Approche et stratégies pour l’abandon des violences basées sur le genre : Un panel de journalistes formule des recommandations

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Le renforcement des capacités des médias sur la diffusion de l’information sur les violences basées sur le genre (Vbg), le mariage des enfants et la santé de la reproduction au Mali, tel est le centre d’intérêt de l’atelier de formation qui a eu lieu à la Direction nationale de la femme du 30 mars au 02 avril. Cet atelier visait aussi à amener les hommes de médias à s’engager pour une diffusion large des messages sur les Vbg. Cet atelier de formation de quatre jours était organisé par le ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, à travers le Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (Pnvbg) avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la population (Fnuap).

ç’est une trentaine de journalistes qui étaient en renforcement des capacités. A cette occasion, les pratiques traditionnelles néfastes et les mutilations génitales féminines, un aspect des Vbg, ont été présentées à la formation par Saliki Coulibaly, chargé de suivi -évaluation du Programme national pour l’abandon des violences basées sur le genre (Pnvbg). D’entrée de jeu, Saliki Coulibaly a rappelé que le Mali est le berceau de riches valeurs traditionnelles utiles et bénéfiques. Il s’agit de la responsabilité collective dans l’éducation des enfants, la gestion des conflits, entre autres. Pour lui, les pratiques traditionnelles néfastes sont les pratiques humaines délibérées, effectuées sur le corps ou l’esprit humain à but non thérapeutique. Il a évoqué aussi les caractéristiques communes des pratiques traditionnelles néfastes (Ptn), avant d’ajouter les types des Ptn qui sont : les scarifications, les tatouages, le gavage, les saignées, l’ablation de la luette, le limage des dents, la dépigmentation, l’utilisation des produits dits aphrodisiaques, le lévirat/sororat, les tabous nutritionnels, les violences physiques, les pratiques humiliantes lors des accouchements, l’infanticide des orphelins, la déité en vue du mariage, les mariages précoces/mariages d’enfants et les mutilations génitales féminines/excision.

Pour conclure cette présentation, Saliki Coulibaly dira que les pratiques traditionnelles néfastes constituent des violations flagrantes des droits des femmes et qu’elles ont pour finalité de nuire à la santé.

La communication sur les mutilations génitales féminines/excision a été expliquée en long et en large par Saliki Coulibaly, le facilitateur. Selon lui,  l’organe génital de la femme comprend deux parties : la partie interne et externe. Pour lui, le clitoris est l’organe sensuel et érectile de la femme. Saliki Coulibaly dira que les mutilations génitales féminines désignent toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou totale des organes. “Il y a quatre types d’excisions. Il s’agit de l’ablation partielle ou totale du clitoris, ablation partielle ou total du clitoris et des petits lèvres, ablation du clitoris des petites et grandes lèvres avec accolement et toutes les autres interventions non classées, comme la ponction, le percement, l’incision, la scarification”, a-t-il déclaré.

Le modérateur a donné quelques taux de prévalence de l’excision par ethnie, par région et par religion. “Environ neuf femmes de 15-49 ans sur dix (89 %) et 73 % des filles de 0-14 ans sont excisées”, a signalé Saliki Coulibaly, avant d’ajouter qu’environ trois quarts des femmes sont excisées (76 %), l’excision ayant lieu avant l’âge de 5 ans, y compris dans la petite enfance. “Les excisions sont effectuées principalement par une exciseuse traditionnelle : 94 % des filles de 0-14 ans et 89 % des femmes de 15-49 ans ont été excisées par des exciseuses traditionnelles, selon Edsm VI de 2018”, poursuit le modérateur.

Le taux de prévalence de l’excision par ethnie est le suivant : Sarakolé/Soninké : 96%, Bambara : 95%, Peulh : 93%, Dogon : 90%, Senoufo et Minianka : 87%, Bobo : 64% et Tamashek : 63%. Quant au taux de prévalence de l’excision, il se présente ainsi, selon les régions : Kayes : 95%, Koulikoro : 96%, Sikasso : 96%, Ségou : 92%, Mopti : 82%, Tombouctou : 50%, Gao : 1%, Kidal : 1% et le district de Bamako : 91%.

La prévalence selon les religions : musulmane : 93%, chrétienne : 65%, animiste : 77%, sans religion : 90%.  M. Saliki Coulibaly a précisé que le problème de l’excision est transversal. Il a évoqué les déterminants socio-culturels de la pratique de l’excision. Il a mis l’accent sur les conséquences. Il s’agit des conséquences médicales immédiates, les conséquences médicales tardives, les conséquences sociales et psychologiques, les conséquences économiques et les conséquences à long terme.

S’agissant de la communication sur le mariage précoce, le présentateur le définit comme “tout mariage contracté avant que la jeune fille et le jeune garçon ne soient physiquement, physiologiquement et psychologiquement prêts à assumer les responsabilités du mariage et de la procréation”.

Selon l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (Mics) de 2015, 16,1% des femmes de 15-49 ans se marient avant 15 ans contre 1,3 % pour les hommes. Selon la même source : 48, 9% des femmes de 20-49 ans se sont mariées avant 18 ans contre 4,3% des hommes. Selon Edsm VI, 53% des femmes de 15-49 ans ont été mariées avant 18 ans et 8% avant l’âge de15 ans.

Aux dires du présentateur, ces mariages précoces peuvent avoir des causes religieuses, socioculturelles et économiques. Ils ont aussi des conséquences sociales et médicales. Quant à la santé de la reproduction, elle se définit, selon l’Oms, comme un bien-être général, tant physique que mental et social de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l’appareil génital, ses fonctions, son fonctionnement et non pas seulement l’absence de maladies ou d’infirmités.

Le modérateur dira que la santé en matière de sexualité vise à améliorer la qualité de la vie, des relations interpersonnelles et ne se limite  pas à donner des conseils et des soins.

«Au Mali, le concept de santé de la reproduction comprend un ensemble de mesures préventives, curatives et promotionnelles visant à améliorer la prise en charge des groupes vulnérables que constituent les femmes, les enfants, les adolescents et des jeunes afin de réduire la mortalité et la morbidité maternelles, infantiles, juvéniles et promouvoir ainsi le bien-être de tous les individus», a indiqué le présentateur.

A l’en croire, il y a six composantes de la santé de la reproduction au Mali : la composante d’appui, la composante commune, la planification familiale, le volet santé de la femme, le volet santé de l’enfant et le volet santé des adolescents et jeunes et santé de l’homme.

La cérémonie de clôture de l’atelier a enregistré la présence du secrétaire général du Ministère de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la femme, Chiaka Magassa.

A la fin de ces quatre jours de formation, les participants ont émis des recommandations en vue d’améliorer les approches et stratégies pour l’abandon des Vbg au Mali et pour appuyer les plaidoyers en faveur de l’adoption d’une loi Vbg au Mali. Il s’agit, entre autres, d’accentuer, intensifier la communication sur les Vbg avec l’implication et la participation des médias ; d’appuyer les productions de reportages (TV, Radio, Presse écrite, Presse en ligne) avec comme cible prioritaire le milieu rural ; faciliter les visites de terrain aux médias, surtout en milieu rural et intensifier la communication auprès des femmes pour qu’elles portent le projet Vbg.

Le représentant du ministre de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Chiaka Magassa, a souligné que les objectifs assignés à cet atelier ont été atteints. Il a rassuré que les recommandations formulées par  les participants seront prises en compte par les autorités.                                                                          

Marie DEMBELE

 

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