Au détour du Covid 19, l’Hôtel de l’Amitié frappe dur dans son personnel : Plus de 100 employés au chômage sans salaires

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C’est une période des vaches maigres tragiquement vécue par le personnel de l’Hotel de l’Amitié, qui remue ciel et terre, depuis une semaine environ, pour démêler un vicieux écheveau tressé par la Direction générale. L’équation passerait d’ailleurs pour un vilain poisson d’Avril si elle n’avait précédé de quelques heures la date – mais l’histoire est loin d’être invraisemblable. Plus d’une centaine de travailleurs du plus grand complexe hôtelier du Mali sera privée de salaires pendant qu’ils tourneront le pouce pendant une durée encore indéterminée. Telle est la teneur de la surprenante décision par laquelle le directoire de l’hôtel a réagi aux effets de la pandémie du Covid 19. Environ 55% de ses employés sont ainsi impitoyablement voués au chômage technique sans aucune forme de procès : sans  notification individuelle, ni concertation préalable et en violation évidente des rapports employé-employeur tel que définis dans les actes réglementaires en vigueur au Mali. La liste nominative y afférente est tombée, mardi dernier, comme un couperet sur la tête de certains candides qui s’attendaient à un calvaire de trois mois tout au plus, avant de désillusionner. Il nous revient de bonne source, en effet, qu’aucune indication dans ladite mesure draconienne n’en fixe non plus les limites temporelles. Rendue publique dans un premier temps sans signature ni cachet, elle est finalement régularisée et validée au grand dam de pauvres employés peu convaincus par ailleurs des motivations évoquées par leur directoire. La pandémie du Coronavirus est un alibi qui ne tient pas, a confié un travailleur ayant requis l’anonymat, en évoquant dans la foulée une meilleure approche de la même situation dans d’autres structures de la place. Et un autre interlocuteur d’abonder dans le même sens, en mentionnant notamment que même la crise de 2012 n’avait pas entraîné une démarche catastrophique alors que les seules ressources que génèrent les contrats de certains contingents étrangers suffisent pour s’en passer. Allusion est ainsi faite à la bonne trentaine de chambres annuellement réservées par les forces Barkhan à l’Amitié.

De quoi crédibiliser, en tout cas, les soupçons d’une intention longtemps programmée de compresser le personnel pour faire face à la rude concurrence qui prévaut depuis l’avènement de Sheraton sur le marché malien de l’hôtellerie. C’est la raison pour laquelle, estime-t-on, les propositions des travailleurs pour conjurer la crise du Covid 19 ont été toutes balayées d’un revers de main par leur direction générale sans en examiner la pertinence. Leurs alternatives vont notamment de la rotation du personnel au système de travail par roulement, en passant la baisse des salaires, etc. Autant de sacrifices que le personnel était disposé à consentir par solidarité envers l’entreprise qu’ils ont contribué à bâtir pendant plus d’une décennie pour certains. Mais, à la différence d’autres promoteurs hôteliers ayant opté pour une gestion plus sociale de la crise qui frappe le secteur, le directoire de l’Amitié ne veut rien entendre. Il n’a cure non plus que sa mesure puisse affecter les revenus de familles dont les soutiens sont tous employés dans le même hôtel, à en croire des confidences selon lesquelles de nombreux couples seront victimes du chômage technique.

Devant le drame qui s’annonce,  les travailleurs n’ont guère l’intention de croiser les bras. Après avoir relevé des nombreux vices de forme dans la décision – dont la violation de l’article L35 du Code malien du Travail -, les délégués du personnel sont à pied d’œuvre pour y faire échec et défendre les intérêts des employés. Tant sur le front du droit que dans le domaine des négociations avec l’employé puisqu’ils n’écartent pas un traitement à l’amiable d’une crise sociale susceptible d’en rajouter à celle du Coronavirus en brûlant lamaison commune.

A KEÏTA

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