Ami Kane lors de sa rencontre avec les représentants des commerçants : « Tout est négociable, sauf l’arrêt de l’opération de déguerpissement »

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Malgré les échauffourées qui ont opposé les forces de l’ordre aux commerçants détaillants du grand marché de la ville de Bamako le samedi dernier, l’opération de déguerpissement des artères de Bamako se poursuit. Hier, lundi 1er août 2016, pendant que les forces de l’ordre continuaient l’opération, le Gouverneur du District de Bamako, Mme Sacko Aminata Kane, rencontrait  au Gouvernorat les représentants des commerçants, des leaders traditionnels et des religieux pour échanger sur les difficultés rencontrées dans l’opération, notamment les incidents du samedi passé. Et même si la majorité des participants de la rencontre reconnait avoir été associée à l’opération, certains ont déploré le déficit de communication et de sensibilisation et, surtout l’absence de  mesures d’accompagnements. Ami Kane a rassuré les uns et les autres de sa disponibilité à dialoguer afin que l’opération de libération des voies publiques puisse se faire dans les meilleures conditions, mais prévient –elle, tout est négociable, sauf l’arrêt des opérations. « Je suis d’accord pour le dialogue, mais engager le bras de fer avec le pouvoir met en péril l’autorité de l’Etat. Cela ne va pas m’intimider. Je ne profère pas de menaces, mais disons nous la vérité : il faut respecter la loi sinon on met la survie de l’Etat en danger. Je compte sur la collaboration de tout le monde », a –t- elle déclaré.

Trois tours d’horloge, c’est le temps qu’a duré la rencontre entre le gouverneur de Bamako, les représentants des commerçants, des leaders traditionnels et des religieux sur l’opération de libération des voies publiques qui est en cours dans le district de Bamako. A tour de rôle, chacun s’est prononcé sur la mesure du gouverneur de Bamako pour assainir la capitale malienne. Beaucoup d’interrogations ont été soulevées par les uns et les autres, surtout concernant le déguerpissement des artères du grand marché de Bamako qui a provoqué des heurts entre les forces de l’ordre et les commerçants le samedi passé. Dans la salle de réunion polyvalente du gouvernorat, à l’image du représentant de la famille fondatrice de Bamako,  Dramane Niaré, tout le monde était unanime sur la pertinence de l’opération. « On ne peut pas plaire à tout le monde. Bamako la coquette est aujourd’hui devenue une ville salle. Nous soutenons l’initiative », a-t-il indiqué. Le coordinateur des chefs de quartier de Bamako, Bamoussa Touré, renchérira que le début de l’opération est certes difficile, mais qu’elle est vitale : « Nous devons aider les autorités. A la fin de l’opération, les gens se rendront compte de son utilité ». Selon Moussa Bah de Sabati 2012, il faut dire la verité aux militants. « 80% des militants de Sabati 2012 ont été déguerpis. Si cette opération échoue il n’y aura plus d’autorité au Mali », a-t-il soutenu.

Mesures d’accompagnement, communiquer et sensibiliser
Tout en reconnaissant l’utilité d’une telle action dans la ville de Bamako, beaucoup d’intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des mesures d’accompagnement, d’accroitre la communication et la sensibilisation sur la mesure. « Chaque opération doit obéir à des préalables. Je ne dis pas que ces préalables n’ont pas été faits, mais elles restent insuffisantes. Les mesures d’accompagnements en amont n’ont pas été faites par le gouvernement. Aucun pays ne peut se développer dans l’anarchie. », selon Issa Kaou Djim, le représentant du Haut Conseil Islamique. Mopha Haidara, le représentant du groupement des leaders religieux, abondera dans le même sens. Même si l’occupation anarchique n’arrange personne, on ne déguerpit pas, de son avis, les gens par la force. « Il faut que les travaux se fassent dans les règles de l’art. En plus cette histoire de Sommet Afrique-France est un handicap pour l’opération. »

