D’un préavis de grève à un autre ? Après les syndicats des pharmaciens et des laborantins qui menacent de suspendre leurs services au compte de l’AMO, c‘est au tour des syndicats des banques, des Assurances, des établissements financiers et du Commerce de monter au créneau. Ils menacent de passer à la vitesse supérieure en donnant un mot d’ordre de débrayage à toutes les banques et à tous les autres établissements financiers si leurs camarades arrêtés ne sont pas libérés. Pour rappel certains agents d’Ecobank Mali ont été incarcérés à la demande du pôle économique et financier, accusés par la justice d’avoir utilisé des fausses garanties bancaires dans l’affaire qui oppose l’EDM-sa à une entité indienne .Cette affaire rocambolesque éclabousse l’EDM et risque de dégénérer en affaire d’Etat. Si rien n’est fait pour éteindre l’incendie qui couve, les conséquences peuvent être incommensurables pour le Mali dont l’économie se porte mal. Le gouvernement va-t-il mettre les intérêts supérieurs de la nation au-dessus de tout pour éviter une grève des banquiers et des établissements financiers ? Le Gouvernement va-t-il également mesurer les conséquences d’une grève des banques des assurances et des établissements financiers en obtenant un compromis avec les syndicats pour éviter la paralysie financière ?
Décidément le régime transitoire du Mali dirigé par le Général d’armée Assimi Goita semble être dans des beaux draps. En plus des conditions sécuritaires qui se dégradent un peu plus, il y a des gros nuages qui s’amoncellent dans un ciel obscure et annonçant certainement des orages. La tension politico-sociale très vive est caractérisée par une répression féroce contre toutes les voix discordantes et une paupérisation incommensurable de la population qui broie du noir. C’est dans un tel climat délétère qu’un nouveau front social vient de s’ouvrir, celui des syndicats qui projettent d’aller en grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites. En effet, après les syndicats des pharmaciens et des laborantins, c’est au tour de ceux des banques, des assurances, des établissements financiers et du commerce d’emboiter les pas aux premiers en menaçant de débrayer. Un préavis de grève est déposé sur la table du gouvernement. La raison fondamentale du préavis de guerre de 120 heures est sans nul doute l’arrestation de certains agents de l’Ecobank Mali accusés par la justice malienne d’avoir transmis les messages SWIFT relatifs à des présumées fausses garanties financières. La première réaction des syndicats des banques a été l’arrêt immédiat de tout transfert de garanties concernant la société Energie du Mali, EDM sa, ainsi que des structures publiques et para publiques. Comme si ces décisions ne suffisaient pas ils ont décidé de déposer un préavis de grève de 120 heures reconductible. Pour rappel avant ce préavis de guerre le SYNABEF a entrepris certaines actions de solidarité avec les agents d’Ecobank placés sous mandat de dépôt en organisant des sit-in devant les établissements bancaires pour exprimer sa colère doublée d’incompréhension de voire les agents d’Ecobank incarcérés « à tort ». Ces sit-in ont eu lieu devant tous leurs bureaux, agences et sièges du lundi 10 mars au mercredi 12 mars 2025 entre 6h et 10h00. C’est après un constat d’échec de toutes ces actions qu’ils ont décidé de déposer un préavis de 120 heures reconductible si les revendications ne sont pas satisfaites.
Le gouvernement va-t-il mettre les intérêts supérieurs de la nation au-dessus de tout pour éviter une grève des banquiers et des établissements financiers ?
Il y va de la stabilité du régime et de la paix sociale au Mali. Faut-il rappeler que ce genre d’arnaque, bien que très grave, a toujours pignon sur rue au Mali. En effet, qui ne se rappelle pas de l’affaire incriminant un homme d’affaire ukrainien qui aurait disparu avec plus de 11 milliards de francs CFA concernant une commande de l’armée malienne , la République n’a pourtant pas été ébranlée par cette affaire dont l’un de ses commanditaires se trouve être un proche conseiller du Président de la transition. Jusqu’à présent cette rocambolesque affaire n’a pas été élucidée et aucune procédure judiciaire n’a été portée à notre connaissance. Au Mali on ne mesure pas souvent les conséquences de certaines décisions avant de les prendre. Loin de nous interférer dans les affaires judiciaires, mais toute décision susceptible de créer des remous sociaux pourrait être soit différée, soit traitée à l’amiable pour ne pas susciter une tension sociale pourtant évitable surtout dans ce contexte marqué par une crise sociale gravissime. Le gouvernement a tout à gagner en étouffant dans l’œuf les germes d’une révolte par le dialogue avec les syndicats. Une paralysie du secteur financier serait synonyme d’exacerbation de la tension sociale.
Le Gouvernement va-t-il également mesurer les conséquences d’une grève des banques des assurances et des établissements financiers en obtenant un compromis avec les syndicats pour éviter la paralysie financière ?
Face au danger d’un bras de fer, entre le gouvernement et les syndicats des banques et établissements financiers, , il serait du devoir des autorités de tout faire pour éviter que les conséquences ne s’abattent sur des paisibles citoyens, qui ne seront que des victimes innocentes dans un conflit qui a l’air d’un règlement de compte. Les autorités doivent à tout prix éviter un arrêt de travail dans les secteurs bancaire et financier, deux secteurs importants dans l’économie du pays. Pour ce faire elles doivent d’ores et déjà engager le dialogue afin d’aboutir à un compromis sans compromission et cela au grand bonheur du résilient et résignant peuple.
En Définitive, les autorités doivent comprendre le message que tous ces remous sociaux envoient. Ils sont les indicateurs d’un profond malaise que vit le peuple malien depuis plus 4 ans. A-t-on besoin de rappeler qu’une transition qui perdure est toujours sujette à des problèmes et la suite est connue : C’est l’échec politique, économique et social.
Youssouf Sissoko