Assises nationales de la refondation : Le défi financier n’est pas négligeable

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Pour refonder l’Etat malien, dans le contexte actuel, les autorités de la transition auront besoin de moyens financiers conséquents. Ce qui n’est pas gagné d’avance, en ces temps de suspension des aides budgétaires.

Après les phases communales, locales et régionales, les assises de la refondation passent à leur étape nationale cette semaine. Ce forum va discuter autour de treize thématiques devant conduire à poser les jalons d’un nouveau Mali. Sans oublier que les délégués au niveau communal, local et régional avaient déjà suffisamment déblayé le terrain pour l’adoption de réformes profondes dans divers secteurs de la vie nationale.

Parmi les pistes de réformes déjà ébauchées, l’on parle de la nécessité de relire la Constitution du 25 février 1992, la relecture de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, la création de plusieurs structures politico-administratives en vue d’améliorer le fonctionnement institutionnel du pays, tant au plan gouvernance politique qu’économique.

Toutes ces innovations, comme par exemple, la création de l’Autorité indépendante de gestion des élections (AIGE) auront un coût. Il s’agira du budget de mise en place et de fonctionnement des composantes de cette nouvelle architecture institutionnelle du nouveau Mali. Sans compter que la tenue de toutes ces phases du forum devant enclencher la refondation a déjà un budget de près de milliards F C FA.

Or, l’Etat malien a aujourd’hui des difficultés de trésorerie, suite à la suspension de la coopération par plusieurs organisations et Etats partenaires. Ce qui a même conduit les autorités de la Transition à créer un compte spécial sollicitant une assistance populaire de « soutien à la transition ». Et, il semble que ce compte peine à susciter l’engouement requis, car les populations elles-mêmes sont confrontées à une tension de trésorerie sans précédent.

En effet, la crise sanitaire de la covid-19, la mauvaise saison agricole ayant engendré une crise alimentaire, la crise sécuritaire ont tous impacté négativement sur la croissance économique du pays. Conséquence : l’argent se fait rare et les ménages tirent le diable par la queue. Sans oublier que la dette intérieure de l’Etat prend l’ascenseur ! Les opérateurs économiques grimacent face à l’Etat qui leur doit de l’argent et n’est pas en mesure de payer dans des délais raisonnables. Comment ces agents moteurs de l’économie peuvent-ils contribuer à soutenir financièrement la Transition ? Comment les réformes envisagées pourront-elles être mises en œuvre, faute de moyens financiers à hauteur de souhait ?

Par ailleurs, comment l’Etat peut se faire appuyer par des partenaires quand les autorités ne soufflent pas dans la même trompette avec ceux-ci quant à la gestion de la transition ? Comment susciter la solidarité financière internationale quand le discours politique de Bamako ne cesse d’embarrasser ses amis de la CEDEAO, de l’Union Africaine et de l’Union Européenne ? C’est dire donc que le chantier des réformes en vue de refonder l’Etat malien a de gros défis devant lui.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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