De nos jours, on remarque que La plupart des jeunes choisissent leurs conjoints sur des critères plus opportunistes que sentimentaux. Ce constat est beaucoup plus visible dans les grandes villes où nul n’est prêt à assurer seul les dépenses familiales. A coté de ces pessimistes, il y a aussi ceux-là qui fondent leur foyer sur certaines valeurs morales.
Généralement contre le souhait de leurs parents, certaines filles s’attachent aux hommes qu’elles aiment ou qu’elles convoitent. Pour s’imprégner de la situation, nous avons approché certains jeunes de Bamako. Ainsi cartable au dos, cette étudiante en 2ème année à la FSJP indique : « Je préfère me marier à un homme qui a un bon boulot et les moyens d’entretenir une femme et ses enfants, ensuite le reste viendra après ». Quant à Claire, elle n’a pas le choix puisque ses parents lui ont déjà trouvé un fiancé. Cette sélection du conjoint n’est pas propre aux filles seulement. A la sortie de la salle des profs, ce jeune enseignant avoue : « Je cherche une fille qui pourrait m’aider financièrement dans mon foyer parce que je n’ai pas de salaire conséquent ».
Plus âgés que leurs prédécesseurs, ces deux pères de famille nous expliquent le choix de leurs épouses. L’un est un quadragénaire et mécanicien de son état : « Quand j’avais 25 ans, mon père m’a donné en mariage la fille d’un de ses amis. Au début, je m’en plaignais, mais aujourd’hui on s’entend parfaitement et tout va bien après 17 ans de mariage ». Pour cet autre électricien, c’est encore plus contraignant, ainsi intervint-il : « Dans notre tradition, la famille de ta mère se doit de te donner une femme. Et pour ne pas faire exception à cette règle, j’ai accepté celle qu’on m’a proposée. Généralement, ces genres de mariage se font pour tester l’éducation de l’enfant et mettre à l’épreuve sa valeur morale et lorsque ça ne marche pas, c’est l’honneur de toute une famille qui est engagé. »
Contrairement aux deux premiers, Edouard n’a reçu de ses parents aucune directive pour son mariage. Il a tout simplement épousé celle qu’il a rencontré au lycée, et personne ne se plaint de rien.
Au-delà de ceux qui cherchent quelqu’un qui les aidera à surmonter les obstacles que nous imposent les réalités de la vie, il y a aussi de ces filles qui sont purement matérialistes. Pour savoir exactement de quoi il est question, nous avons fait un tour dans une pâtisserie prisée de la place. Avant qu’elle ne s’installe, nous avons approché une charmante dame qui vient de descendre de sa Mercedes 190 : « Pour un début, je ne demande pas trop à mon mari, je lui demande tout simplement de renouveler ma voiture et d’assurer mes 3 000 F de carburant journalier. Et cela est d’ailleurs une promesse d’avant mariage. » A deux tables de là, une jeune métisse dégustant une madeleine est plus préoccupée par ses études : « Je cherche un mari qui puisse m’envoyer et financer mes études aux USA, c’est cela mon rêve d’enfance. »
A quelques mètres se trouve un « Night club ». Là, l’ambiance est beaucoup plus accentuée en son et en lumière. Sapée dans sa robe de nuit noire brillante, cette secrétaire de formation est plus exigeante : « Je veux comme conjoint celui qui possède une maison, une voiture, un compte bancaire considérable et qui pourrait payer mes voyages de courtoisie à l’étranger puisque c’est ce que j’aime. » Sa voisine plus réticente trouve que cette question de choix du conjoint est personnelle : « Je ne peux rien vous dire pour l’instant, mais au moment venu, je saurai à qui me marier. »
Loin de viser le matériel ou encore de préserver des valeurs morales ou culturelles, certaines personnes ont d’autres raisons qui leur sont personnelles pour ce qui est du choix du conjoint. La vingtaine et mère d’un petit garçon, Mariam, jeune fille musulmane nous avoue s’être mariée à François (chrétien) rien que pour se prémunir d’un mariage polygamique. Comme quoi, chacun a les raisons de son choix. Dans tous les cas, nous ne pouvons que souhaiter bon ménage à ces centaines de couples qui viennent de se marier et dont, Dieu seul est à mesure de savoir les vraies motivations des uns et des autres. Pour notre part, et à la lumière de nos différentes interviews, nous savons qu’il y certains mariages qui se sont fondés sur la base du matériel et d’autres par amour.
CHRISTOPHE KONE