Assemblée nationale : Urgence humanitaire

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La première plénière depuis le retour à la légalité constitutionnelle a eu lieu vendredi autour d’une résolution sur l’urgence d’une assistance humanitaire suite à la situation de guerre que vit notre pays. Ainsi à l’unanimité des 130 présents, les députés ont adopté ce texte qui souligne l’urgence absolue d’une assistance humanitaire pour une grande partie de notre pays.
La résolution rappelle que depuis le 17 janvier, date de la première attaques à Ménaka, notre pays est plongé dans une situation inédite qui a abouti à l’occupation par les rebelles du MNLA, d’Ançar Dine, d’AQMI et d’autres groupes des 2/3 du territoire national.
Les populations des zones occupées connaissent des heures difficiles faisant planer la menace d’un désastre humanitaire de grande échelle.
Déjà, de nombreuses personnes ont perdu la vie, les blessés et les déplacés se comptent par milliers, le pillage des hôpitaux, des centres de santé, des pharmacies, des stocks de sécurité alimentaire causent des dommages à ceux qui sont sur place.
A tout cela, il faut ajouter le viol collectif des femmes et des jeunes filles, les nombreux braquages de personnes, le saccage des propriétés, l’application de la Charia, l’impossibilité de se soigner et d’aller à l’école et le départ précipité des ONG. Sans oublier que le pays connaissait déjà une insécurité alimentaire du fait du mauvais déroulement de l’hivernage.
Le texte salue le geste de la CEDEAO de mettre à la disposition du Mali des fonds d’assistance humanitaire et la diligence du président en exercice Alassane Dramane Ouattara.
Les élus lancent un appel à l’opinion internationale pour la mise en œuvre d’un vaste programme d’assistance humanitaire.
Au plan mobilisation générale des ressources en faveur des populations des zones occupées ainsi que des populations déplacées.
L’Assemblée nationale demande l’ouverture sans délai d’un corridor humanitaire à destination des régions occupées, le retour des ONG et organisations humanitaires et l’arrêt des violences ».
Il est demandé aux pouvoirs publics de tout mettre en œuvre pour soulager les souffrances de toutes les victimes. Enfin l’Assemblée nationale charge son président de transmettre cette résolution au président de la République par intérim.

Kidal
Le chaos
Des habitants de Kidal signalent aussi la présence à Kidal du chef du groupe armé Ançar-dine. Iyad Ag Ghaly refait surface dans les rues de la capitale des Ifoghas après quelques jours d’absence. Son retour est marqué par l’annonce à travers des affiches de « l’application immédiate de la charia ».
Cette décision, selon certains habitants de Kidal, est fortement contestée par les responsables locaux du MNLA, qui entendent faire revenir Iyad à la raison afin d’éviter toute confrontation. Le MNLA n’écarte pas l’utilisation de la force au cas où les discussions ne permettront pas d’accorder les violons avec Ançar-dine.
Mais, il se trouve qu’Iyad et ses alliés sont plus nombreux et mieux armés que le MNLA à Kidal où les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles. « Ça fait trois jours qu’il y a des coupures intempestives d’électricité tandis que la desserte d’eau de robinet est fortement perturbée », explique un civil qui s’est résigné à rester, faute de moyens de transport et d’argent pour quitter la ville. Les responsables en charge de l’eau et l’électricité expliquent que les perturbations sont dues à la situation chaotique qui règne dans la ville depuis son occupation par les groupes armés.

Niafunké
La vie s’organise malgré l’occupation
En l’absence d’autorités, les notabilités de la ville de Niafunké tentent de gérer les problèmes quotidiens que la population rencontre. Elles ont compris qu’en l’état actuel des choses, il s’avérait utile de discuter avec les responsables du MNLA qui occupe la ville afin d’éviter le pire.
Ce sont les locaux de la radio Issa Ber qui servent de point de rencontre pour les notables. Une interview accordée à cette radio par un responsable MNLA répondant au nom de Aboubacrine Ag a été le point de départ des contacts avec les rebelles. Comme les animateurs de la radio lui demandaient la raison de la présence des hommes du MNLA dans la ville et les motifs des pillages perpétrés dans les bureaux des administrations publiques, il répondra : « Nous sommes des combattants du MNLA et nous voulons l’indépendance de l’Azawad.
Les biens publics nous reviennent et nous en faisons ce que nous voulons mais nous n’encourageons pas la population à passer après nous pour saboter le reste. Quant à votre radio, elle peut émettre à condition qu’elle ne joue pas la musique du sud et ne parle pas le bambara… »
Après cet entretien réalisé en langue nationale sonrhaï, le même responsable rencontrera le même jour l’mam de Niafunké pour faire passer les mêmes messages et assurer de la volonté des rebelles de collaborer avec les responsables de la ville.
Depuis, l’imam et la radio Issa Ber invitent régulièrement les chefs de quartier (15 au total) pour qu’ils se rencontrent en vue de discuter des dispositions à prendre pour faire face aux urgences.
Les 15 chefs de quartier ont installé un comité restreint de crise composé d’Ousmane Gatta (frère du chef de village et chef du service du développement social), Samba Amiri Hardan (chef du quartier de Hardan), Hamidou Traoré (chef du quartier Djoulabougou), Cheick Maïga (directeur de la Radio Issa Ber), Oumar Traoré (président de la coordination locale des jeunes), Mme Ascofaré Kadidia Touré (présidente de l’antenne locale de la Coordination des associations et organisation féminines, CAFA).

Bassiriki Touré
Un grand défenseur des langues nationales s’en est allé
Bassiriki Touré qui nous a quitté le 9 avril dernier à l’âge de 68 ans, a été un grand défenseur des langues nationales.
Après des études à l’Ecole normale secondaire du Mali, il a intégré la Fonction publique en 1965 en qualité de maire du second cycle, chargé du français, de l’histoire et de la géographie.
Il enseigne ainsi une décennie avant de partir pour des études supérieurs à l’Université de l’amitié des peuples Patrice Lumumba en ex-URSS (1975-1981) où il passe une maitrise en philologie, spécialité : linguistique. Parallèlement, Bassiriki Touré est speaker en langue bamanan à Radio Moscou. A son retour au pays en 1984, il intègre la famille de la communication.
Bassiriki Touré sera tour à tour rédacteur en chef du journal Kibaru, chef de la division « presse communautaire » de l’Agence malienne de presse et de publicité (AMAP) de mars 1992 à mars 1994.
Le personnel de la presse communautaire et le monde de la communication qui pleurent aujourd’hui Bassiriki Touré, conserve de lui l’image d’un homme de commerce facile, très ouvert, prêt à partager son expérience avec tous ses collaborateurs. Il a aussi contribué à la formation de nombreux Maliens et étrangers aux règles de transcription du bamanankan. Chevalier de l’Ordre national, Bassiriki Touré a exercé aussi les fonctions de chef de cabinet au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de 2002 à 2004. En janvier 2007, il fait valoir ses droits à la retraite tout en continuant à collaborer à certains journaux de la place et à former en bamananka.

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