Dans les prochains mois, les régions de Ségou, Mopti et Sikasso ne devraient pas connaître de flambée des prix des principaux produits à la consommation. Au contraire, avec l’approvisionnement en cours des marchés, grâce aux exonérations accordées par le gouvernement sur 120 000 tonnes de riz et 85 000 tonnes de sucre, les prix devraient chuter, comme c’est le cas déjà à Mopti, où les prix du sucre chez les grossistes oscillent entre 498 000 et 500 000 CFA la tonne.
Ces prix sont en deçà de ceux fixés par le gouvernement dans le cadre du cahier des charges qui régit ces exonérations. En visite de terrain dans ces localités, le ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie, Me Ahmadou Touré, a été agréablement surpris par la disponibilité des produits dans les magasins et surtout par les prix pratiqués par les grossistes.
Partie de Bamako le mercredi 11 juillet 2012 dans l’après-midi, la délégation du ministre Touré était composée des représentants des services techniques, des membres de son cabinet, mais aussi du Secrétaire général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, Drissa Moussa Diallo. Il s’agissait non seulement pour le ministre Ahmadou Touré de s’enquérir de l’état des stocks des produits alimentaires, notamment le riz et le sucre, mais aussi de faire le suivi du cahier des charges réglementant les prix sur le terrain et de transmettre le message de patriotisme du gouvernement de transition aux opérateurs économiques.
La première étape de cette visite de terrain a conduit le ministre Ahmadou Touré et sa délégation à Ségou. Dans la capitale des Balanzans, le ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie a rencontré les opérateurs économiques locaux au gouvernorat de la 4ème région. Ces échanges, qui ont duré près d’une heure, ont permis au Ministre d’obtenir le soutien et l’accompagnement des opérateurs économiques de Ségou pour le succès de la politique de maitrise des prix engagée dans le cadre des exonérations.
«Le gouvernement de transition n’a que deux missions: reconquérir le Nord du pays, tombé dans la main de groupes armés, et organiser des élections. Mais, pendant ces deux missions, il faut que les gens aient à manger, qu’ils se soignent. L’Etat s’est désengagé du secteur de l’importation des produits alimentaires. Il vous fait confiance. Nous souhaitons que les populations aient accès aux produits alimentaires à moindre coût. Surtout en cette période de soudure et de Ramadan, qui commence dans quelques jours» a déclaré Me Ahmadou Touré.
Après cette entrevue, le ministre et sa délégation se sont rendus à l’unité intégrée du Grand Distributeur de Céréales au Mali (GDCM), qui produit 180 tonnes de farine par jour avec plus de 250 employés. Le ministre a constaté la disponibilité de 3 000 tonnes de farine et de 3 000 tonnes de sucre. GDCM a déjà livré une bonne partie de sa commande et, pour le restant, ses responsables ont donné l’assurance qu’il serait à Bamako avant la date butoir des exonérations, fixée au 8 août prochain. Le Président Directeur Général, Modibo Keïta, a tenu à se manifester en faveur des populations du Nord du Mali déplacées. Il leur a offert 3 tonnes de riz et 2 tonnes de sucre, dont le bon d’enlèvement a été remis au ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie.
Il faut noter qu’auparavant le ministre Touré et sa délégation avaient visité l’unité de conditionnement de sucre en morceaux de la même société, où ils ont été impressionnés par le haut niveau de technologie. «Cette unité, qui va permettre de donner la valeur ajoutée, travaille dans des conditions hygiéniques qui n’ont rien à envier aux les normes occidentales» a affirmé le ministre. L’usine, qui sera officiellement inaugurée bientôt, selon son promoteur, a une capacité de production de 12 à 13 tonnes de sucre par jour. Le ministre s’est ensuite rendu successivement dans les magasins de l’établissement Sidi Soumounou et du Grand Grenier du Bonheur. Dans le premier, le ministre Touré a été informé de la présence dans les entrepôts de 150 tonnes de mil, sorgho et riz. Dans les entrepôts du GGB, qui s’est engagé pour 30 000 tonnes, le ministre a aussi constaté que les promesses étaient tenues et n’a pas manqué de manifester son enthousiasme devant la presse, avant d’appeler les opérateurs économiques à jouer leur partition pour la satisfaction de la demande sociale en terme d’approvisionnement des marchés. Ahmadou Touré a aussi assuré les commerçants du soutien du gouvernement, avant de prendre la route pour la 5ème région.
