Au Mali : La corruption est culturelle

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Dans un entretien avec M. DjJibril Traoré, secrétaire aux relations politiques du bureau national  de CNAS-Faso Here, le 14 septembre dernier, ce dernier nous a fait savoir que dans notre pays, la corruption est culturelle  et non conjoncturelle.

Les propos de notre interlocuteur !

« La corruption est culturelle lorsque suite à une crise économique ou financière les citoyens s’adonnent au détournement du bien public. Mais, au Mali, tel n’est pas le cas. Tous les citoyens ou presque la font volontairement ou involontairement. Cette mauvaise pratique est encrée dans  la vie sociale, politique et religieuse. La corruption est culturelle au Mali.

La conscience sociale au Mali fait que les responsables sont sujets à beaucoup de pressions qui les poussent au détournement. Le cas des  hommes de castes, qui font l’éloge des hommes en les  incitant à se surpasser en matière d’argent.  Même la considération par les siens  d’un membre de la famille malienne dépend de son magnanimité  plus  que de son honnêteté, de sa croyance en Dieu, de son amour  envers son prochain.

Dans la religion la corruption et le favoritisme  sont  manifestés publiquement par des islamistes : lorsque quelqu’un décède dans le quartier, au moment de faire des sacrifices en la mémoire de cette personne, ils demanderont aux parents du défunt si la cérémonie rituelle se fera avec le chapelet ou la lecture du coran. Si c’est le premier, les honoraire sont fixés à 1000FCFA par personne et si c’est le second, chaque lecteur de coran a droit à 5000FCFA. C’est une injustice sociale et une corruption nourrie et entretenue au sein de la religion musulmane au vu et au su de tout le monde à Bamako. Dans ces conditions le défunt du pauvre est privé de ses droits spirituels.   A quoi ont servi  les services rendus  du pauvre à la communauté si les moyens du riche  lui permettent d’acheter les lecteurs de coran. La corruption est encrée dans la vie du malien, elle est devenue culturelle.

Les maliens disent qu’ils n’aiment pas IBK par ce qu’il est trop légaliste, et qu’ATT n’était pas  légaliste. Donc, où se trouve la volonté du peuple malien ?  Toute personne qui aura comme cheval de bataille la lutte contre la corruption ne peut pas diriger le Mali, car tu auras la majorité de la classe politique, les grands magouilleurs à différents niveaux et même ta propre  famille sur ton dos.

Les cadres et responsables politico-administratifs te combattront parce qu’ils sont très nombreux à avoir des dossiers sales en matière de corruption. Et les siens t’accuseront d’être maudit pour  la simple raison que tu ne fais pas ce que les autres ont fait quand ils étaient à ce poste de responsabilité : détourner le bien public et faire un paradis terrestre pour tous les membres de la famille ainsi que les proches. La crise actuelle du Mali n’est ni plus ni moins que  la résultante de la corruption à grande échelle  qui ronge tous les tissus sociaux.  On peut dire que le malien ne défend pas  la vérité, ne condamne non plus le mensonge. C’est toujours le « musalaka », l’hypocrisie.

A cause de cette hypocrisie, le pays est plongé dans cette crise et on ne sait plus sur quel pied il faut danser ».

Propos recueillis par Seydou KONE

 

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