Associations et Clubs de soutien aux personnalités : Les mangeoires des opportunistes

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Parmi les centaines d’associations de tous genres, enregistrées au Mali, celles dont l’objectif premier est de manifester « le soutien de ses membres » à l’endroit des personnalités de la scène socio-politique et économique de notre pays, se multiplient à une vitesse vertigineuse. Le domaine s’étant avéré source d’argent facile et de trafic d’influence.

L’opinion publique s’est familiarisée avec les associations de soutien aux présidents de la République.

Mais la tendance actuelle au Mali est à l’érection de nombreuses structures du genre, pour le soutien d’un député, d’un maire, d’un conseiller municipal, d’un opérateur économique, d’un simple cadre aux poches ou comptes bien garnis.

En effet, la création des associations de soutien aux personnalités est, semble-t-il, actuellement, un phénomène de mode, mais aussi et surtout d’enrichissement illicite, une voie par excellence pour avoir de l’argent facile.

Le mode opératoire de la chose est tout simple : un groupuscule de jeunes désoeuvrés du quartier se concerte et ébauche l’idée de créer une association ou une Organisation non gouvernementale. Appuyé par un cadre ou toute autre personne ressource, ils tapent à la porte de cet homme politique, qui rêve lui, de briguer un siège de député ou de conseiller municipal… Et le tour est joué ! Une association de soutien à X est montée de toutes pièces.

L’avantage de cette association est, non seulement d’occuper les jeunes à organiser quelques réunions, mais aussi créer une sorte de popularité, trop fictive pour notre futur député, maire ou même futur président.

Selon nos enquêtes, cette popularité apparente crée une sorte de “cocon d’impunité”, ou en tout cas, un effet de dissuasion autour de ces “personnalités”.

L’équation est toute simple : si la personnalité en question a un background susceptible de poursuite judiciaire, (par exemple dans le cadre de la lutte contre la corruption), l’autorité judiciaire sera bien émoussée dans son ardeur à diligenter vigoureusement l’action publique contre une “personnalité” « qui a des… milliers de jeunes derrière lui ou qui est candidat à tel ou tel poste électif, avec toute une association de soutien comme base socio-politique ».

On murmure qu’à Bamako, certains acteurs socio-politiques ont trouvé dans cette stratégie des associations de soutien, une nouvelle forme d’immunité.

En effet, on sait comment hautes hautes autorités se préoccupent de la préservation de la paix sociale dans notre pays. Ainsi, l’on présume que, pour interpeller cette personnalité, si bien “soutenue” par “son” association, la chose pourrait être source d’échauffourées ou en tout cas de menaces à la paix sociale. C’est aussi de cette façon que la lutte contre la corruption et la bonne gouvernance a du plomb dans les ails.

Des “associations” à but lucratif ?

Par définition, la loi du 1er juillet 1901 (qui est le texte fondateur des associations) dit expressément que « l’association est un groupement de personnes réunies dans un dessein commun, non lucratif ».

Toutefois, ce qu’on remarque avec la plupart de ces associations et fans clubs, c’est que leurs principaux responsables font des pieds et des mains pour se remplir les poches ; soit en s’accrochant aux poches de leurs mentors, soit en menant de véritables opérations de charme à l’endroit de certaines sociétés de la place, en vue de bénéficier de… “Financements”.

Au jour d’aujourd’hui, combien d’associations sont créées de toutes pièces de cette façon, juste pour permettre à ses premiers dirigeants de se remplir les poches, avant de s’éclipser dans la nature ? Nul ne le sait. Certaines de ces associations “évoluent” quelquefois vers une mue atypique : se transformer en une ONG (ou même en un GIE).

Conscients du fait que, de plus en plus, les bailleurs de fonds occidentaux orientent leurs aides  directement vers la société civile, certains intellectuels au Mali n’hésitent pas un seul instant à … tenter le coup. Ne dit-on pas que l’audace est payante ?

Ainsi, ayant créé une “association” qui a peiné à « avoir du succès », le cadre retraité, l’étudiant “cartouchard”, le jeune diplômé sans emploi, (la liste n’est pas exhaustive), tentent rapidement l’expérience de faire muer leur “machin associatif” en “Organisation Non Gouvernementale” (ONG). Ce qui sonne plus diplomatique, dit-on.

Les formalités rapidement remplies, ce désormais “haut cadre de la société civile” peut, avec la chance mais aussi les relations, arriver à participer à tel ou tel séminaire, ou même à un colloque international. Avec, à la clé, des perdiems, la prise en charge de voyages, hébergement, etc. Avec un peu plus de zèle, de bagout, ajouté à une dose d’activisme politique, notre responsable d’ONG impliquée dans la lutte contre le Sida, la lutte contre la désertification, la promotion de la bonne gouvernance et la démocratie, etc, peut s’en sortir, en un temps record, avec un financement pour… “mener ses activités”.

C’est de cette façon que des escrocs à col blanc pullulent aujourd’hui dans le secteur des projets dont l’exécution est confiée en partie ou totalement à certaines de ces “associations-ONG”.

Les responsables de ces structures, brandissent souvent, leur implication dans la lutte contre la pauvreté, par le fait que leurs organisations ont créé tel nombre d’emplois, réalisé tel ou tel bilan à travers par exemple un puits, une école à trois classes, la distribution de préservatifs dans un centre de santé, etc.

Mais, à y voir de près, la plupart de ces ONGs sont des nids de la mauvaise gouvernance. Et, le plus souvent, les “employés” ou les membres de ces structures ne sont autres que quelques parents du “promoteur”, prêts à tout pour en devenir des… “Protecteurs”.

Malick Camara

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