Avec une consommation mensuelle estimée à 8 000 tonnes de riz et 1 800 tonnes de sucre, la Venise malienne, à l’instar de Ségou, ne devrait pas connaître de pénurie jusqu’à la fin du mois de Ramadan et de la période de soudure. La ville, malgré la vague d’arrivées de nos compatriotes déplacés des régions du Nord, dispose de suffisamment de ressources pour couvrir les besoins. C’est le constat fait par Me Ahmadou Touré le jeudi 12 juillet dernier, après avoir, entre autres, visité les magasins de GDCM et les entrepôts du GGB et de la Société Yattassaye et Frères. Au terme de cette tournée, le ministre n’a pas manqué de souligner sa satisfaction. «Les opérateurs économiques de Mopti ont comblé les attentes du gouvernement. Ce que nous avons vu comme quantité en sucre, en riz et en huile nous rassure». Connu comme un carrefour important, Mopti est une région en ligne de mire depuis quelques temps. C’est pourquoi le ministre a demandé aux commerçants, eu égard à la situation actuelle, le maintien des prix à un niveau satisfaisant pour les consommateurs, après avoir été informé que le kilo de sucre était vendu 550 FCFA. Pour Ahmadou Touré, cette situation n’est pas concevable. «L’Etat a renoncé à des droits, à des taxes, pour que les consommateurs puissent avoir les produits à un coût moyen» a-t-il rappelé aux détaillants, qui se sont finalement engagés, au terme d’une rencontre avec le ministre, à respecter les clauses du cahier des charges, soit un prix unitaire de 540 FCFA.
Même si, en 3ème région, il n’existe aucun signataire du cahier des charges des exonérations, le Kénédougou ne va pas subir de pressions sur les prix jusqu’au mois de septembre. En plus de 580 tonnes de riz brisure importé, de 532 tonnes de sucre dans les magasins de la société GDCM et de 210 tonnes de riz importé dans les entrepôts Assan Kouma, la 3ème région dispose d’un important stock de céréales sèches d’origine nationale, selon l’Association des Acheteurs de Produits Locaux de Sikasso. Son Président, Kalilou Diallo, reconnaît tout de même un ralentissement de l’approvisionnement du marché.
Le ministre a constaté que la capitale du Kénédougou ne disposait pas d’autant de quantités de sucre que Ségou ou Mopti. Pour Kalilou Dialllo, cette situation n’est que temporaire, puisque les agriculteurs qui disposent encore de stocks à leur niveau devraient bientôt les faire sortir. Autre explication, les commerçants de Sikasso travail à flux tendus et ne constituent pas de stocks importants. Ville frontalière par laquelle passe une bonne partie de nos produits, Sikasso a peu le riz dans ses habitudes alimentaires. C’est pourquoi, selon le ministre Ahmadou Touré, il y a très peu de risques de flambée des prix. Le ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie a tout de même tenu à faire un saut au grand marché de Sikasso pour se faire une idée des prix de détail. Il s’est entretenu par les opérateurs économiques de la ville et il lui a été demandé d’intervenir auprès de son homologue de l’Agriculture pour l’approvisionnement de la région en intrants.
La question des déplacés s’invite dans la visite
Même si la question des déplacés des régions Nord du Mali n’était pas l’objet du déplacement, il serait mal vu qu’un ministre du gouvernement Cheick Modibo Diarra aille dans une ville sans rendre visite à nos compatriotes déplacés qui se trouveraient sur place. Le ministre Ahmadou Touré, par ailleurs ressortissant du Nord, l’a bien compris cela. Il a donc effectué des visites de courtoisie aux personnes déplacées des régions Nord du Mali à Sévaré et Sikasso. Dans la première localité, le ministre Touré s’est rendu sur le site des chauffeurs de cette ville, devenue de fait la nouvelle frontière du Mali avec le Maghreb, depuis l’occupation des 2/3 de notre pays par des groupes armés salafistes et indépendantistes. L’objectif était de s’enquérir du moral de ces compatriotes et de leur réaffirmer le soutien du gouvernement. Sur le site de Sévaré sont regroupées 52 familles, soit 482 personnes, selon Modibo Tounkara, Président de la Commission régionale de gestion de la crise. Ici le ministre a, au nom du gouvernement, fait un don de 10 tonnes de riz, 2 tonnes de sucre et 100 000 FCFA. Si à Sévaré, il s’agissait d’un camp de déplacés, dans la capitale du Kénédougou, ce sont 6 500 personnes, selon les estimations, qui ont trouvé refuge chez des parents. Le ministre a expliqué à ses interlocuteurs sikassois que le gouvernement s’attelait à la résolution de la crise et ne saurait les abandonner et leur a offert 5 tonnes de riz.
