Stock National de Sécurité (SNS) : L’outil principal de la sécurité alimentaire au Mali

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En année de déficit alimentaire limité, le SNS permet, par la mobilisation de ses seules ressources, une exécution rapide et efficace des recommandations émises par le Système d’Alerte Précoce (distributions alimentaires gratuites ou composante céréales des actions alternatives). En cas de crise alimentaire généralisée, il constitue la défense de “premier niveau” qui, renforcée par la mobilisation du Fonds de Sécurité Alimentaire , permet d’exécuter les interventions les plus urgentes, en attendant l’arrivée des aides extérieures. Le niveau du stock physique de céréales composant le SNS est plafonné à 35.000 tonnes et il est financé par les partenaires du Mali.

«Si le Mali peut, aujourd’hui, se sentir prêt à gérer des problèmes en matière de sécurité alimentaire, c’est parce que nous disposons d’un outil très organisé. Parmi les différents éléments qui le composent, le SNS est l’un des principaux», nous confiait, il y a peu, la Commissaire à la Sécurité Alimentaire, Mme Lansry Nana Yaya Haïdara.

 

 

Pour ceux qui ne le savent pas, l’OPAM met à la disposition du SNS, de façon permanente et exclusive, des magasins représentant une capacité de stockage de 40 000 tonnes, réparties entre les régions de Kayes (3 000 tonnes), Ségou(17 500 tonnes), Mopti (10 000 tonnes), Tombouctou (4 500 tonnes), Gao (4 500 tonnes) et Kidal (500 tonnes). Cette capacité globale, qui dépasse le volume physique moyen du SNS, doit permettre de garantir une souplesse suffisante lors de la gestion de ce stock.

 

 

Le stock physique est prioritairement constitué de mil / sorgho d’origine locale. L’OPAM veille au maintien de la qualité des céréales stockées, en assurant des conditions de stockage professionnelles, des contrôles et des traitements phytosanitaires périodiques et des rotations techniques permettant le renouvellement régulier des céréales stockées (en règle générale, la durée du stockage ne devra pas dépasser 3 ans).

 

 

Si besoin est, ou à la demande d’un partenaire, l’OPAM fera effectuer par un laboratoire indépendant, aux frais du Programme de Restructuration du Marché Céréalier, les analyses nécessaires pour s’assurer des qualités nutritionnelles et organoleptiques des céréales.

 

 

Le stock de 40 000 tonnes, en année normale, est réparti entre les magasins SNS, de manière à répondre au mieux aux deux impératifs que sont: réduire les coûts, en limitant au maximum l’achat des céréales et leur sortie du SNS pour distribution gratuite ou rotation technique; et amoindrir les risques, en s’assurant de pouvoir mettre à disposition, localement et sans rupture significative d’approvisionnement, les volumes de céréales que nécessiteront les recommandations du SAP.

 

 

Selon ses explications, compte tenu de certaines contraintes (risques climatiques des différentes régions, difficultés particulières de transport) l’OPAM effectue un pré positionnement des céréales SNS dans les zones le plus à risques, afin d’assurer un niveau minimum de disponibilité. Ainsi, on en trouve à Kayes (2 000 tonnes), Tombouctou (3 500 tonnes), Gao (3 500 tonnes) et Kidal (500 tonnes), soit 9.500 tonnes.

 

 

«Chaque année, dès communication des recommandations provisoires du SAP, l’OPAM prend les dispositions complémentaires pour modifier la ventilation du SNS, afin de pouvoir faire face aux besoins prévisibles. En particulier, l’OPAM profite de la courte période de navigabilité du fleuve Niger pour procéder au transfert des céréales nécessaires à Tombouctou» nous a expliqué un technicien de l’OPAM.

 

 

Ces prévisions de transferts, il faut le noter, sont incluses dans le “Programme d’Opérations” soumis à l’approbation du Comité de Coordination et de Suivi des Programmes Sécurité Alimentaire (CCSPA) en début d’année. Ce programme d’opérations est réactualisé chaque trimestre par le CCSPSA sur proposition de l’OPAM.

 

Des prélèvements très réglementés

Contrairement à ce qu’on a pu lire dans la presse ces derniers temps, les prélèvements sur le SNS pour la mise en œuvre d’actions de sécurité alimentaire ne peuvent s’effectuer que suite à une recommandation du SAP, approuvée par le CCSPSA, et ayant donné lieu à une requête de la part du Commissariat à la Sécurité Alimentaire. La prise en charge financière de cette opération peut être assurée par le PRMC (Etat et / ou donateurs) ou par un autre partenaire. Les recommandations du SAP à prendre en considération peuvent porter sur des distributions gratuites de céréales, des ventes à prix modérés ou des actions alternatives comprenant une composante en céréales.

 
Les tonnages de céréales destinés à la mise en exécution des recommandations du SAP sont livrés par l’OPAM en position “Carreau magasin SNS”, à un prix déterminé chaque année et pour chaque centre SNS par la comptabilité analytique de l’OPAM, sur la base du coût effectif des céréales (prix d’achat et frais d’approche), hors coût de stockage SNS. Ce prix tient compte de la qualité de la céréale livrée (mil ou sorgho marchand / céréale nettoyée).

