A mesure que la Transition s’allonge, et que l’on ne sait point à quand le retour à la normalité politique et institutionnelle, l’heure est venue pour elle de démontrer qu’elle est capable d’apporter des pistes de solutions aux problèmes de l’heure. Durant de longs mois, la rhétorique était rondement menée, et les applaudissements chaleureux étaient légions. Mais aujourd’hui, l’heure est à la concrétisation des aspirations profondes du peuple, ou du moins, la résolution de problèmes ponctuels, tels que les délestages intempestives d’électricité ou encore la conjoncture économique.
Le PM Maiga l’aura bien compris, s’il ne le savait déjà, lors de son passage devant la CNT. Le délai de grâce est passé, et le peuple piaffe désormais d’impatience. L’ancienne puissance colonisatrice aura plié ses bagages, et maintenant, l’horizon est dégagé pour l’Etat souverain du Mali. Comme s’il ne fallait que le départ militaire de la France pour que les problèmes trouvent solution. Hélas, il semblerait bien que le gouvernement malien a perdu trop de temps dans l’oralité d’un discours qui n’avait d’autres buts que d’afficher une supposée légitimité aux yeux de la Communauté internationale. Un temps si précieux qui aurait pu servir à explorer des pistes de solutions aux maux qui assaillent le pays.
Aujourd’hui, tout le monde est rattrapé par la dure réalité du terrain, y compris ceux qui soutenaient quasi aveuglement la politique gouvernementale. Pour un pays aussi démuni, le national-populisme peut rapidement devenir une aventure dangereuse et incertaine à la fois. Outre même le radicalisme dans le curseur diplomatique et militaire, rentrer en conflit avec la CEDEAO est contre-productif. Le Mali, pays continental, est depuis de nombreuses années le premier consommateur de l’espace UEMOA. Après de long mois de disette, la Transition devra renouer avec la CEDEAO.
Mais, ce qui inquiète un nombre croissant de Maliens, c’est cet épais manteau de brouillard qui couvre certains aspects de la vie de la Nation. Il s’agit notamment des opérations militaires menées contre les terroristes et le risque de victimes civiles à prendre en considération, l’achat des équipements militaires ou encore, si l’on se projette dans l’avenir, le rôle que joueront les tenants actuels du pouvoir après l’organisation d’élections. Autant de questions qui taraudent l’esprit des plus sceptiques et qui donnent lieu à toutes sortes de spéculations.
Quant à la stratégie diplomatique et militaire, beaucoup redoutent un douloureux retour de boomerang. En la matière, le radicalisme n’a pas sa place. Le Mali avait tout intérêt à garder des liens cordiaux avec tous ses partenaires. De plus, l’on peut bien dire ce que l’on pense à son alter égo sans lui faire se renfrogner. Des leçons amères, le pays en apprendra à ses dépens tôt ou tard.
Ahmed M. Thiam
Bonjour
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