Au cours de la première audience publique de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) sur les atteintes au droit à la liberté, treize victimes se sont exprimées publiquement sur les violations graves des droits de l’homme qu’elles ont subies et les souffrances endurées lors des différentes crises de 1960 à nos jours. Quant à la victime 10 qui est un ancien membre de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (UNEEM) à faire un récit poignant envers le régime militaire de l’ancien Président de la République Moussa Traoré suite à l’arrestation de ses camarades et lui souvent soldé par la mort de certains d’entre eux.
Aux dires de l’ancien membre de l’UNEEM (nous tairons son nom pour le protocole d’accord entre la presse et la CVJR) en face des commissaires de la CVJR, son mouvement déclenche une grève qui est largement suivie sur tout le territoire (1980). Au fil des semaines, le bras de fer engagé entre les scolaires et le gouvernement ne cesse de se durcir. Aux manifestations, émeutes et jets de pierre, le gouvernement répond par les arrestations, les tortures, l’incorporation forcée des élèves dans l’armée et la fermeture des établissements scolaires (du 5 décembre au 14 janvier 1980). La violence de la répression culmine, en mars 1980, avec l’assassinat de leur camarade Abdoul Karim Camara dit Cabral, secrétaire général de l’UNEEM, torturé à mort le 17 mars. « Enrôlé dans l’armée au camp para pour servir la nation, nous sommes torturés et séquestrés dans la main des soldats au quotidien. Au soir d’un 24 décembre 1980, j’ai demandé à un Géneral d’aller assister à la messe de minuit…J’ai failli perdre ma vie et c’est depuis lors mon calvaire à commencer dans la main des soldats. » Nous fulmine l’ancien membre de l’UNEEM.
Après avoir écouté son récit, le Président de la CVJR M Sidibé en voulait savoir s’il était prêt à accepter le pardon à ses bourreaux au nom de la réconciliation nationale tout ce qu’il a subi comme tort. Réponse de la victime « Se réconcilier sans connaitre la vérité, notre génération est la seule à être sacrifiée pour avoir réclamé nos droits d’études, une génération éparpillée de par de monde, aujourd’hui nous sommes des peines perdues… Quant à moi j’ai pardonné. Pour mes camarades de l’UNEEM et la famille de Cabral, tout ce qu’on attend de la CVJR que le Président Moussa Traoré avant qu’il ne meurt qu’il nous dit où est enterré notre camarade Cabral pour que nous puissions enfin faire le deuil. Qu’il ne meurt pas sans nous dire la vérité c’est la seule chose que nous lui réclamons au nom de la réconciliation nationale… Car depuis un certain temps, nous anciens de l’UNEEM avons le sacerdoce et l’obligation d’aider les maliens, le Président IBK et son gouvernement à travers notre devise nationale. »
Bokoum Abdoul Momini/Maliweb.net