Le président du Haut conseil islamique du Mali, Ousmane Cherif Madani Haidara, s’est prononcé lors d’une cérémonie de prêche, sur les résultats définitifs contestés de la Cour constitutionnelle. Il appelle les autorités à inviter les neuf sages à revenir sur leur arrêt pour voir s’il contient une « erreur » afin de respecter le vote des Maliens.
Le Mali brûle depuis la proclamation des résultats controversés du second tour des législatives par la Cour constitutionnelle. Kati, Sikasso, Bougouni, Commune I, V et VI du district de Bamako, des milliers de citoyens protestent contre l’arrêt « politique » de la Cour constitutionnelle. Par erreur de calcul ou par mauvaise volonté des « sages » de la cour, certains candidats ont été éliminés au profit d’autres. Même si le régime IBK tente de minimiser cette colère populaire, plusieurs personnalités maliennes se sont prononcées sur le sujet et ont demandé à ce que la Cour de Manassa respecte les résultats des urnes. Le président du Haut conseil islamique en fait partie.
Selon le chérif de Banconi, il y a eu trop de plaignants lors de ces législatives. Il estime que l’injustice ne doit pas être encouragée. Pour lui, dans de pareilles situations, « les Juges devaient appeler les deux camps. Chacun des deux doit parler avec des preuves qu’il a à sa disposition. C’est suite à cela que les juges sauront trancher ». Haidara donne une leçon de morale à Manassa : « Il faut que le tribunal fasse attention : donner tort à celui qui a raison peut tuer quelqu’un ». Il a ensuite précisé que « la décision de la cour constitutionnelle n’est pas celle de Dieu ». Pour le guide spirituel des ançardines, les plus hautes autorités ne doivent pas accepter à ce que le pays brûle à cause des problèmes auxquels on peut avoir des solutions. `
Si la Cour constitutionnelle du Mali se croit un Dieu sur terre, elle ne l’est pas pour le chérif de Banconi. Pour lui, l’arrêt de la Cour, une fois qu’elle contient une erreur comme avancent les contestateurs des résultats des législatives, doit être corrigé. « Si la Cour constitutionnelle s’est trompée, il faut que les autorités le lui disent. Son arrêt n’est pas le coran, il doit être corrigé s’il contient une erreur », a-t-il martelé avant d’ajouter : « Si la Cour dit ne pas se tromper, il faut que les autorités appellent les deux camps : les mécontents et les victorieux dont les résultats sont contestés, qu’elles cherchent à savoir la vérité à travers des preuves. Et s’il s’avère que la cour s’est trompée, il faut changer son verdict et opter pour celui de Dieu, la vérité. Mais si cette cour est sûre de sa version des faits, qu’elle prouve aux Maliens, à travers des preuves, que les plaignants ont réellement perdu »
Ousmane Cherif Haidara estime que les victimes doivent être remises dans leur droit pour sauver le pays. « Il faut que les victimes de l’injustice, s’il y en a, soient mises dans leur droit », a-t-il plaidé. Il a précisé qu’ils ne sont pas des hommes politiques, mais qu’ils ne laisseront jamais ce pays se détruire pour une cause politique.
Il a enfin demandé la clémence des victimes des résultats de la Cour constitutionnelle.
Les mesures proposées
Les contestations des résultats à la fin de chaque élection sont dues à la faiblesse des textes maliens. C’est en tout cas la lecture faite par le président du Haut conseil islamique du Mali. Pour lui, pour éviter ces contestations, la classe politique, la majorité et l’opposition, doit revoir la loi électorale malienne. Elle doit, selon Haidara, faire en sorte qu’il y ait plus de transparence, qu’il n’y ait pas d’abus de pouvoir par qui que ce soit. « Les textes concernant les élections doivent être élaborés par tous les camps afin que tous aient la même chance », a-t-il dit.
IBK inaccessible depuis un mois
Cette sortie a été l’occasion pour le guide Ousmane Madani Haidara de déplorer l’inaccessibilité du président de la République. Selon lui, beaucoup de Maliens approchent le haut conseil islamique pour demander son implication auprès du président de la République par rapport à certains sujets d’intérêt national. Mais le boss de Sebenicoro est rarement visible. « Je ne vois pas les autorités du Mali. Des ressortissants du nord sont venus se plaindre d’une situation chez moi afin que nous passions le message aux plus hautes autorités du pays. Mais ça vaut un mois, nous n’arrivons pas à rencontrer le président de la République. C’est pourtant pour un problème national. Nous n’avons donc aucun pouvoir. Il faut que les populations comprennent cela », a laissé entendre le guide spirituel des ançars.
Boureima Guindo