En prélude à la célébration de la Journée africaine pour la sécurité de l’alimentation et de la nutrition, le 31 octobre dernier au siège de l’Union Africaine à Addis Abeba, un petit déjeuner de travail s’est tenu dans les locaux de la représentation onusienne auprès de l’Ethiopie et de l’UA.
Au cours de cette rencontre avec la presse, Mme Akila Aggoune, Représentante de l’UNICEF auprès de l’Union Africaine et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, a, dans son intervention de bienvenue, rappelé quelques dures réalités.
Ainsi, en cette année 2012, près de 19 millions d’Africains sont à risque de famine et 1,1 million d’enfants pourraient souffrir de malnutrition sévère. Parmi les raisons invoquées, Mme la Représentante de l’UNICEF citera la diminution de près de 3% de la production d’aliments sur notre continent et l’augmentation importante des prix, qui se situe entre 30 et 80% selon le produit, soit largement plus que l’accroissement moyen enregistré au cours des 5 dernières années.
Outre ce contexte continental tendu, la région du Sahel et le Mali en particulier font face à des contraintes qui hypothèquent encore plus la sécurité nutritionnelle de leurs habitants, nonobstant une pluviométrie acceptable cette année. La crise au Nord de notre pays a jeté sur les routes des centaines de milliers de personnes, aggravant pour nombre d’entre elles des conditions de vie déjà déplorables. Rappelons que chaque année en Afrique subsaharienne la malnutrition est la cause directe ou indirecte du décès de plus d’un million d’enfants de moins de 5 ans.
«Mettre fin à ce cercle vicieux est une lourde tâche. C’est pourquoi nous avons besoin de l’engagement renouvelé de tous les acteurs impliqués – gouvernements, organisations régionales, agences des Nations Unies, secteur privé, ONGs nationales et internationales – aussi bien que des médias, à jouer pleinement leur rôle, qui est crucial» dira Mme Aggoune.
Elle poursuivra cet état des lieux alarmant en rappelant que, selon les plus récentes études, 30% des Africains subsahariens âgés de moins de 5 ans souffrent d’un déficit de croissance dû à une malnutrition chronique. Ce qui les rend trop petits pour leur âge, plus vulnérables aux maladies et moins performants au plan cognitif. Les enfants malnutris risquent en effet 4 fois plus d’être emportés par les nombreuses maladies infectieuses qui sévissent sur notre continent et subiront un retard scolaire de 2 à 3 ans sur un cursus complet. Au plan économique, il a été chiffré qu’un adulte qui a souffert de malnutrition durant l’enfance était moins apte au travail et épargnerait en moyenne 20% de moins que ses pairs d’âge.
Il est pourtant établi qu’investir dans la sécurité nutritionnelle permettrait d’accroître le PNB des pays africains de 2 à 3% par année et que les effets à long terme de ces investissements seraient porteurs de croissance et de développement, les enfants d’aujourd’hui étant, comme chacun le sait, les soutiens de la nation de demain. C’est pour cette raison que Mme Aggoune conclura ses propos en affirmant: «réduire la malnutrition permettra à nos Etats de briser le cycle infernal de la pauvreté».
Quelles stratégies et initiatives efficaces pour lutter contre la mauvaise nutrition en Afrique? Quels sont les acteurs impliqués dans ce combat? Quels pays africains montrent l’exemple? Quels sont les partenaires de l’Union Africaine et les Etats du continent dans la définition des politiques de lutte contre la malnutrition et le financement et la mise en œuvre des programmes? Nous en reparlerons prochainement dans ces colonnes.
Ramata Diaouré, Envoyé spéciale à Addis Abeba