Les faucons de deux camps ont pris l’ascendant sur les colombes,éloignant les chances d’un compromis possible. Mamadou Sinsy Coulibaly, grand perdant du procès en appel, pourrait tenter un baroud d’honneur devant la juridiction suprême.
Deux protagonistes, un fauteuil. Un de trop qu’il fallait éliminer. Amadou Sankaré est sorti vendredi grand gagnant du procès en appel. La cour d’appel a opposé une irrecevabilité à toutes les requêtes de son adversaire Mamadou Sinsy Coulibaly relatives à son expulsion ou à la rétractation de son ordonnance d’installation et à l’annulation des élections qui l’ont porté à la tête du patronat.
Les deux hommes s’étaient livrés un combat à ciel ouvert et sans concession, multipliant les recours en justice et les invectives, faisant monter la mayonnaise à l’approche de chaque verdict souvent repoussé. Ce verdict marque le début de la fin d’une longue bataille, mais pas l’épilogue. La partie qui s’estime lésée peut se fendre devant la cour suprême. Une hypothèse d’autant probable qu’on s’éloigne de plus en plus de la possibilité d’en arriver à un compromis. Savourant sa victoire, il serait difficile à Amadou dit Diadié Sankaré de convaincre son camp où les faucons ont pris l’ascendant sur les colombes d’aller dans ce sens. Aussi, Mamadou Sinsy Coulibaly, poussé dans le dos par les radicaux qui ont soif de tenter un baroud d’honneur devant la juridiction suprême, est peu disposé à ranger ses armes.
Le duel pourrait laisser déjà derrière lui un champ de ruine, une image dégradée dont le patronat mettrait du temps à se relever. A terme, il ne serait superflu de pronostiquer sur sa scission. Le perdant serait tenté de mettre sur fonts baptismaux une nouvelle entité, une excroissance, à l’instar notamment des partis politiques et d’organisations syndicales. Loin de nous toute tentation de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais le risque existe vu que toutes les issues heureuses ont semblé boucher.
Deux présidents, un fauteuil
Un retour sur info a l’avantage d’édifier davantage sur la violence des attaques personnelles. Très vite le ton est donné. Les fieffés partisans de Mamadou Sinsy Coulibaly, l’homme le plus riche du Mali, et porte-drapeaude la lutte contre la corruption ont taclé Amadou Sankaré dit Diadié dépeint comme une marionnette au service d’ennemis cachés derrière d’épais rideaux.
Côté Sankaré, on n’est pas allé de main morte. Le candidat jugé porteur d’idées nouvelles à même d’imprimer une nouvelle impulsion au patronat en rupture avec le surplace incarné par le camp d’en face coupable à leurs yeux de donner une déclinaison politique au CNPM qui lui a pompé tout l’air en l’empêchant de connaître un essor fulgurant.
Au-delà de ces passe -d’armes, la tempête électorale née a davantage empoisonné le climat. Les doublons sur les listes de candidature transmises faisaient planer de grosses incertitudes sur la convocation du collège électoral le 26 septembre dernier. Contre toute attente, les délégués se fracassaient le nez contre les portes fermées du siège sur ordre du président sortant, Mamadou Sinsy Coulibaly. Au lieu de rebrousser chemin, ils tenaient le scrutin dans la rue. Le décompte des voix était favorable à Amadou Sankaré: 89 contre 1 à Mamadou Sinsy Coulibaly et 17 votes blancs
L’affaire n’était pas pour autant pliée. Mamadou Sinsy Coulibaly allait à la pêche des suffrages le 8 octobre dernier. Et sans surprise, il passait haut les mains. Sur un total de 107 délégués présents, 102 ont glissé leur bulletin en sa faveur.
A la bataille électorale succédait la bataille judiciaire. Le 12 octobre, Amadou Sankaré était aux anges. Le tribunal de la commune IV lui délivrait une « ordonnance gracieuse », l’autorisant à occuper les locaux du CNPM. La réplique du camp adverse n’avait pas tardé. Le 13 octobre, les avocats de Coulibaly déposaient un recours devant la même juridiction aux fins d’annulation de la décision. Au terme de plusieurs reports la décision autorisant Amadou Sangaré à s’installer dans le fauteuil très convoité au siège de l’organisation était annulée le 30 octobre. Toutefois, ce dernier estimait que cette annulation ne signifiait pas qu’il devait être congédié des locaux du CNPM.
Georges François Traoré