Yaya Samaké
Envoyé spécial
Ils ont dit
Ségou
Salia N’Daou, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Ségou
«Tous les moyens seront mis en œuvre pour le respect des engagements»
Nous vous remercions, Mr le ministre, pour votre visite à Ségou. Nous vous avons écouté, nous vous avons compris. Tous les moyens seront mis en œuvre pour le respect des engagements pris dans le cahier des charges. Nous ne voulons qu’une seule victoire, celle du Mali sur ses ennemis.
Diadié Bah, PDG de la société Noumania SA
«Nous voulons que nos populations respirent»
Les opérateurs économiques de Ségou seront toujours à l’écoute des autorités. Il n’y a pas de pénurie à Ségou. Nous allons tout faire pour respecter les prix fixés et vous accompagner en ces moments difficiles. Nous voulons faire des gains, mais nous voulons aussi que nos populations respirent. Nous allons tout faire pour approvisionner tout le pays, pas seulement Ségou. Le gouvernement a fait preuve de responsabilité en donnant la possibilité à tous les importateurs d’amener du riz. Je vous informe que le riz se vend en deçà de 300 FCFA. Je me suis engagé sur 5,5 tonnes de sucre et 4,5 tonnes de riz et je peux vous assurer que mes produits seront là.
Mopti
Soumaïla Traoré, commerçant
«Nous vous demandons d’intervenir auprès des banques»
Nous remercions le gouvernement, car, à la fin de l’hivernage dernier, tout le monde pensait que le Mali allait être frappé par la famine. Grâce à vos efforts, gouvernement tout va bien. Nous avons des difficultés à Mopti, où le commerce repose sur le poisson et l’élevage. Mais tout le monde connait la situation du fleuve actuellement, il n’y a pas de poisson faute d’eau dans le fleuve. Les animaux aussi n’ont pas à manger. Personne ne pouvait imaginer cela. A cela est venue s’ajouter la situation du Nord du Mali. Malgré tout, les prix n’ont pas connu trop d’augmentation. L’accès au service des banques n’est pas facile à Mopti et nous vous demandons d’intervenir auprès d’elles.
Alhousseïni Maïga, Président des commerçants détaillants
«Nous ferons tout pour que les prix soient désormais respectés»
Nous vivons en parfaite symbiose. Nous ferons tout pour que les prix indiqués soient désormais respectés. Nous nous sommes déjà organisés dans se sens. A chaque fois qu’il y un problème entre nous, on le gère par les canaux réguliers de règlement des conflits.
Daouda Niane, commerçant détaillant
«Nous ne voulons plus entendre parler de pénalités»
La région de Mopti vit une situation exceptionnelle cette année, avec l’occupation par des bandits armées de certains cercles. Cette situation a créé la psychose dans d’autres cercles. Malgré tout, certains commerçants se sont débrouillés pour payer leurs patentes. Mais il n’y avait plus de banques et nous avons été obligés de rendre aux gens leur argent. Aujourd’hui, on nous demande des pénalités à chaque fois que nous voulons faire des versements. Nous ne sommes pas prêts à les payer. Nous ne voulons plus entendre parler de pénalités à Mopti. Soyez notre porte-parole auprès de qui de droit, Mr le ministre.
Seydou Toumani Camara, Gouverneur de la région
«Nous veillerons»
Les prix ont été fixés en commun accord avec les commerçants. La période de soudure, le mois de Ramadan et la situation que nous vivons au Nord de notre pays ne doivent pas être mis à profit pour les augmenter indûment. Des instructions ont été données pour le respect des prix fixés et nous y veillerons. Il n’y aura pas d’excuses. Sachons raison garder, car les contrevenants seront traités conformément à la loi.
et à gao, tombouctou et kidal ??? vraiment mr le ministre si vous n’avez rien a faire restez chez vous
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