A travers la déclaration d’Abidjan sur l’éradication de l’apatridie adoptée en février 2015, les pays de la sous-région ouest-africaine se sont engagés à mettre fin à ce fléau qui constitue une violation grave des droits humains.
Deux ans après, le Mali réaffirme son engagement aux côtés du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés par la validation du plan d’action national de lutte contre l’apatridie, en droite ligne de la campagne mondiale du HCR pour mettre fin à l’apatridie à l’horizon 2024. Vendredi dernier une cérémonie riche en couleurs lui a été consacrée à l’hôtel Kempinski de Bamako, une cérémonie consacrant également l’engagement politique des autorités maliennes à accompagner la campagne mondiale d’éradication du phénomène de l’apatridie.
L’occasion était tout indiquée pour mieux identifier les causes et conséquences du phénomène et de plancher sur les objectifs et activités en adéquation avec les défis, a indiqué pour la circonstance le ministre de la justice Me Ismaël Konaté. Après avoir défini la notion d’apatride comme «une personne sans nationalité, sans papier d’identité et privé des droits les plus fondamentaux», le Garde des sceaux en a déduit que l’apatridie est une grave violation des droits de l’homme, dans la mesure où tout individu a droit à une nationalité. Or les apatrides n’ont pas d’actes de naissance parce qu’ils sont nés de nulle part ou sont victimes de nos bêtises de guerres et de crises, a-t –il déploré, ajoutant par la même occasion qu’il est profondément immoral de maintenir les souffrances que le phénomène engendrent alors que les solutions sont nettement possibles. Le ministre a par la suite salué l’avènement d’un plan d’action mondial qui, à ses yeux, énonce la stratégie pour mettre fin à cette souffrance humaine d’ici à dix ans.
En rappelant la double crise sécuritaire et institutionnelle que le Mali vit depuis 2012, ainsi que ses conséquences désastreuses sur l’état-civil dans les régions du nord où les populations ont été contraintes à l’exil, Me Mamadou I Konaté a rassuré le Hcr de l’engagement du Mali à œuvrer pour que chaque malien soit à l’abri de l’apatridie. Il a par la même occasion assuré que «le Mali protégera toute personne apatride et à risque d’apatridie conformément à ses engagements internationaux et nationaux.
Selon la représente du HCR au Mali, plus de dix millions d’apatrides vivent dans le monde et un millions sont en Afrique de l’Ouest. Ces statistiques, ajoutera-Mme Angèle Bjohossou, interpelle les Etats à un devoir de prévention. C’est pourquoi la validation du plan d’action est le gage d’une détermination de l’Etat malien à lutter plus efficacement contre l’apatridie, s’est-elle réjouie en remerciant les autorités y compris pour le traitement des Réfugiés. Et d’inviter le Mali à doter tous les enfants réfugiés aux Mali d’un document approprié susceptible de les mettre à l’abri de l’apatridie notamment un acte de naissance, dont la détention ouvre la voie à la scolarisation et l’acquisition de divers autres droits. Rappelant les propos d’une ex-apatride «…Etre apatride, c’est avoir en permanence le sentiment d’être sans aucune valeur», elle a réitéré le soutien des nations Unies au Mali dans son combat contre le phénomène mais en rappelant le cas des nombreux réfugiés mauritaniens présents au Mali depuis 1989 et qui frisent l’apatridie.
Amidou Keita