Arrêté le mardi 26 octobre 2021 à son domicile à Lafiabougou-Taliko, Issa Kaou N’DJIM, 4ème vice-président du Conseil National de la Transition (CNT) a passé 48 heures en garde-à-vue au Camp I de la Gendarmerie avant d’être déféré le jeudi dans l’après midi à la Maison Centrale d’Arrêt de Bamako-coura. Le lendemain, vendredi 29 octobre, il a été de nouveau entendu par le Procureur de la République Près du Tribunal de Grande Instance de la commune IV du District de Bamako où il a été inculpé pour “trouble à l’ordre public et atteinte au crédit de l’Etat”.
Le vendredi dernier, lors de son audience, c’est dans une salle archicomble qu’Issa Kaou N’Djim a fait sa comparution à côté de ses avocats, Mes Kassoum Taop et Tounkara devant la présidente du tribunal, Diarra Fatoumata Sidibé. Habillé d’un boubou de couleur sombre, l’accusé s’est défendu en se présentant comme un patriote convaincu. L’accusé conteste les faits qui lui sont reprochés et affirme : ”J’aime mon pays, j’aime mon pays”. Pour l’un des avocats de la défense, Me Kassoum Tapo, il reproche au parquet de mêler ”droit et politique”. Avant d’évoquer ensuite l’immunité parlementaire de son client et demande à ne pas confondre délit de cybercriminalité et délit de presse. Aux dires de Me Tapo, il s’agit de la liberté d’expression, et dans ce sens les faits ne sont pas poursuivables.
Le Procureur de la République du Tribunal de la Commune IV de Bamako monte au créneau. Pour lui, Issa Kaou N’Djim sort régulièrement pour s’attaquer aux institutions de la République malienne, notamment au Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga. Pour lui, les propos tendent à déstabiliser le pays.
Après des heures d’audience, une demande de mise en liberté provisoire en faveur du client de M. Kassoum Tapo. Après une suspension de séance, la cour se retire pour délibérer. La présidente du tribunal revient et annonce le délibéré pour le 3 décembre tout en rejetant la demande de mise en liberté provisoire de Issa Kaou N’Djim, qui retourne donc en prison jusqu’au 03 décembre 2021.
Il faut noter que depuis l’interpellation du 4ème vice président du CNT, Issa Kaou Djim, le mardi dernier, les réactions pleuvent de partout. D’abord, l’ACRT- PARTI FASO KA WELE (Appel citoyen pour la réussite de la transition) dont il est le président, a produit un communiqué, le mercredi 27 octobre 2021, pour condamner cette interpellation avec la plus grande fermeté avant d’appeler à sa libération immédiate et sans condition. Selon l’ACRT, la liberté d’expression et d’opinion est le fondement de toute démocratie. Aussi, le Parti pour la renaissance nationale (PARENA) de Tiébilé Dramé dit avoir appris avec stupéfaction l’interpellation de Issa KaouDjim pour avoir critiqué une décision du gouvernement. Selon le PARENA, la liberté d’expression et d’opinion est un acquis fondamental de la Révolution de Mars 1991 et nul ne doit y mettre une entrave quelconque. ” Le PARENA dénonce avec force cette atteinte à la liberté d’opinion, ce crime attentatoire à une des libertés fondamentales conquises de haute lutte. Hier comme aujourd’hui, le PARENA se dresse, avec toutes les forces démocratiques, contre toute dérive dictatoriale. C’est pourquoi, il exige que Monsieur Issa Kaou Djim soit libéré sans condition et que le Pouvoir cesse de faire planer sur nos têtes l’épée de la privation de la liberté pour un Oui ou pour un Non “, révèle le communiqué du PARENA. Autre parti, non des moindres, la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM) de Housseini Amion Guindo aussi exige la libération immédiate et sans condition de Issa Kaou N’Djim. ” Le parti CODEM condamne avec véhémence cette atteinte grave à la liberté d’expression dans notre pays. CODEM rappelle aux autorités que la liberté d’opinion est un droit constitutionnel qui ne saurait être transgressée au gré des intérêts du moment. Aussi, le parti demande aux autorités, en ces moments cruciaux que notre pays traverse, d’éviter tout acte pouvant être générateur de crise et empêché la réussite de la transition avec comme corollaire la tenue des élections à date “, conclut le communiqué de la CODEM.
Youssouf SANGARÉ