 

 

Exceptionnellement, si le marché se révèle localement incapable de fournir les céréales nécessaires, et dans la mesure où le niveau de ses stocks le lui permet, l’OPAM peut, sur autorisation expresse du PRMC, livrer des céréales à un acteur institutionnel œuvrant dans le domaine de la sécurité alimentaire. Tout prélèvement sur le SNS destiné à la mise en œuvre d’actions de sécurité alimentaire doit être précédé du règlement de la totalité des coûts engendrés par l’opération, ou d’un engagement de reconstitution financière intégrale dans un délai maximum de 6 mois.

 

 

Dans le cas où les céréales SNS sont prélevées à la demande, et à la charge, d’un opérateur institutionnel autre que l’Etat ou l’entité PRMC, l’OPAM appliquera un taux de marge sur le coût total de l’opération. Ce produit net viendra pour moitié en déduction du coût de gestion du SNS.

 

 

Les ventes en rotation technique, elles, ont pour objet de conserver la qualité des céréales constituant le SNS en procédant à un renouvellement de celles-ci sur une période d’environ 3 ans. Ces rotations sont proposées par les services techniques de l’OPAM, à partir de critères essentiellement techniques, liés à la qualité et aux possibilités réelles de conservation des céréales. Elles sont incluses dans le programme annuel d’opérations soumis en janvier pour approbation au CCSPSA, cette approbation rendant exécutoire la réalisation des rotations techniques annuelles.

 

 

Ces ventes s’effectuent en priorité sous forme d’offres publiques régionalisées, ou d’appels d’offre, à des conditions tenant compte des réalités du marché. Ces opérations s’effectueront de manière à garantir un bon résultat économique à l’OPAM, tout en exerçant un effet favorable sur le marché. Il reste entendu que l’OPAM, en fonction des conditions de l’approvisionnement local, peut également réaliser ces ventes par lot minimum de 2 tonnes, proposées au prix du marché, des ventes à prix modérés.

 

 

La reconstitution en priorité locale
La reconstitution du SNS s’effectue en priorité par achats locaux, effectués sous forme d’offres publiques d’achat ou appels d’offres ouverts aux opérateurs céréaliers comme aux banques de céréales, aux coopératives et autres groupements et aux associations villageoises. Les achats s’effectuent en position Rendu magasins SNS, emballés en sacs de jute neufs tarés à 101 kg ou tous autres sacs acceptés par l’OPAM, et avec un taux d’impuretés conforme aux normes de l’OPAM.

 

 

Les conditions d’achat et de rotation technique sont approuvées par l’OPAM et le comité technique du CCSPSA en fonction de l’évolution de la situation du marché et des ressources du PRMC. Afin de limiter au maximum le stockage et le transport de matières non consommables, un effort particulier est fait pour acheter une proportion croissante de céréales nettoyées (taux d’impuretés inférieur à 5%). Ces céréales, achetées à un prix plus élevé que les céréales marchandes, sont stockées à part.

 

 

Un plan d’urgence huilé
Le plan d’intervention d’urgence est le chronogramme détaillé des procédures et tâches à exécuter en cas de crise majeure, avec une indication précise des structures chargées de sa mise en œuvre. Ainsi, en cas de crise majeure, sur la base de l’évaluation de la situation fournie par le SAP, le CCSPSA prend une décision déclenchant la mise en œuvre du plan d’intervention d’urgence.

 

 

Suite à cette décision, l’OPAM à la responsabilité d’élaborer un plan de ravitaillement détaillé, de réactiver ses infrastructures et équipements, ainsi que de mobiliser les moyens matériels et humains complémentaires nécessaires, de préparer et de lancer le programme d’importation de céréales. C’est aussi l’OPAM qui pilote le plan de transport, permettant l’acheminement des céréales importées et qui approvisionne de façon régulière les centres de distribution.

 

 

Quant à la base de données, c’est un outil de gestion des informations relatives à la sécurité alimentaire et au marché céréalier. Elle facilite la mise en œuvre du plan d’intervention d’urgence et permet un approvisionnement efficace des zones touchées par la pénurie alimentaire. A cet effet, elle est régulièrement mise à jour, avec la collecte et la saisie des informations appropriées. En dehors des périodes de crise, l’OPAM est chargé, de façon régulière, d’assurer la gestion et la maintenance de ses infrastructures et équipements non utilisés par le SNS. Ces infrastructures et équipements non utilisés devant être mobilisés, sans délais, en cas de crise alimentaire majeure.

 
Il faut, enfin, retenir qu’à la date du 23 mars 2011, le SNS compte 24 272,200 tonnes de mil local et 3 599,450 tonnes de sorgho local, soit un total de 27 871,650 tonnes. Dans notre prochaine parution, nous vous ferons découvrir l’autre stock, le SIE (Stock d’intervention de l’Etat), mis en place et financé par le gouvernement du Mali.

Paul Mben

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