Après 18 heures d’audience houleux, les Policiers Mahamadou Youba Diarra, Siméon Keita, Drissa Samaké dit Roger, Fodé Samba Diallo dit Jet Lee, Yaya Niambélé, Hamidou Togola et Souleymane Cheick Fissourou ont été fixés sur leur sort par la Cour d’Appel de Bamako, à l’issue de son audience du vendredi dernier, une audience marathon qui s’est poursuivie jusqu’au samedi 28 novembre aux environs de 7 heures du matin.
Rappelons qu’ils avaient été respectivement accusés de meurtre, vol qualifié, atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, coups et blessures volontaires (CBV) et voies de fait, association de malfaiteurs, forfaiture, troubles graves à l’ordre public, détention illégale d’armes de guerre et complicité.
Les faits remontent au 6 avril 2013, quand Mahamadou Youba fut accusé de meurtre sur la personne de Daouda Adjawiakoye. C’était lors d’une mission de désarmement effectuée par les forces armées et de sécurité dans la famille de Mahamadou Youba au camp du Groupement Mobile et de Sécurité (GMS).
A la barre, l’accusé n’a pas reconnu les faits. Il a affirmé avoir été réveillé à 5 heures du matin par les forces armées qui, à l’aide de pistolets-mitrailleurs, ont, en premier lieu, tiré des coups de feu sur sa fenêtre et sur sa porte. Lui aussi, à son tour, il a tiré 2 coups de sommation en l’air. Et c’était suite à des tirs nourris, échangés des deux côtés, que le nommé Daouda fut criblé de balles.
Il ressort du document que le juge d’instruction, Yaya Karembé, s’était transporté sur les lieux et avait constaté que des tirs provenant de l’extérieur ont perforé la porte et la fenêtre de Mahamadou Youba.
Siméon Keita, accusé de complicité de meurtre commis par Mahamadou Youba, d’association de malfaiteur, d’atteinte à la Sureté Intérieure de l’Etat, soustraction de véhicules…n’a pas non plus reconnu les faits qui lui sont reprochés.
Les nommés Sékou Maiga, Drissa Samaké, Fodé Samba Diallo et Yaya Niambelé avaient été accusés de coups et blessures volontaires, de troubles graves à l’ordre public, de détention illégale d’armes de guerre. Ils ont tous nié les faits qui leur sont reprochés
Quant à Hamidou Togola et Souleymane Cheick Fissourou, ils sont accusés de forfaiture, de troubles graves à l’ordre public, association de malfaiteurs… Ceux-ci, à leur tour, ont tous nié les faits.
Le ministère public, représenté par Sékou Sogoba, dans son réquisitoire introductif, a d’abord salué la démarche de Hamidou Togola dans cette affaire au niveau du GMS où il y avait la présence de différents syndicats de police qui luttaient pour des nominations décrétées à l’époque par le président de la République par intérim, le professeur Dioncounda Traoré.
Il a engagé la responsabilité de Mahamadou Youba au motif qu’il était convaincu, aux regards des témoignages, qu’il a tiré sur le soldat Daouda Adjawiakoye. Pour ce cas, a-t-il déclaré, il n’y a pas de doute.
Pour le cas de Siméon Keita, a-t-il soutenu, on ne peut pas objectivement lui reprocher la complicité de meurtre, mais l’extorsion de véhicules.
Et pour les autres cas, a-t-il poursuivi, les preuves sont insuffisantes pour pouvoir établir leur culpabilité.
Les avocats de la défense, à savoir Maîtres Tiéssoro Konaré, Mariam Diawara, Issaka Coulibaly, Abdrahamane Diallo, Saloum Tabouré, Drabo n’ont ménagé aucun effort pour la défense des accusés. Ils ont vraiment dit le droit afin d’abaisser le taux de leurs peines, suite à des circonstances atténuantes qu’ils ont toujours demandé aux juges.
Après avoir longuement examiné les différents faits reprochés aux accusés, la Cour a jugé Mahamadou Youba coupable des autres faits qui lui sont reprochés, à l’exception de ceux relatifs à l’association de malfaiteurs. Elle a reproché à Siméon Keita d’avoir soustrait des véhicules et détenu des armes de guerre.
Fodé Samba Diallo, Yaya Niambelé, Souleymane Cheick et Sékou Maiga ont été maintenus dans les liens de l’accusation s’agissant des coups et blessures volontaires avec l’octroi des circonstances atténuantes, tandis qu’elle a blanchi Hamidou Togola et Drissa Samaké.
Malgré la pugnacité des avocats de la défense, la Cour, présidée par Kama Fily Dembélé, a condamné Mahamadou Youba Diarra à 5 ans de prison dont 3 ans avec sursis. Elle a condamné, en plus, Siméon Keita à 3 ans de prison ferme, tandis que Sékou Maiga, Fodé Samba Diallo dit Jet Lee, Yaya Niambelé et Souleymane Cheick Fissourou ont été condamnés, chacun, à 18 mois de prison avec sursis. Quant à Drissa Samaké et Hamidou Togola, ils ont été purement et simplement acquittés.
Adama Bamba