Hier lundi 11 mars 2019, les personnes en situation de handicap du Mali ont tenu un sit-in devant la cité ministérielle pour réclamer leurs droits : l’emploi. Cette manifestation a, malheureusement, été réprimée par les forces de l’ordre. Un autre sit-in est prévu sur le même lieu le lundi prochain.
On aura tout vu dans le Mali sous IBK. Ce pays avance bien en ce qui concerne les atteintes aux droits constitutionnels. Les manifestations pacifiques qu’a garanties la constitution de 1992 sont réprimées par les forces de l’ordre. La dernière de ces répressions, c’est celle du sit-in des personnes en situation de handicap hier devant la cité ministérielle. Après l’incident, nous avons rencontré les manifestants à leur siège sis en face de la base B.
«Nous ne sommes pas sortis pour un simple plaisir de manifester. Nous sentons une injustice et c’est pourquoi des dizaines de personnes handicapées sont sorties pour réclamer leurs droits à travers ce sit-in devant la cité administrative », nous a expliqué Siaka Coulibaly, membre du comité scientifique du mouvement. Parlant des objectifs de la manifestation réprimée, M. Coulibaly a été on ne peut plus clair : « Nous réclamons l’emploi des personnes en situation de handicap ». Le 1er point de réclamation est, selon notre interlocuteur, le recrutement spécial des personnes en situation de handicap dans la fonction publique. Ce qui va permettre à la personne handicapée d’intégrer la fonction publique sans passer par le concours. « Cela fait suite à une réparation d’injustice que les personnes en situation de handicap vivent aujourd’hui au Mali », précise SiakaCoulibalhy avant de déplorer : « Les personnes handicapées ne peuvent pas participer à certains concours, notamment la Police, la Douane, la Gendarmerie, …qui sont des secteurs qui recrutent plus ».
Le 2e point de réclamation concerne les personnes handicapées porteuses de projets. En effet, selon M.Coulibaly, nombreuses sont ces personnes handicapées non diplômées qui ont des projets très riches. « Il y’a un fonds pour ces personnes-là. Le Mali y reçoit du fait qu’il a ratifié la convention 52 du Bureau international de Travail (BIT) », affirmele leader d’une association de personnes en situation de handicap. Ce n’est pas tout, ces manifestants réclament, aux dires de leurs leaders, la formation des personnes handicapées.
Se prononçant sur la répression de leur sit-in, M. Coulibaly ne fait pas cadeau au régime en place. « On est en face d’un régime de plus en plus déshumanisant, un État qui ne connait que la violence. On était, franchement, surpris de cette répression barbare. On est venu, on n’a fait aucune casse, aucune entrave, mais notre manifestation a été réprimée à sang. C’est dommage. »,a-t-il fustigé.
Quant à Drissa Diarra, président du collectif des personnes handicapées visuelles sans emploi, il a précisé qu’ils ne vont jamais céder à l’intimidation. « Nous n’avons réclamé que notre droit au travail, à la formation à travers ce sit-in. Nous allons continuer », dit-il d’un ton inhabituel avant d’ajouter : « c’est un droit constitutionnel reconnu par la constitution malienne. En son article 1er, la constitution de 1992 précise que tous les hommes naissent libres et égaux ».
Avant de terminer, M. Drissa Diarra a précisé que la répression ne leur fera pas abandonner leur combat pour la justice. « On va continuer à marcher jusqu’à ce qu’on soit entendu ; jusqu’à ce que notre objectif soit atteint, jusqu’à ce que toutes les personnes en situation de handicap aient un emploi », a-t-il dit haut et fort avant de conclure : « Nous allons nous retrouver sur le même lieu, devant la cité administrative, à la même heure pour un autre sit-in le lundi prochain »
BoureimaGuindo