des hydrocarbures par un mécanisme de prise en charge du différentiel de coût de revient du gaz butane et de modulation du taux de la Taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) et de la valeur en douane des hydrocarbures ; la négociation des marges des grossistes ; la surveillance du marché pour faire respecter les prix convenus.
Les mesures sociales quant à elles se rapportent à la distribution de vivres et d’aliments bétail ; de transfert monétaire ; au financement des travaux à haute intensité de main-d’œuvre ; au financement des activités génératrices de revenus ; à l’augmentation de salaires ; aux réformes des pensions de retraite. Des mesures qui, aux yeux du ministre, illustrent la volonté du gouvernement d’atténuer la souffrance de la population.
S’agissant spécifiquement de la filière farine/pain, le ministre de l’Industrie et du Commerce a indiqué que le prix du pain fait l’objet d’un consensus entre le gouvernement et l’ensemble des acteurs du sous-secteur au sein d’un cadre de concertation mis en place à cet effet. «En application du protocole d’accord signé le 30 mars 2021, le prix consensuel du pain aux consommateurs a été fixé à 250 FCFA pour le pain de 300g et 125 FCFA pour celui de 150g et celui de la farine aux boulangers à 20 000 FCFA le sac de 50kg au maximum», a dit le ministre Mahmoud Ould Mohamed.
Une application du protocole qui a été interrompue le 1er novembre 2021. Cela, suite à une déclaration unilatérale d’augmentation du prix indicatif sur les réseaux sociaux par un groupe de boulangers mécontents de la fluctuation du prix de la farine aux boulangers.
En réaction, le ministre de l’Industrie et du Commerce a indiqué que son département a pris des mesures de représailles pour maintenir l’ordre commercial et faire respecter les prix consensuels fixés. Tout en condamnant cette attitude, il a assuré que le cadre de concertation mis en place auprès de son département a décidé de se réunir prochainement pour examiner les préoccupations des acteurs en lien avec l’augmentation du cours mondial du blé.
Sur les raisons de l’augmentation du prix des produits de première nécessité, le ministre a souligné que l’inadéquation entre la forte demande mondiale des produits de base et la stagnation de l’offre mondiale couplée au renchérissement du coût du fret maritime et de la logistique (indisponibilité des bateaux, raréfaction des conteneurs) engendre l’augmentation de leurs cours mondiaux.
Ainsi, le cours du sucre s’établit à 502,2 dollars la tonne, en hausse de 12% par rapport au mois de juillet 2021. Celui de l’huile alimentaire est à 1 256 dollars la tonne soit une augmentation de 21% comparativement à son niveau du mois de juillet 2021. Le blé et le riz, tout comme l’huile et le sucre, connaissent des hausses de 33,13% et 4% par rapport à l’année passée culminant respectivement à 278,250 euros la tonne et 360 dollars la tonne.
Cette situation peu reluisante affecte tous les pays du monde, qu’ils soient développés ou en développement, le Mali ne faisant pas exception. Selon le ministre de l’Industrie et du Commerce, en dépit de l’enclavement du Mali et de son contexte sociopolitique difficile, la plupart des produits de première nécessité coûtent moins cher comparativement à certains pays de la sous-région.
«À titre d’exemple, le sucre qui coûte 500 FCFA le kilogramme au Mali est vendu à 700 FCFA voire 800 FCFA dans des pays où transitent nos importations. Il en est de même pour le riz brisure, l’huile alimentaire, le carburant, les matériaux de construction, la pomme de terre, les céréales sèches etc. », a assuré le ministre Mahmoud Ould Mohamed. Cette situation dénote les efforts financiers considérables de l’Etat malien en termes d’abandon des droits et taxes au cordon douanier, a insisté le ministre de l’Industrie et du Commerce.
L’approvisionnement du marché menacé par des facteurs endogènes et exogènes
Concernant l’approvisionnement du marché, le ministre du Commerce et de l’Industrie a assuré la population sur la disponibilité du marché en produits de première nécessité. À la date d’aujourd’hui, poursuit-il, les stocks disponibles auprès des principaux importateurs sont évalués à 50 000 tonnes de riz, 33 000 tonnes de sucre, 6 000 tonnes de lait et 8 000 tonnes d’huile alimentaire. Ce qui couvre respectivement 17, 58, 60 et 20 jours de consommation nationale.
Cette situation, selon lui, est imputable aux opérateurs économiques retenus qui n’arrivent pas effectuer à souhait leurs transactions commerciales. Cela, avoue-t-il, en raison de la rareté des conteneurs, du renchérissement des prix des denrées sur le marché international et des frais maritimes et logistiques. Ceci malgré l’adoption par le gouvernement de transition de mesures d’incitation fiscales au cordon douanier en réponse aux effets de la COVID-19, a-t-il souligné.
Pour terminer, le ministre Mahmoud Ould Mohamed a rappelé que l’approvisionnement du marché malien est menacé par des facteurs endogènes et exogènes. Il s’agit au plan national de la persistance de l’insécurité et des conflits communautaires en plusieurs endroits du centre et du nord du pays qui perturbe les circuits commerciaux intérieurs.
Au titre des facteurs exogènes, le Mali, qui importe 70% de ses besoins alimentaires, reste vulnérable aux perturbations du marché international.
Abdrahamane SISSOKO
Encadré
Sur les différents marchés couverts par les services techniques du ministère de l’Industrie et du Commerce, les prix des produits de première nécessité relevés, au cours de la semaine du 18 au 24 octobre 2021, sont en hausse par rapport à l’année dernière à l’exception du sorgho et du lait en poudre dont les prix sont restés pratiquement stables. Ces prix sont également en hausse par rapport au mois passé sauf ceux de l’aliment bétail et du lait en poudre qui sont pratiquement stables.
Depuis la suspension des opérations d’abattage subventionnées, la viande avec os est cédée entre 2 800 et 3 000 FCFA sur les marchés de Bamako et de Kati, soit leur niveau d’avant subvention. Cependant, les matériaux de construction connaissent une tendance générale à la baisse.
Le ciment qui était vendu à 120 000 FCFA durant le premier trimestre 2021 est cédé aujourd’hui à 90 000 FCFA la tonne soit une baisse de 25%. Les barres de fer à béton de 6, 10 et 12 mm de diamètre qui était vendue à 750 FCFA, 2 150 FCFA et 3 150 FCFA l’unité reviennent respectivement à 600 FCFA, 1 850 FCFA et 2 850 FCFA.