Les Assises nationales de la Refondation de l’Etat (ANR), niveau national, tenues à Bamako, les 27, 28, 29 et 30 décembre 2021, faisaient suite aux phases communales, locales, régionales ainsi qu’à celles ayant concerné les Maliens établis à l’extérieur et les réfugiés, phases qui se sont tenues du 11 au 23 décembre 2021. Les recommandations, entre autres, ont demandé la réduction du nombre des partis politiques. Quels risques pour la représentativité des femmes ?
Selon les statistiques de la Fondation Centre pour le dialogue interpartis et la démocratie, CMDID, il y a plus de 235 partis politiques au Mali enregistrés au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Selon Mme Maïga Sina Damba, vice-présidente du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires Refamp, on compte seulement 5 femmes cheffes. Il s’agit du:
1- Parti Écologique du Mali présidé par Mme Diallo Fatoumata Bintou Touré
2- Parti REDD ( Réseau pour l’Environnement et le Développement Durable) présidé par Mme Sidibé Aminata Diallo
3- Parti SYNOUMA présidé par Mme Safiatou Traoré
4- Parti PRD présidé par Mme Assetou Sangaré
5- Parti PRT présidé par Mme Aminata Coulibaly.
Yacouba Berthé, coordinateur du Programme Sahel de la Fondation Konrad Adenauer, une fondation allemande qui appuie les partis politiques, ajoute cependant, que non seulement il y a 5 ou 6 femmes cheffes de partis politiques, mais également que certains partis politiques commencent à placer des femmes à des niveaux hiérarchiques élevés, comme l’URD qui compte une vice-présidente femme.
« Je ne suis pas favorable à une quelconque réduction ou limitation du nombre de partis politiques. On ne peut pas prendre une décision pour dire qu’on va réduire le nombre de partis politiques. Parce que c’est la liberté d’association, on ne peut pas restreindre. Par contre ce qu’on peut faire, c’est de travailler à minimiser la floraison des partis politiques notamment en mettant suffisamment de critères assez objectifs qui vont décourager certainement ceux qui veulent tout simplement créer des partis politiques », ajoute M. Berthé.
Pour lui, les femmes qui sont à des postes de responsabilité au sein de différents partis politiques, le sont sur la base du mérite. « Il faut encourager les femmes à mener le combat en leur donnant les outils nécessaires », ajoute-t-il.
Pour Mme Assetou Sangaré, présidente du Parti pour le Renouveau et le Développement PRD, les femmes doivent s’impliquer davantage en politique. « Ça va de soi que les femmes doivent s’impliquer davantage dans la vie publique, politique du pays, pour la simple raison que dans les statistiques, les femmes sont plus nombreuses que les hommes. Or, dans la représentativité, elles sont à moins de 30 %. Donc, il n’y a pas une logique. Mais on ne peut pas dire que c’est la faute à qui que ce soit. C’est aux femmes de prendre conscience de ce qu’elles sont, de ce qu’elles peuvent apporter dans le sens d’améliorer la gouvernance, d’apaiser les choses ». Elle ajoute : « Il est établi partout aujourd’hui que le terrain politique n’est pas uniquement l’apanage des hommes ou leur chasse gardée, il est recommandé que les femmes s’impliquent dans la « chose politique » en raison de leur poids démographique et électoral. Utilisées plus comme bétail électoral que comme candidates aux différentes élections, les femmes doivent sortir de cette situation pour occuper toute la place qui est la leur dans les élections communales, législatives et pourquoi pas présidentielles comme certaines ont déjà eu à le faire ».
Pour elle, les ANR ne parlent pas de réduction du nombre des partis. « Les ANR parlent de rendre plus stricte le processus de création de parti politique. Ils n’ont pas dit de réduire le nombre de parti politique ». dit-elle.
« Cette question aussi, les gens y mettent beaucoup de passion. Mais il ne faut pas oublier que les partis politiques ne se créent pas comme ça, ils sont créés selon la loi. Et tant que ces lois ne changent pas, tu ne peux pas diminuer le nombre de partis politiques ».
