Lors de cette cérémonie funèbre, le président de la République Ibrahim Boubacar Keita a promis d’élever les défunts au rang de Chevaliers de l’Ordre national pour marquer à jamais la reconnaissance de la Patrie
L’émotion régnait en maitre, hier, lors de la cérémonie d’enterrement de trois victimes maliennes de la prise d’otages, tous employés de l’hôtel Radisson Blu. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keita y a participé en compagnie d’un parterre de personnalités parmi lesquelles le Premier ministre Modibo Keita et la quasi totalité des membres du gouvernement, des diplomates, des hommes de culture et d’affaires, de hauts gradés des forces armées et de sécurité. Nombreux sont aussi les anonymes, venus rendre un dernier hommage aux martyrs.
Ces victimes sont des clients et des travailleurs de l’établissement hôtelier, des vigiles et un gendarme. Ils ont trouvé la mort vendredi 20 novembre au cours de la prise d’otages qui a secoué la capitale, menée par des djihadistes à l’hôtel Radisson Blu où séjournaient près de 150 clients. On déplore au moins 20 morts, selon le chef de l’État qui avait du écourter son séjour au Tchad où il participait au Sommet du G5 Sahel. Ibrahim Boubacar Keïta présidera le soir même un conseil des ministres extraordinaire et s’adressera à nos compatriotes avant de visiter le lendemain la scène de crime. Il s’est ensuite rendu au chevet des blessés pour leur apporter réconfort et énergie.
La cérémonie d’hier a débuté un peu après 16 h. Les dépouilles des victimes sont alignées au milieu de la foule écoutant l’oraison funèbre. Le texte exprime avec une sobriété de mots toute la reconnaissance de la Patrie envers ses fils tombés sous les balles d’ennemis de la civilisation. « Des gens sans foi, ni loi qui maitrisent mal l’islam », suffoque un vieillard les deux mains posées sur sa tête.
« Tout ce qui plait à Dieu se fait. Ce qui s’est passé n’a rien à voir avec notre religion, nous prions pour l’âme de nos disparus », a déclaré le chef de l’État juste avant que les corps ne rejoignent leur dernière demeure au cimetière de Hamdallaye. Les pleurs des parents des victimes s’échappent de partout. Le porte-parole du personnel a rendu un dernier hommage à ses collègues. Il s’agit de Hawa Dembélé, femme de chambre depuis 2014 à Radisson Blu puis restauratrice, Abdoulaye Koné qui fit ses premiers pas en 2008 et Assana Tapily qui sert depuis 2003 au sein de l’établissement.
Le promoteur de l’hôtel, Cessé Komé, s’est réjoui des messages de compassion venus du monde entier. Il a remercié le chef de l’État pour sa présence effective aux côtés des parents des victimes et des responsables de la chaine hôtelière. Cessé Komé a annoncé aux familles des disparus que le salaire des employés tués leur sera versé « comme s’ils continuent à travailler». C’est encore lui qui a rendu publique la volonté du président Keita de décorer de la médaille de Chevalier de l’ordre national, les victimes maliennes de cette tragédie.
Avant le retour du cimetière, le prêcheur Soufi Bilal a entretenu la foule des vertus de la paix et de la tolérance que prône l’Islam. « L’Islam, rapporté par notre prophète (PSL), est une religion de paix et de tolérance », a-t-il affirmé. « Ceux qui pensent le contraire noircissent l’image de cette belle religion », conclut-il. « Ne tuez personne, ne combattez personne », a recommandé le Prophète de l’Islam, rapporte le prêcheur.
Pour rappel, le drame a eu lieu depuis 6 jours. Un vendredi noir. Tôt le matin, des hommes armés arrivent devant l’hôtel. Ils ouvrent le feu et prennent d’assaut l’établissement. La prise d’otages qui s’en est suivie a duré plus de 9 heures d’horloge. Le dernier bilan porte le nombre des victimes à 20 personnes, y compris des étrangers. Parmi eux, trois Chinois qui ont également été inhumés à Bamako au même moment (voir article de A. DIARRA).
Cette attaque rappelle tristement celle du 7 août 2015 à Sévaré. Ce jour là, un commando de djihadistes se porte à l’ancien hôtel « Byblos », résidence des expatriés travaillant pour la Minusma, généralement des pilotes et des mécaniciens. Là encore, le bilan fut lourd : 4 de nos soldats, 4 terroristes et cinq contractuels de la mission onusienne y ont perdu la vie.
A. M. CISSE
où est le 5e corps?
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