Assurance Lafia : Un trou béant de 3,8 milliards

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Passée à loupe des contrôleurs de la Direction nationale du trésor et de la comptabilité publique, la gestion de la société a souffert de graves anomalies, justifiant du coup sa mise sous administration provisoire. Mais, contre toute attente, le DG ne compte pas passer la main.

L’Assurance Lafia a accusé des pertes abyssales consécutives à des erreurs et ou fautes de gestion. En effet, une flopée d’irrégularités combinées à des insuffisances ont précipité la société dans les tréfonds de l’abîme. Des experts ont égrené un long chapelet de griefs au nombre desquels il est loisible de retenir « les actions totales figurant sur les bulletins de souscription supérieures aux actions proposées dans le cadre de l’augmentation du capital social ; les statuts ne sont toujours pas modifiés une année après l’augmentation du capital ; le texte régissant le fonctionnement du fonds social n’est pas disponible. »

L’Assurance Lafia n’est au bout de ses peines. Puisque le rapport produit fait état d’un déficit d’information du président du conseil d’administration (PCA) sur « les mouvements affectant l’actionnariat de la société, l’absence de compte rendu au PCA des missions du DG et de la situation de trésorerie de la société , le non-paiement régulier de quitus fiscal pendant de longues périodes, la non-conformité à la réglementation du contrat de prestation de service passé avec M. Oumar Tangara. »

Le rapport a en outre épinglé une série d’irrégularités allant de l’existence de plusieurs comptes d’augmentation de capital, à des versions papiers signées et cachetées manquantes pour les relevés de comptes courants, ainsi que l’extrait du dépôt à terme de la Banque de développement du Mali (BDM-Sa) en passant par la constitution jugée excessive de dépôt à terme au détriment des comptes courants,  rendue responsable des tensions de trésorerie. L’un dans l’autre, l’ensemble de ces impairs a précipité la société dans un gouffre amer motivant le recours à des avances sur le dépôt à terme ou à des gages.

Bocoum s’accroche bec et ongles à son poste 

Une autre avalanche d’insuffisances financières a perlé la gestion du Directeur général Ousmane Bocoum. Le rapport a mis en évidence l’existence d’un écart de 286.408.681 F CFA entre la valeur réelle des actions souscrites et les sommes versées par les souscripteurs, le motif du prêt de 13 millions de F CFA au fonds social serait vaguement indiqué. S’en suit un enchaînement de sommes non justifiées s’étalant sur plusieurs périodes. Tenez ! Près de 3 milliards de nos francs entre janvier 2018 et le 31 juillet 2019, ensuite près de 900 millions de F CFA entre le 1er août 2019 et le 10 mai de l’année suivante. Faites le calcul ! En tout un peu plus de 3,8 milliards de F CFA manque à l’appel.

Au vu de cette montagne d’irrégularités, d’insuffisances décelées, qui a apporté de l’eau au moulin de la mission d’expertise et d’audit dépêchée par le Tribunal de commerce de Bamako, le Directeur national du trésor et de la comptabilité publique a dégainé des mesures de sauvegarde dont la mise sous administration provisoire de l’Assurance Lafia conformément aux dispositions légales dans le dessein de protéger les intérêts des assurés et bénéficiaires des contrats d’assurance et de capitalisation.

Ousmane Bocoum, Directeur général de la société, aurait dû tirer sa révérence. Bien au contraire, il s’est agrippé à son fauteuil bec et ongles. Le président du conseil d’administration, Amadou Djigué, actionnaire majoritaire de la société, a remué ciel et terre dans l’optique d’installer l’administrateur provisoire désigné par le Tribunal de commerce, en l’occurrence Allasse Togola. En vain. Bocoum est entré dans les caves de la résistance suite à son refus de procéder à la passation de service en dépit de l’injonction d’un huissier commis à cet effet. Une posture qui frise le ridicule et ne l’honore point. En ce monde blasé où plus rien n’étonne trop de déconvenues ont la vie dure.

Georges François Traoré

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