Il s’agit d’Abou Konaté, né à Kangaba, marié et père de 8 enfants ; Seydou Camara, né à Kéniéro (Kangaba), marié et père de 2 enfants ;Balla Kanté né à Kangaba, chasseur et père de 12 enfants ;Daouda Keita, né à Kangaba, marié et père de 13 enfants ;Nama Keita de Kangaba, marié et père de 10 enfants ; et Djigui Camara de Bancoumana (Siby), chasseur et père de 4 enfants, tous poursuivis et condamnés pour « arrestation illégale, séquestration de personnes, association de malfaiteurs et assassinat ».
Croyant fermement à la prophétie d’un féticheur, ils tuent un villageois et son ami estimant que ce sont des malfaiteurs. Le déroulement de ce crime inclus dans l’arrêt de la cour d’Assises de Bamako a eu lieu en 2018. Ainsi, sur le site de Babalé, une zone sise dans la commune rurale de Minidjan, dans le cercle de Kangaba faisait l’objet de plusieurs attaques par des bandits armés. Vivant dans cette situation de terreur, les chasseurs chargés de sécuriser la zone avaient, à cette époque (2018), appris d’un féticheur qu’un homme avec une grosse moto devrait bientôt commettre des actes de banditisme dans la zone (site de Babalé). Alarmée, toute la population redoublait d’ardeur pour le repérage de l’individu signalé par le féticheur.
C’est dans ce contexte de panique psychique que l’électricien Mamarou Sidibé a décidé, le 26 décembre 2018, de quitter Bocoro (son village) pour se rendre à Bougoufié, le village de son ami Oumar Kané sis non loin du placer (ce village sécurisé par les chasseurs). Comme prédit par le féticheur, le péché de Mamarou Sidibé (l’électricien) a été le fait qu’il s’était déplacé avec sa grosse moto cylindrée communément appelée routière.
Selon l’arrêt, le but de la visite de l’électricien était de voir l’état d’un groupe électrogène qu’il avait confié à son ami Oumar Kana dit Baboye,un réparateur de moto. « Dès l’arrivée de Mamarou sur la zone, toute la population était informée, et presque tout le monde était persuadé qu’il s’agissait du malfaiteur décrit par le féticheur de la zone », lit-on dans l’arrêt. Saisi, Nama Keita, le chef des chasseurs basés sur le site a dépêché trois éléments pour l’interpellation de Mamarou Sidibé, alors qu’il était dans le garage de son ami Oumar Kané. Sans résistance, l’électricien a été conduit à la base des chasseurs. Le drame, c’est qu’une fouille permettra aux chasseurs d’intercepter un pistolet de fabrication locale sur cet électricien. Une découverte qui dramatisera la situation du présumé. Vu la situation, Oumar Kané, l’ami à Mamarou qui, visiblement ne doutait de rien, s’est rendu de lui-même à la base des chasseurs pour leur fournir des explications. Chose qu’il ne fallait absolument pas oser, car lui aussi va être retenu comme complice du suspect.
De ce fait, les deux hommes (l’un comme l’autre) ont vu les pieds ligotés, les mains attachées derrière le dos avec des cordes solides avant d’être soumises à un interrogatoire qui dure toute la nuit. Au lendemain, les deux hommes ont été conduits et lynchés à 400 mètres des habitations, indique-t-on dans l’arrêt. Cet acte sera porté à la connaissance de la Brigade territoriale de Kaganba par le maire en date du jeudi 27 décembre 2018.C’est ainsi que les inculpés ont été poursuivis et condamnés pour « arrestation illégale, séquestration de personnes, association de malfaiteurs et assassinat », faits prévus et punis par les articles 175 ; 237 ; 199 et 200 du Code pénal au Mali. Lors de son audience de la semaine dernière, la cour d’Assises de Bamako leur a infligé une peine de mort.
Mamadou Diarra