Youssouf Bathiliy, le président de la CCIM, pour sa part, demande la construction de marchés en nombre suffisant pour accueillir les déguerpis, car de son avis, ce qui ont été déguerpis sont plus nombreux que les places disponibles dans les marchés. Partageant le même avis, Cheick Oumar Sacko, le président du Synacodem, propose la transformation des bâtiments administratifs en marchés pour recaser tous les déguerpis. Mamoudou Minkoro Traoré, le président de la Chambre des métiers du Mali, quand à lui, a souligné la nécessité que tout le monde soit associé : «  On soutient l’opération. On est nombreux, mais on est occulté. Il faut des mesures d’accompagnements. » Adama Sangaré, le maire du district de Bamako s’est réjouit de la rencontre qui, de son avis, doit être le plus souvent renouvelée pour éviter les échauffourées du samedi passé. «  Il faut un regroupement des associations pour que le travail soit simplifié. C’est un travail de longue haleine. », a souhaité l’édile de la ville de Bamako.

« Je ne suis pas là pour le sommet Afrique-France, je suis là pour Bamako »

Ami Kane, le gouverneur du district de Bamako, dans ses propos, a été on ne peut plus clair : « Tout est négociable, sauf l’arrêt de l’opération de déguerpissement. Je suis d’accord pour le dialogue, mais engager le bras de fer avec le pouvoir met en péril l’autorité de l’Etat. Cela ne va pas m’intimider. » Elle indiquera qu’elle compte sur la collaboration de tout le monde pour  la réussite de l’opération. « Je ne profère pas de menaces, mais disons nous la vérité : il faut respecter la loi sinon on met la survie de l’Etat en danger. », a-t-elle dit. Avant d’ajouter qu’elle n’est pas là pour le Sommet Afrique France. « Je suis là pour Bamako. Il y a une commission spécifique pour le Sommet. S’ils vous ont dit que c’est à cause du sommet, ils vous ont induit en erreur. », a-t-elle déclaré.

Dans ses explications, Ami Kane a soutenu que depuis le début de l’opération tout a été fait dans les règles de l’art. « On n’est pas entré dans le marché. Il s’agissait de dégager les voies. Sacko, le président de la synacodem a promis de nous aider et de sensibiliser les commerçants détaillants dans ce sens. Tous les propriétaires des kiosques ont enlevé leurs marchandises avant qu’on ne les enlève. Nous n’avons nullement l’intention de détruire les biens des gens. Je le dit haut et fort, on n’a dégagé que les voies

Pour recaser les déguerpis, le gouverneur de Bamako a signalé l’existence de places dans plusieurs marchés de la capitale et qu’il suffit juste aux déguerpis d’en faire la demande. « En commune II, nous avons 500 places au niveau du marché Bomboli sougou, 500 places à la zone industrielle, 200 places au Sans fil, 200 places à l’hippodrome… il y a aussi des places au niveau des marchés de Sébenicoro, de Lafiabougou, Hamdallaye. On a pensé à tout ça. On a fait des études avant de commencer l’opération. Ils peuvent aller l’occuper quand ils veulent. »

Ami Kane est catégorique. Selon elle, personne ne sera épargné par l’opération. « Les gens se plaignent du cas du blabla et de la terrasse. Ces deux endroits ont des contrats avec la mairie de la commune II. J’ai demandé à la mairie de venir avec la copie du contrat afin que les experts de l’urbanisme l’étudient pour qu’on sache les limites de ces deux endroits. Une fois que cela sera fait, on va enlever les parties qui sont sur la voie. Il n’y aura pas de politique de deux poids deux mesures. », a affirmé le gouverneur.

« Je compte sur vous (Bathily et Sacko) pour apaiser les commerçants. Je suis d’accord pour le dialogue, mais engager le bras de fer avec le pouvoir met en péril l’autorité de l’Etat. Cela ne va pas m’intimider. Je ne profère pas de menaces, mais disons nous la vérité : il faut respecter la loi sinon on met la survie en danger. Je compte sur la collaboration de tout le monde », a-t-elle conclu.

Madiassa Kaba Diakité

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