Dans le cadre du Scp du Biz (la coopération internationale allemande), Eirene s’intéresse à la paix sociale dans la région des grands lacs et du Sahel. Ayant pris conscience du rôle que pourrait jouer le secteur des ressources extractives (Rex) dans la paix et résolution non violente des conflits, la structure allemande envisage d’étendre son intervention sur les trois pays du Sahel qui sont le Niger, le Mali et le Burkina Faso. La pose de la première pierre de ce virage vient d’avoir lieu à Ouaga sous la forme d’un atelier sous régional sur les Industries Extractives au Sahel. Son thème ? « Enjeux pour la paix et le développement local au Sahel ». Cinq jours durant, les cervelles, triés sur le volet, d’une quarantaine d’éléments venus de quarte pays (le Faso, le Niger, la Rfq et le Mali) ont été écrémés à souhait pour récolter de quoi éclairer les décideurs qui vont s’occuper des préparatifs du nouveau virage prévu pour 2014.
Eirene est une structure allemande dédiée à la paix et la non violence comme outils privilégiés pour régler les antagonismes et les conflits d’intérêts entre des acteurs qui, en dernier ressort, n’ont que leurs intérêts en commun. Dans le cadre du programme Scp (Service Civil pour la Paix, Allemagne) du Bmz (Ministère Allemand pour Coopération Economique et le Développement), il met en œuvre des projets et programmes d’impulsion de la paix dans la région des grands lacs, dans le Sahel et au Tchad. Et ce, depuis une dizaine d’année et en articulation avec des partenaires stratégiques locaux (Orfed au Mali, le Gren au Niger, à titre d’exemple). Pour se faire, deux stratégies sont mises en branle : le renforcement des capacités des acteurs (organisationnel, technique, etc.) d’une part, et de l’autre la mise en réseau de leur partenariat.
Il est à noter que les trois pays du Sahel, la région des grands lacs et le Tchad ont eu commun depuis des décennies, des troubles politiques et sociétales qui ont largement, et gravement, perturbé la paix et alimenté la violence dans ces zones. Ils ont aussi eu en commun l’existence et l’exploitation (sous de formes différentes) de Rex (ressources extractives) qui n’ont pas manqué de faire le lit de la violence, et qui conduiront à le faire si rien n’est fait pour créer une dynamique sociétale de prévention de la violence et de culture de la paix.
Echanges, capitalisation et coordination
A cet égard, il aurait été curieux que les décideurs d’Eirene ne prennent pas conscience de ces situations dangereuses et de la nécessité de tenir compte des Rex (ressources extractives) dans leurs actions de création de la paix et d’implantation de la culture de la non violence comme moyen privilégié de régler les différents. C’est donc « convaincu de l’importance des ressources extractives dans la promotion de la paix et du développement local, (qu’) Eirene envisage d’élargir son intervention sur les ressources extractives au Mali et au Burkina Faso à partir de 2014 ». Il est alors nécessaire de connaitre les champs des ressources extractives dans les pays ciblés : acteurs clés, les atouts et les handicaps possibles, les opportunités, etc.
La justification de l’atelier sous régional qui vient de tenir à Ouagadougou-Burkina Faso du lundi 11 au vendredi 15 novembre 2013. C’est pour plancher sur ces questions liées aux Rex, à la paix et la résolution non violente des conflits dans les pays du Sahel pour le développement local, que le programme Eirene a invité à Ouagadougou plus de quarante individus qualifiés dans leurs domaines respectifs. Ils venaient du Niger, du Faso et du Mali, mais aussi de la Rfa. Ils étaient élus locaux dans une zone Rex (un de chaque pays), acteurs de la société civile, miniers (orpaillage traditionnel et semi-industriel), représentants des Etats (ITIE notamment), hommes de communication et des personnes ressources.
L’atelier avait pour objectif la création d’un cadre de capitalisation, d’accumulation et d’échange entre les acteurs évoluant dans le domaine des ressources extractives dans les trois pays afin de renforcer leurs capacités et surtout de préparer le virage de 2014. Le tout dans le but de maximiser leur impact sur la promotion de la paix et du développement dans la zone concernée. Plus spécifiquement, il s’agissait, entre autres, de mieux connaitre le contexte des ressources extractives et les acteurs qui y évoluent, explorer les approches pertinentes possibles et partager les expériences d’accompagnement des operateurs miniers. Et surtout de préparer l’avenir du programme Genovico en mettant en place un système de réseautage) l’attention des acteurs. Il convient de noter entre parenthèse que le Niger est en pointe dans le domaine des Rex, que le Burina Faso est en phase de décollage et que le Mali est en stade intermédiaire.
La semaine ouvrable du 11 au 15 novembre fut une semaine de travail intensif pour les « atelieristes » du Centre d’Accueil Marie Immaculée de Ouaga: plénières, restitutions systématiques, à souhait et à indigestion, travaux de groupe (par pays, par groupe socioprofessionnel), communications individuelles ou en groupe, projection de films, visite de terrains, etc.) le tout arrosé de questions, commentaires et de débats animés.
Prés de 20 recommandations en sont sorti au final et ils serviront de matière première pour la réflexion et la prise de décisions aux « légumes d’en haut ». Il faut souhaiter qu’elles (les recommandations) aideront ceux que cela intéresse à mieux préparer 2014. L’atelier sous régional de la capitale burkinabè, Ouagadougou, sur les ressources extractives et la paix baissait ses stores au moment où, à Kigali (Rwanda), les rideaux se levaient sur une rencontre internationale sur la traçabilité des produits miniers. Un signe du destin qui ouvre la voix pour Eirene ? C’est tout le mal qu’il faut lui souhaiter !
Amadou Tall, envoyé spécial à Ouaga