Assises nationales de la refondation : Des graines de l’espérance semées pour la renaissance du Mali

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Contrairement aux opposants à cette initiative, les Assises nationales de la refondation ne semblent pas avoir été un forum de trop. Les recommandations qui en ont résulté démontrent que les participants ont procédé à un diagnostic encore plus profond et sans complexe ni complaisance des maux de la République et de la nation afin de mieux baliser le chemin de la renaissance (politique, économique, social, culturelle…) du Mali. Même si ceux qui ont opté pour la politique de la chaise vide continuent à s’agiter dans le sens du vent soufflé par la CEDEAO et la communauté internationale.

 

«Se retrouver dans la vérité et la sincérité autour des problèmes cruciaux qui conditionnent la survie de la nation» ! C’est ainsi que le Colonel Assimi Goïta concevait les Assises nationales de la refondation (ANR). Elles ont été initiées par la prise de conscience de la réalité que «changer le Mali nécessite une transformation fondamentale des mentalités et des comportements». Au finish, en témoignent les recommandations et le rapport général, ces ANR ont permis de baliser avec objectivité et clairvoyance la voie de la renaissance du Mali.

Les recommandations résument essentiellement les aspirations des Maliens sur le devenir de leur pays. Elles sont naturellement relatives aux questions politiques et institutionnelles. Ainsi, les participants ont recommandé la réduction du nombre de partis politiques par l’application de conditions restrictives de création et de financement ; la relecture de la Charte des partis politiques avec une réaffirmation du statut de chef de file de l’Opposition ; la fin du nomadisme politique en cours de mandat ; la révision de la constitution ; la réduction du nombre d’institutions de la République dans la future constitution ; la révision des compétences de la Cour constitutionnelle en matière électorale et l’ouverture de sa saisine aux citoyens ; la mise en place d’un Sénat et d’une Cour des comptes ; la recomposition du Conseil national de la Transition (CNT) conformément à la Charte de la Transition…

Le maintien de la forme de l’Etat unitaire, républicain décentralisé, laïc, démocratique et social ; la relecture de la loi électorale ; la mise en place d’un organe unique indépendant de gestion des élections (OUIGE); l’instauration du mode de scrutin proportionnel pour les législatives ; l’organisation des élections municipales avant les législatives et la présidentielle ; la participation des Maliens établis à l’extérieur aux législatives… sont, entre autres, recommandations faites par les 1 600 participants aux ANR.

 

Peu importe la durée de la transition, pourvu que les prochaines élections soient crédibles et transparentes

N’empêche que pour de nombreux observateurs, la question de la durée de la transition n’a pas été clairement tranchée, même si les participants ont majoritairement reconnu l’impossibilité du respect de délai initial de la transition qui est de 18 mois à partir du 15 septembre 2020. Les propositions vont d’une prolongation de 6 mois à 5 ans afin «d’organiser les élections crédibles». Les participants ont notamment estimé qu’il fallait donner du temps aux autorités pour réaliser les réformes institutionnelles structurantes afin de créer les conditions d’élections crédibles, équitables et transparentes. On retient surtout des débats en ateliers et en plénière que les Maliens tiennent à la démocratie et souhaitent «une rupture avec les pratiques anciennes à travers des réformes».

Il a été aussi formulé des recommandations pertinentes sur les questions de défense, de la sécurité, de la souveraineté, de la lutte contre le terrorisme, la géostratégie et la géopolitique. Les participants ont souhaité la poursuite de la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire par la mise en place d’un système informatique pour assurer la maîtrise des effectifs et des moyens mis à la disposition des Forces de défense et de sécurité ; la poursuite de l’équipement des Forces armées maliennes (FAMa) ; l’accroissement de la formation spécialisée de nos forces de défense et de sécurité (FDS) en fonction des menaces asymétriques ; l’implantation de nouveaux camps aux effectifs conséquents en fonction de la nouvelle carte sécuritaire et stratégique du pays et surtout de la géographie des menaces ; le développement de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté du Mali ; la dissolution de toutes les milices pour reverser leur effectif dans l’armée régulière ; le recrutement dans tous les villages situés dans les zones d’insécurité ; l’instauration du service militaire obligatoire à partir de 20 ans ; le déploiement des officiers supérieurs sur le terrain et non dans les ministères ; la construction de logements sociaux pour les militaires…

 

Une justice indépendante pour un Mali Kura

Le respect de l’indépendance de la justice par une séparation réelle des pouvoirs ; sa dépolitisation et la mise en place de juges des libertés et de la détention sont, entre autres, recommandations formulées pour le renouveau de la justice. Pour ce qui est de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, les participants ont demandé de regrouper des services de contrôle judiciaire (OCLEI, Vérificateur général, Contrôle général des services publics…) en une seule structure ; de rendre imprescriptibles les infractions en matière de délinquance financière et d’œuvrer à l’effectivité de la médiation pénale pour désengorger les maisons d’arrêt.

Par rapport aux médias, l’une des recommandations est la règlementation du secteur en fonction des nouveaux canaux de communication, tout en préservant la liberté d’expression. Les participants ont aussi vivement recommandé l’accélération du rapatriement de nos œuvres d’art et la redéfinition de nos valeurs culturelles en fonction de la Charte de Kouroukan Fouga ou «Charte du Manden».

La croissance économique, selon eux, nécessite également la mise en place d’un plan d’investissement pour la transformation agroindustrielle de toutes nos matières premières et des produits agricoles, en particulier. Pour un développement durable, les délégués ont demandé de faire du secteur agricole, une priorité nationale. Ils ont aussi recommandé la construction d’une raffinerie nationale pour contrôler la production d’or du Mali ainsi que l’audit de tous les permis miniers.

Le rapport général compile les recommandations phares, mais «toutes les propositions faites constitueront une base de données qui sera mise à la disposition du Comité de suivi et d’évaluation», a informé Zeïni Moulaye, président du Panel des hautes personnalités des ANR. «Ce comité pourra y puiser au besoin, durant les 25 années que prendra le processus de refondation», a-t-il indiqué.

Dans son discours de clôture, le Colonel Assimi Goïta a déclaré que ce «30 décembre 2021 restera gravé dans les mémoires» car «les préoccupations soulevées traduisent la suffisance du désir de changement des Maliens». C’est pourquoi il a aussi invité ceux qui n’ont pas pris part aux ANR à se joindre à un Mali nouveau.

Naby

 

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