La charte des partis politiques a été adoptée en 2005. De cette date à aujourd’hui, on peut dire sans risque de se tromper, que l’environnement sociopolitique a évolué avec la création de plusieurs partis politiques. La déviation prise par ces derniers qui, bien que bénéficiant de l’aide publique de l’Etat, ne se sont pas suffisamment investis dans la formation et le renforcement des capacités de leurs militants en vue d’en faire des hommes et des femmes conscients, responsables, solidaires, respectueux des principes démocratiques les plus élémentaires. On a constaté avec beaucoup de regrets la dégradation des mœurs, l’arrivée sur la scène politique de jeunes soucieux uniquement de leur promotion, de leur image, de leur visibilité et surtout de leurs « poches ».
« Les partis politiques sont le levain de la démocratie. Sans parti politique, on ne peut pas parler de démocratie. Au Mali, après les événements de mars 1991, nous avons opté pour le multipartisme intégral, depuis il y a plus de 30 ans, notre pays a enregistré trois présidents élus démocratiquement et deux transitions politiques en 2012-2013 et celui qui est en cours et qui a commencé en août 2020 », explique Mme Maïga Sina Damba, vice-présidente du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires Refamp.
Pour elle, le contexte politique national ayant évolué, la charte des partis politiques doit également évoluer. « Il y a des insuffisances. Je peux citer la question de la représentativité des femmes et du financement public des partis quand ils ont des élus. Il faut qu’on augmente à 10% le quota attribué aux partis qui font élire des femmes. Il faut juste relire la charte et l’adapter au contexte actuel. Sinon, il n’est plus à prouver que les femmes ont largement leur place sur la scène politique nationale, régionale, locale. Donc, s’il y a relecture de la charte, en profiter pour remettre les choses dans leur contexte ».
Pour Mme Assetou Sangaré, le rôle de la Cour constitutionnelle est connu. « Si nous estimons que le rôle de la Cour constitutionnelle dans les élections de notre pays mérite d’être amélioré ou recadré, asseyons-nous et parlons-en. Mais, le problème, c’est nous-mêmes, citoyens. On aura beau changer la loi, relire les textes, les améliorer, tant que ceux qui seront en poste ne s’assumeront pas, sans parti pris, ça ne changera pas ».
Pour la présidente du PRD, il n’y a pas de risque pour les femmes si on décide de relire la Charte. « Au contraire, les femmes ont tout à y gagner, en effet, les insuffisances notées seront vues et corrigées, la prise en compte du genre sera clairement énoncée à travers la loi 052/15 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans les fonctions nominatives et électives
Pour Yacouba Berthé de KAS, il faut des critères d’évaluation des partis. « Je comprends difficilement qu’un parti puisse choisir ses élections. Je connais des partis qui ne vont qu’aux élections municipales alors qu’au même moment la charte indique que le parti doit être national ».
Pour Fatoumata Ina Diallo de Wildaf, il faut se battre pour le respect du quota dans les partis.
Aminata Agaly Yattara
Cet article a été publié avec le soutien de JDH Journalistes pour les Droits Humains et NED
Voilà un autre mot imposer par l Occident afin de nous mettre dos à dos avec les femmes : représentativité des femmes, quota pour les femmes. Des mots vide de sens non appliqués chez eux. Il est temps de rompre avec ces mots qui conduisent à la médiocrité de beaucoup de femmes. Il faut parler de compétences plutôt. Les femmes intellectuelles compétentes honnêtes gagnent leur place leur bon poste sans passer par ces mots bidons. Ces femmes compétentes dirigent vaillamment des hommes, sans aucun complexe. Les autorités et services incompétents non intellectuels, ayant un penchant à la médiocrité utilisent beaucoup ces mots qui n existent que dans les pays africains afin de mettre toujours Afrique en retard. Celui qui n est pas d accord avec moi, je le défie de me rencontrer sur n importe quel média.
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