Tous les nutritionnistes vous le diront : l’acte de manger n’est pas exempt de tout risque. Et les intoxications alimentaires sont devenues de nos jours récurrentes, au Mali. Un véritable problème de santé publique – ou du moins en passe de le devenir – qui met en péril la vie des consommateurs.
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Au Mali et surtout depuis quelques années, certaines de nos villes, notamment ont été le théâtre de nombreux et graves cas d’intoxications collectives. Rappel : Mai 2004, des membres d’une famille sont intoxiqués à Faladié Sema ; décembre 2005, à Ségou une quarantaine de jeunes ont souffert de graves maux de ventre après avoir consommé de boîtes de conserves, et tout récemment des personnes sont mortes dans la région de Mopti à la suite d¹une intoxication causée par des farines.
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rnSelon de différentes sources, 80 % des intoxications alimentaires surviennent après la consommation de produits alimentaires d’origine industrielle. En cause, le non-respect des règles de l’hygiène, principalement.
rnMais encore, les gargotes et autres laiteries ne sont pas seules au banc des accusés. Les restaurants et les hôtels de luxe ne sont pas, loin s’en faut, au-dessus de tout soupçon. Preuve, ceux-ci se ravitaillent dans des conditions insalubres. Un fait qui résume sans alarmisme aucun la situation d’insécurité alimentaire qui ne cesse de prendre de l’ampleur à cause de la défaillance des services de contrôle et bureaux d’hygiène dans notre pays.
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rnDes structures de veille qui manquent cruellement de moyens et qui sont dirigées par des gens obsédés par l’argent.
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Mohamed Coulibaly, membre d’une association de défense des intérêts des consommateurs, le dit d¹ailleurs sans ambages : «Il est impossible de lutter contre la vente de produits impropres à la consommation avec des responsables qui valident la qualité de n’importe quel produit».
rnD’où, pour lui, la nécessité, outre le renforcement des structures de contrôle, d’une collaboration agissante et citoyenne des consommateurs qui doivent être aussi mobilisés et extrêmement vigilants contre les fraudeurs et les laxistes en matière d’hygiène et de conservation de la fraîcheur des denrées alimentaires en les signalant aux services concernés. Faut-il ajouter qu’il faut prendre toutes les précautions nécessaires avant de croquer un morceau ou d’acheter un produit même dans les supermarchés ?
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rnLa falsification des dates de péremption
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En effet, dans ces surfaces comme partout ailleurs, la date de péremption est toujours falsifiée. Selon des agents de la Direction nationale du commerce et de la concurrence, régulièrement on procède à la saisie de produits dont la date limite de consommation est périmée. Un haut responsable du Conseil malien des chargeurs a récemment été épinglé pour la vente de lait en poudre dont le délai de consommation finissait en mars 2004. Cette affaire, qui n’est hélas pas isolée, a été totalement étouffée, déplore-t-on. De nombreux opérateurs économiques se sont enrichis grâce à la vente de produits avariés. Très souvent, ils font écouler leurs rebuts sur des marchés secondaires et à l’intérieur où les acheteurs sont moins vigilants. « Il ne suffit plus de saisir les produits incriminés, il faut poursuivre les personnes qui s’adonnent à de tels trafics au détriment de la santé des populations », réclame un cadre de la DNCC.
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Il reste à recommander aux consommateurs d’user de tous leurs sens pour vérifier la fraîcheur du produit avant de le jeter dans leurs marmites. Une recommandation somme toute éminemment raisonnable, car au-delà du manque des conditions d’hygiène de bout en bout parfois de la chaîne alimentaire qui implique la responsabilité de tous les acteurs de la chaîne de fabrication, de distribution et de vente, les consommateurs endossent aussi une part de responsabilité. Beaucoup parmi eux ne prennent même pas la peine de jeter un coup d’oeil sur l’étiquette du produit pour au moins s’assurer de la validité de la date limite de consommation. Pire encore, certains, et ils sont légion, se ruent faute de revenus confortables sur les produits de la contrebande exposés à même le sol, sans parler des marchands ambulants qui sillonnent à longueur de journées les boulevards et les ruelles des quartiers populaires pour vendre des produits très périssables et à la fraîcheur souvent douteuse comme le poisson et les laitages.
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Mais du côté des services de répression, on estime qu’il devient de plus en en plus difficile de reconnaître les produits périmés pour la simple raison que certains opérateurs économiques parviennent à effacer les dates initiales.
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Il s’agit donc, devant ce danger, de travailler, non point seulement sur le volet répressif, mais aussi sur le changement des réflexes et habitudes de consommation. Une démarche qui suppose la collaboration et l’implication de tous, pouvoirs publics, acteurs de l’agro-alimentaire, société civile et médias. Mais il faut aussi l’honnêteté des uns (commerçants) et la vigilance des autres (consommateurs). Sans quoi, il serait impossible de gérer au mieux le risque alimentaire.
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Abdoulaye Diakité
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