En mars 1991 il y a eu une alternance politique au Mali. L’État UDPMISTE a été vaincu. Mais en 26 ans, les acteurs du mouvement démocratique ne se sont attaqués ni aux structures économiques, ni aux superstructures idéologiques et politiques d’un pays semi féodal. Pire, les “démocrates” n’ont même pas pu assumer les prérogatives d’un État souverain.
Nous sommes passés d’un État autoritaire à un État faible et laxiste; du parti unique constitutionnel au multipartisme intégral frôlant l’anarchie. Les réformes économiques effectuées sous la houlette des institutions de Breton Wood (Banque mondiale et FMI) à travers 26 ans d’ajustement structurel néo-libéral, n’ont entrainé que croissance sans développement, c’est-à-dire sans changement des rapports de production, du cadre de vie et des conditions de travail du citoyen lambda. Au même moment, il est évident que la machine économique a fonctionné pour les tenants du pouvoir. Le salaire mensuel du président de la République est passé de neuf cent mille (900000) FCFA à quatre millions (4000000) FCFA (344% d’augmentation).
Un député qui n’a pas le DEF(Diplôme d’Etudes Fondamentales, l’équivalent du BEPC français) peut payer 5 à 10 médecins;
La délinquance financière est devenue le sport favori des élites maliennes;
L’impunité a enlevé toute autorité à l’État.
Face à une telle situation politique, économique et sociale, parler d’alternance au Mali en 2018 revient à changer cet ordre établi et cela se passe forcément par une carte NINA et un changement de mentalité.
Ma carte NINA, mon arme
Parler d’alternance en 2018 dans un pays occupé par des forces armées étrangères financées par des multinationales pour la défense de leurs intérêts sous le prétexte fallacieux de lutter contre le terrorisme en nous proposant comme arme la carte NINA est perçu par certains comme une manipulation. Que non !
En effet, la souveraineté est le principe de l’autorité suprême. En matière de politique, la souveraineté est le droit absolu d’exercer une autorité (législative, judiciaire et/ou exécutive) sur une région, un pays ou sur un peuple.
La souveraineté nationale caractérise l’indépendance de l’État-nation par rapport à d’autres États ou à des instances internationales, hormis pour les autorités que cet état a librement accepté de céder.
La souveraineté peut être détenue par : Dieu ou ses prêtres (théocratie) ; une seule personne (monarchie) ; un groupe de personnes (oligarchie) ; la nation (démocratie représentative) ; le peuple (démocratie directe) ; les firmes transnationales (Corporatocratie).
La corporatocratie, terme non reconnu encore dans les dictionnaires français existe pourtant bel et bien dans les faits. Cette nouvelle gouvernance se réfère à un système économique et politique contrôlé par les firmes transnationales ou les représentants de leurs intérêts. Nous vivons actuellement sous ce régime. En plus d’avoir livré 8 millions de cartes NINA au gouvernement malien en Juin 2013, l’entreprise française Morpho (filiale de Safran) a également créé une base de données biométriques, comprenant tous les citoyens de 15 ans et plus. Combien coûte une carte NINA au contribuable malien? Cette carte profite-t-elle à l’électeur malien ou au patron de cette entreprise ?
En tout cas, de l’avis général la carte Nina profite aux Maliens parce que c’est à travers à elle, à elle seulement qu’ils peuvent élire ou choisir la personne de leur choix.
Sambou Sissoko