Au Mali, le système de gouvernance conçoit presque l’État comme une entreprise privée

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La gestion patrimoniale de l’État au Mali comme  dans la plupart des pays africains crée des frustrations au sein des  populations et les organismes, qui sont chargés des élections politiques, sont souvent inféodés au pouvoir et confisquent la démocratie.

Au Mali, le système de   gouvernance  conçoit presque l’État comme une entreprise privée  et un instrument de lutte pour le contrôle du patrimoine national considéré comme  une source d’enrichissement et de privilèges.

En Afrique, un président de la République, dés son accession au pouvoir,  recrute souvent  dans sa famille et fait appel à  son clan, à son ethnie ou  à ses amis et connaissances, qui vont occuper des postes stratégiques dans la gestion des affaires socio-économiques et politiques. On installe ainsi  un groupe restreint qui prend une place centrale dans la gestion des affaires publiques. Un groupe qui vit généralement  sur le dos de l’État au détriment du bien-être de la population.

Cette gestion clanique, affairiste et ethnico- familiale  de l’État, une appropriation ou  monopolisation exclusive des biens publics par une oligarchie, ou tout simplement  la privatisation de l’État, crée des frustrations au sein de la population. Forcément, des citoyens  vont se sentir lésés dans la redistribution  de la richesse,  des postes ou des fonctions au sein de l’État.  Et le repli identitaire devient inévitable pour les populations  qui vivent dans la précarité et la pauvreté, un chemin facile vers l’intégrisme ou le terrorisme.

D’autre part, les organismes chargés de la gestion électorale, souvent inféodés au pouvoir, au moment de valider ou non les élections politiques, agissent généralement   en fonction de leurs intérêts et ceux  du groupe dirigeant  auquel ils appartiennent en réalité, même si certains se réclament de l’opposition.

L’État du Mali s’appuie généralement, même si ce n’est pas toujours le cas, sur le clientélisme, la loyauté, l’allégeance ou la soumission dans le recrutement du personnel politique.  Le critère de compétence n’est pas toujours une priorité pour devenir membre du gouvernement.

La conquête du pouvoir, comme l’élection présidentielle, se fait généralement  dans le but de contrôler les ressources de l’État, dans la continuité d’une gestion clientéliste  du pouvoir.

Par ailleurs, la plupart des élites maliennes  n’ont pas la notion du bien public et de l’intérêt général. Et elles ont été déstabilisées par “l’irruption de l’argent”. Le Mali a besoin aujourd’hui d’une  élite représentative de la population respectueuse des valeurs sociétales et de la morale publique.

 Moussa DANIOKO

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