Situation humanitaire au Mali : Le dernier bulletin de l’OCHA plutôt rassurant !

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Près de 740.000 personnes assistées en sécurité alimentaire ; retour graduel des personnes déplacées ; hausse du taux d’absentéisme aux examens de fin d’année dans le nord ; destruction de 160 tonnes de munitions obsolètes et inutilisables etc. Tels sont quelques points saillants du dernier bulletin publié par le bureau de Coordination des actions humanitaires de l’ONU (OCHA) sur la situation humanitaire au Mali de juin à juillet 2015. Extraits choisis.

Sur la période, les membres du cluster sécurité alimentaire ont assisté au mois de juin près de 740 000 personnes à travers plusieurs types d’interventions (distributions de vivres, intrants agricoles, appui à l’élevage, transferts monétaires et activités génératrices de revenu) soit 85 pour cent d’augmentation par rapport au mois d’avril. Par ailleurs, dans le cadre du Plan National de Réponse du Gouvernement dans ce secteur, le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) et ses partenaires prévoient  de distribuer en août 40 400 tonnes à 700 000 bénéficiaires à travers des distributions générales d’aliments. Cependant, le manque d’appui aux éleveurs pour la campagne pastorale 2015 demeure un défi, et ce, malgré des messages d’alerte émis depuis août/septembre 2014.

Le cluster a décidé de réactiver le groupe technique élevage afin de tirer les leçons de ce constat et d’identifier les moyens nécessaires pour prévenir une prochaine crise pastorale. Sur une prévision de 10 000 tonnes, seules 8000 tonnes d’aliments-bétail pour les ventes subventionnées et distributions ciblant les éleveurs ont pu être mobilisées faute de disponibilité et en raison de difficultés d’approvisionnement.

 

Les déplacés de mai-juin rentrent graduellement

La tendance au retour des personnes déplacées internes (PDI) dans leurs localités d’origine se poursuit dans les différentes régions du nord et du centre notamment à Mopti et Tombouctou depuis un calme relatif observé dans la situation sécuritaire. Les partenaires sur le terrain constatent que la majorité des personnes déplacées au cours de la vague de violences observée en mai-juin dans la région de Tombouctou ont entrepris de rentrer chez elles. Ainsi, les partenaires sur le terrain focalisent leur assistance dans les milieux de retour. Le cercle de Goundam (Goundam ville et Tonka), est le seul où les PDI sont encore nombreuses dans leurs sites d’accueil. En termes d’assistance, le PAM et ses partenaires ont récemment assisté les PDI avec 40 tonnes de vivres. Un soutien en distribution de cash (argent comptant) est aussi prévu pour près de 7000 personnes retournées dans la commune de Bintagoungou (région de Tombouctou). Par ailleurs, dans la localité de Dialloubé dans la région de Mopti, près de 2500 personnes déplacées ont reçu une assistance humanitaire en vivres (45 tonnes), moustiquaires, intrants pour la prise en charge des enfants malnutris, non vivres, etc.

 

Hausse du taux d’absentéisme aux examens de fin d’année dans le nord

La dégradation de la situation sécuritaire dans le nord et le centre du pays au cours du premier trimestre 2015 a entraîné la fermeture de plus de 100 écoles depuis janvier, portant à 450 le nombre total d’écoles fermées dans les régions affectées par le conflit. Cette situation touche plus de 20 500 enfants. L’organisation des examens de fin d’année a été perturbée dans les régions de Gao, Tombouctou et Mopti. Dans la région de Kidal, il n’y a pas eu d’examens en raison de l’absence des autorités éducatives depuis mai 2014 . Le taux d’absentéisme pour les examens du Diplôme d’études fondamentales dans le cercle de Douentza (région de Mopti) est passé de 8 pour cent en 2013 à 19 pour cent en 2015. Dans la région de Tombouctou, on note toutefois une amélioration avec un taux d’absentéisme de 13 pour cent en 2013 comparativement à 10 pour cent en 2015.

Les enfants non scolarisés sont potentiellement exposés à des risques d’abus, d’exploitation et de recrutement par des groupes armés. Les membres du Cluster Éducation explorent diverses mesures pour fournir une éducation alternative à plus de 13 000 enfants et un soutien à au moins 210 enseignants. Des cours de rattrapage sont notamment offerts pendant les vacances scolaires pour faciliter la réintégration des enfants déscolarisés dans les écoles à la rentrée scolaire prévue en octobre 2015.

