Après le passage des bandits du MNLA à Youwarou : Difficile retour de l’administration

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Avec du mépris pour le bien public, ils ont posé des actes ignobles dignes des gangsters d’une autre époque. Vols, pillages, viols, assassinats, etc., le passage des éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a laissé des stigmates dans ce cercle, et la psychose qui s’est installée provoque un difficile retour à la normale. Les élus réclament la création de deux unités militaires.

Lorsque les bandits armés du MNLA sont entrés à Youwarou les 18 et 19 février 2012, leur mode opératoire avait un seul objectif : tuer, voler, piller, violer, incendier… Bref, détruire tout sur leur passage. Aujourd’hui, les dégâts matériels provoqués par leur présence s’élèvent à des centaines de millions de F CFA.
Lorsque le maire de la Commune rurale de Gongo décrit le film de leur passage, il en a le cœur meurtri. Et le vice-président du Conseil de cercle de la localité d’ajouter : “Ce qui est surprenant chez ces éléments du MNLA, c’est leur haine des populations civiles et leur plaisir à détruire les biens publics”.

A gauche, Demba Conta, 2e adjoint au maire de Yoywarou, et Oumar Kori Gago, maire de la Commune rurale de Gongo.
A gauche, Demba Conta, 2e adjoint au maire de Yoywarou, et Oumar Kori Gago, maire de la Commune rurale de Gongo.

A Youwarou, un vaste programme de développement était en chantier. Dénommée “Vestibule” (lorsqu’il est traduit du peul en français), ce programme s’élevait à plus d’un milliard de F CFA. Il consistait en l’aménagement agricole, la réalisation de routes, etc. Bref, pour le maire de la Commune rurale de Gongo, Oumar Gori Gago, ce programme était un espoir pour le cercle. Mais avec la présence des groupes armés, les entreprises ont fermé boutique, car les bandits avaient saccagé le matériel de travail.
Youwarou est donc un des cercles durement frappé par l’occupation des groupes armés du MNLA et d’Ançar Eddine. Le cercle qui était de plain-pied dans les travaux de développement, a vu son activité économique bloquée. Au total 50 attaques ont été perpétrées en 2012 dans cette localité de la région de Mopti.
Il y a d’ailleurs trois semaines, six personnes ont été enlevées, non loin de Léré, des populations ont été attaquées, tuées, avant d’être jetées dans un puits. Pour les élus de la région, le mode opératoire porte la signature du MNLA.
Avec une activité économique bloquée, l’absence des fonctionnaires et leur difficile retour, Youwarou est encore loin de connaître un retour à la normale.
Aujourd’hui, pour le 1er vice-président du Conseil de cercle est formel “c’est la psychose à Youwarou”. Et, dit-il, pour garantir le retour définitif des populations, des élus, et des agents de l’administration, il est nécessaire de créer deux garnisons militaires : un à Youwarou, et le second à Gadji.
Pour le retour de l’administration, Youwarou fait face à un double défi : la reconstitution du matériel travail saccagé et pillé par les bandits et la sécurité des populations et leurs biens. Aujourd’hui, sur les 7 sous-préfets du cercle, aucun n’est à son poste.
Si la création des deux postes militaires peine encore à se concrétiser, malgré les insistances auprès du gouverneur de la région, l’espoir est permis, explique le vice-président du Conseil de cercle, Mamadou Aldjouloy, pour qui la présence militaire dans la localité pourrait dissuader les auteurs des attaques contre les populations.

Justice avant la réconciliation
A Youwarou, difficile aujourd’hui d’oublier les stigmates du passage des groupes armés du MNLA et d’Ançar Eddine. Tant le mal est profond. Interrogé sur le processus de réconciliation entamée avec la mise en place d’une commission, les élus de Youwarou sont formels : “Il faut la justice d’abord”.
“Des individus ont eu le plaisir de s’attaquer inutilement aux gens, de piller leurs biens, de violer les femmes, parce qu’ils ont des comptes personnels à régler. Il faut que la justice fasse son travail”, assène énergiquement le 2e adjoint au maire de Youwarou. Pour Demba Conta, les crimes commis dans cette localité, comme dans d’autres régions du pays, ne peuvent rester impunis.
Youwarou est une localité de 13 fractions et la particularité est que toutes les populations se connaissent entre elles. Et le maire de Gonga de renchérir : “Nous connaissons ceux qui nous ont pillés, tués nos parents, etc. Car, avant la guerre nous étions ensemble. Ils ont profité de la situation”.
“Et la guerre va finir, on se regardera les yeux dans les yeux”, prévient M. Gago. “A part l’action de ces quelques individus, se réclamant d’un mouvement rebelle, les communautés ont toujours vécu dans la cohésion à Youwarou”, précise-t-il.
Il n’y a donc pas de doute, Youwarou, comme les autres localités où les bandits ont fait leur loi, le défi de la réconciliation passe par une justice saine et rigoureuse.
Issa Fakaba Sissoko
Envoyé spécial

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