Spécialiste en retournement de veste, le très sulfureux quatrième vice-président du CNT (Conseil national de transition), issa Kaou Djim, s’est embourbé dans une affaire judiciaire qui ne finit plus de tenir en haleine au Mali. Il a été en effet jugé, le 31 octobre dernier, pour troubles à l’ordre public et atteinte au crédit de l’Etat suite à des propos véhéments à l’égard du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga et reste en détention à la Maison centrale d’arrêt de Bamako au moins jusqu’au délibéré prévu pour le 3 décembre prochain.
Cependant, cette affaire judiciaire inspire des réactions diverses aux Maliens et chacun y va de son appréciation. Au-delà de la grande satisfaction affichée par la myriade de concitoyens qui désapprouvent un personnage clivant au penchant polémique, certains trouvent par contre que le cas Kaou Djim est l’illustration parfaite de la dictature qui prévaut au Mali sur fond d’entraves à toute liberté d’expression et d’opinion. Toutefois, au regard de la résolution votée par le CNT le 4 novembre 2021 demandant la suspension de la détention de son quatrième vice-président suivi ipso facto par la réaction du syndicat des magistrats du SAM -SYLIMA rappelant en substance la nécessité incontournable de respecter le principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs, on est en droit de croire que l’affaire s’éloigne de la grande cabale contre Issa Kaou Djim tant ressassée par d’aucuns.
Par ailleurs, si on peut préjuger d’une issue favorable à Kaou Djim, on en aura tout de même tiré comme enseignement que la sphère politique a ses raisons qui échappent à la raison elle-même. En moins de deux ans, en effet, Issa Kaou Djim aura changé de couleurs tel un caméléon nerveux qui flâne dans un vaste atelier de peinture. Et que dire de son choix plus qu’insolite de recourir aux services de Me Kassoum Tapo qui, il n’y a pas plus d’un an, était encore du rang des personnes qu’il se délectait de blacklister comme pilleur notoire de l’Etat.
En tout cas, si le cas Issa Kaou Djim est révélateur de quelque chose, c’est certainement la lumière qu’il aura apporté sur la posture versatile et mercantile de certains de nos hommes politiques aux niveaux carentiels qui n’atteignent des postes de responsabilités au plus haut sommet de l’Etat que par affinité et complaisance. Et quoi qu’on puisse penser de la pertinence de la procédure judiciaire engagée à l’encontre du quatrième vice-président du CNT, il faudra cependant s’abstenir d’opiner sur des questions judiciaires dont on ignore l’ensemble des contours.
Ousmane Tiemoko Diakité