Dans sa parution 118 du jeudi 20 décembre 2012, notre rédaction a signalé la chute du Stock national de sécurité alimentaire du Mali de 35 000 à 811 tonnes. Malgré les efforts des partenaires multinationaux, ce stock, semble-t-il, n’est toujours pas reconstitué. Cet état de fait expose notre pays à un risque énorme. Lire notre grand format.
Selon nos sources, seuls 3,24% du stock physique national de céréales sont disponibles dans les magasins de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM). La quantité normale a chuté de 35 000 à 811 tonnes et l’OPAM ne disposerait d’aucun fonds pour la reconstituer. Il convient de préciser que ce stock a été discrètement ponctionné pour faire face à la crise alimentaire de 2011 où 40 000 tonnes de céréales sèches (114%) avaient été prélevées. Et depuis, selon notre source, aucune des mesures envisagées n’a permis d’acheter les céréales pour les stocker.
Pis, une bonne partie de nos récoltes est exportée vers nos pays voisins rendant encore difficile la reconstitution de notre Stock national de sécurité (SNS) dont le total fait 50 000 tonnes pour un coût de 25 milliards de nos francs. Il se compose de 35 000 tonnes de céréales physiques nécessitant 20 milliards et de 25 000 tonnes sous forme de ligne de crédit pour une enveloppe de 5 milliards de Cfa. Alors à quoi l’OPAM est-il réellement confronté?
Car, on sait que dans le cadre de la mise en œuvre du dispositif de la sécurité alimentaire l’Etat a confié à cette structure un certain nombre de missions. Il s’agit principalement de la constitution et de la gestion du SNS et du Stock d’intervention de l’Etat (SIE) ainsi que de la gestion de l’ensemble des aides alimentaires octroyées au Mali dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale.
L’autre hic c’est que lors d’une réunion du CILSS à Lomé (Togo) la Banque islamique de développement (BID) sollicitée par le Mali avait donné son accord pour un prêt de 7 milliards de Cfa. Malheureusement notre pays n’a pu bénéficier de cette aide. Le ministre de l’économie et des finances, celui des affaires étrangères et son collègue de l’agriculture de l’époque qui n’auraient pas mis l’intérêt supérieur du Mali au dessus de leurs incompréhensions sont indexés. «Tous les magasins sont vides et cela est bien vérifiable», s’inquiète notre source.
Notre pays est donc confronté à trois incertitudes et non les moindres. À savoir : la situation au nord, la difficulté pour le gouvernement à trouver les financements adaptés pour remettre en place le Stock national de sécurité (SNS) et la vulnérabilité des populations à cause de leur pouvoir d’achat fortement affecté par la conjoncture.
Par conséquent, le Commissariat à la sécurité alimentaire, le Programme de restructuration du marché céréalier (PRMC), l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) et le ministère de l’agriculture doivent faire preuve de génie pour reconstituer notre SNS. Ce qui permettra de mettre le Mali à l’abri de l’insécurité alimentaire tant redoutée.
Par ailleurs, à rappeler que début 2013 le gouvernement brésilien a bien voulu offrir au Mali 30 000 tonnes de riz. Il a perdu cette aide aussi malgré le mémorandum adressé le 4 février 2013 aux plus hautes autorités par Alou Soumano secrétaire général du comité syndical de l’OPAM. Nos sources mettent en cause quatre hommes qui étaient des hauts responsables au moment des faits. Il s’agit du ministre de l’économie des finances et du budget Tiénan Coulibaly, de son collègue de l’agriculture Baba Berthé, du commissaire à la sécuritaire alimentaire Yaya Nouhoum Tamboura et du directeur général de l’OPAM Boubacar M Diallo.
Ce quatuor se serait rivalisé de talents épistolaires concernant le lieu de stockage de ce riz brésilien, les modalités de vente pour amortir le coût du transport et la clef de répartition entre les régions. Divergents sur ces détails, chacun a voulu montrer à l’autre qu’il a plus d’un tour dans son sac. Finalement, une partie du stock national de sécurité (SNS) d’un peu plus de 13 millions de Maliens n’a pu être reconstituée. Le délai ayant expiré en fin avril 2013, le Brésil aurait offert son riz à un autre pays.
À suivre…
Dégnoumé Diarra