 

Plusieurs localités du nord font face à une pénurie d’eau

L’insuffisance d’eau dans plusieurs localités du nord notamment dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal, constitue un réel problème de survie pour plusieurs communautés. Les principales causes de cette pénurie d’eau sont de plusieurs ordres selon le cluster eau hygiène et assainissement. Le faible taux d’accès à l’eau potable, le nombre élevé de points d’eau en panne et l’assèchement de plusieurs mares ont entraîné le regroupement des populations nomades autour des quelques points d’eau existants. Cette pression accrue sur les points d’eau (forage, puits et mini-adduction d’eau potable) a réduit leur capacité, les rendant insuffisants pour répondre aux besoins des populations et de leur bétail.

Dans les régions de Gao et Tombouctou environ 54 600 personnes (7660 ménages) sont touchées par cette pénurie de même que de nombreux troupeaux, ce qui a notamment entraîné des pertes d’animaux chez les éleveurs. Face à cette situation alarmante, les acteurs humanitaires intervenant dans les trois régions touchées se sont mobilisés pour assurer un approvisionnement d’eau et sa distribution par camions citernes, ainsi que la réparation de certaines infrastructures en panne comme l’adduction d’eau potable de Bourem dans la région de Gao. La réparation et la réalisation de points d’eau sont planifiées pour améliorer l’accès à l’eau dans ces localités. Cependant, des interventions supplémentaires à moyen et long terme devront être mises en œuvre par les acteurs étatiques et leurs partenaires pour assurer des solutions plus durables au manque d’accès à l’eau.

 

La malnutrition demeure préoccupante au pays

Les résultats préliminaires de l’enquête SMART (mai 2015) indiquent au niveau national un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 12,4 % et un taux de malnutrition aiguë sévère (MAS) de 2,8%. La situation est particulièrement préoccupante dans la région de Tombouctou où la MAG atteint 17,5% et la MAS 3,5%, ce qui dépasse les seuils d’urgence de l’OMS. Toutes les régions du pays se trouvent dans une situation sérieuse avec les taux de MAG entre 10 et 15 pour cent (Situation précaire selon l’OMS).

L’enquête révèle aussi que les garçons sont davantage touchés que les filles, pour tous les indicateurs étudiés.

Suite aux résultats alarmants de l’enquête, il est notamment recommandé au niveau national d’accentuer les efforts en prévention et d’améliorer l’accès aux soins curatifs et préventifs. Dans la région de Tombouctou, une autre enquête SMART approfondie selon les zones de subsistance permettra d’identifier les groupes de populations particulièrement vulnérables, en vue de renforcer les interventions en leur faveur. Un renforcement immédiat de la prévention de la malnutrition aigüe, surtout pour les enfants de 6-23 mois – à travers des appuis nutritionnels « blanket feeding », l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, etc. – est aussi préconisé.

 

160 tonnes de munitions obsolètes et inutilisables détruites en juin

Le manque de standards et de leur application pour la gestion des stocks d’armes et de munitions, ainsi que la propagation non contrôlée d’armes au sein de la population, posent un risque indéniable pour la sécurité des civils et la stabilité d’un pays.  A la demande du Ministère de la Défense du Mali, le service de lutte anti-mines des Nations Unies (UNMAS) a détruit 32 500 munitions obsolètes et inutilisables au mois de juin 2015, soit un total de 160 tonnes de missiles, roquettes, mortiers, obus d’artillerie, armes légères et munitions, stockés dans des conditions dangereuses. En octobre 2014, UNMAS et le Mines Advisory Group (MAG) avaient contribué à l’inauguration d’un atelier de découpage d’armes, durant lequel plus de 10 000 armes légères avaient été détruites. Depuis le début de la coopération avec le Ministère de la Défense malien, UNMAS a aidé à détruire 290 tonnes d’armes et munitions et prévoit la destruction de 130 tonnes supplémentaires dans les mois à venir. UNMAS prête également son concours à la réhabilitation d’armureries et de dépôts de munitions pour un stockage sûr des munitions actives.

Source : Bulletin humanitaire Mali (juin-juillet 2015) réalisé par OCHA

 

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