A la veille d’une assemblée générale élective prévue le 4 juin 2022, le torchon brûle visiblement entre les membres fondateurs de l’Association pour l’appui au développement de Badogo (AADB créée le 17 juin 1993 à Bamako) et l’équipe dirigeante en place depuis 2002. La création d’un groupe WhatsApp a exacerbé la tension déjà palpable.
Aux responsables actuels de l’AADB, il est reproché de ne pas associer les autres depuis un bon moment en faisant de cette association des ressortissants de Badogo (une localité du cercle de Yanfolila à la frontière avec la Côte d’Ivoire et la République de Guinée) leur chasse gardée. Autrement, les pères fondateurs se sentent exclus de la vie de cette association alors qu’ils auraient pu conseiller leurs enfants à qui ils ont cédé la gestion en 2002.
«J’ai créé l’AADB avec Sékou Koné qui est le président d’honneur et dont l’appui financier a été déterminant dans le démarrage de nos activités. Tout comme feu Mamadou Konaté qui m’a beaucoup aidé dans les démarches administratives. Souleymane Diabaté, NFaly Sidibé de l’ORTM, feu Lassana Diabaté chez qui se sont tenues les premières réunions, Mme Salimata Sidibé et son époux Bakary Diakité ainsi que feu Ladji Diakité ont également beaucoup aidé l’association à faire ses premiers pas et à poser les premiers actes de développement de Badogo», souligne M. Issa Moussa Sidibé, porte-parole des pères fondateurs. Enseignant aujourd’hui à la retraite, il a été le premier secrétaire général de l’AADB qu’il a dirigée pendant 7 ans avant de passer la main à son neveu Yacouba Sidibé.
A son actif, la construction d’un second cycle de 6 classes et celle d’un Centre communautaire de santé (CSCOM). «C’est en partie grâce à l’ancien ministre Adama Samassékou que nous avons pu avoir le second cycle dont l’inauguration a donné lieu à une grande fête avec la présence des préfets ivoiriens et guinéens aux côtés des autorités administrative, politiques et scolaires de Yanfolila…», se souvient M. Issa Sidibé. Et d’ajouter, «mon vœu en tant qu’enseignant venait de se réaliser dans mon village».
Et la réalisation du centre de santé a été non seulement bien accueillie par les populations de Badogo, mais aussi par celles des localités voisines en Côte d’Ivoire et en Guinée qui y viennent pour différentes consultations. C’est donc forts de ces acquis que les pères fondateurs ont passé le relais à la nouvelle génération qui dirige l’association depuis 20 ans avec un bilan qui ne satisfait pas tout le monde.
«Nous ne savons pas ce qu’il va présenter comme bilan car, pendant 20 ans, il n’a posé aucun acte pour le développement du village», déplore Issa Sidibé. Et à son avis, cette situation est liée au fait que, au lieu de s’approcher des doyens pour bénéficier des conseils avisés, les jeunes ont pris leur distance. Et la création du groupe WhatsApp a été la goûte d’eau qui fait déborder le vase.
Certes, Issa Moussa Sidibé et ses camarades ne contestent pas le fait que «cet nouvel outil moderne et pratique favorisera la communication, la solidarité, la cohésion, l’entraide, la complémentarité pour mieux agir ensemble». Mais, ils pensent que l’usage qui en est fait vise à les exclure définitivement de la vie de l’AADB. «Ils veulent limiter toute la politique de communication et d’information de notre association à ce groupe. Ce qui n’est pas pratique pour notre génération qui peut légitimement se sentir exclue de la vie de l’association. Nous aurions pu avaler la pilule si les actes posés allaient réellement dans le sens du développement de notre village voire de notre contrée. Ce qui est loin d’être le cas. D’où la nécessité de profiter de l’assemblée générale d’insuffler une nouvelle dynamique à l’AADB», annonce le porte-parole du groupe des fondateurs. En tout cas, dans l’intérêt de Badogo, il serait judicieux que le consensus l’emporte pour que le nouveau bureau puisse réellement combler les attentes !
Kader Toé