Sahel : Des besoins alimentaires urgents pour 4 895 000 personnes

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RizL’analyse de la situation alimentaire et nutritionnelle par Ie Cadre Harmonisé du CILSS fait ressortir que 26 zones sur 345 analysées présentent actuellement une insécurité alimentaire atteignant la phase crise en Gambie, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Tchad.

 

En période de soudure, de juin à août 2014, il serait observé une augmentation du nombre de zones en phase crise à 58 avec une extension au Burkina Faso, à la Guinée et à la Mauritanie. Cela est dû au mauvais déroulement localisé de la campagne agropastorale, à I’ érosion des moyens d’existence, au niveau élevé de la malnutrition aigüe globale et à la détérioration de I’accès alimentaire, particulièrement pour les ménages très pauvres et pauvres. Actuellement, 4 895 000 personnes (phase crise et plus) ont un besoin immédiat d’assistance. Leur nombre pourrait atteindre environ 8 millions pendant la période de soudure si des interventions adéquates ne sont pas mises en œuvre. Ce sont-là, entre autres, quelques avis de la concertation régionale de Bamako sur la situation alimentaire et nutritionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest sur laquelle les rideaux sont tombés jeudi dernier au Centre international de conférences de Bamako. Cette réunion de trois jours a permis aux représentants des 17 pays de l’espace CILSS et de la CEDEAO de disposer, désormais, d’une situation alimentaire et nutritionnelle actualisée. De l’analyse des conclusions des travaux de cette concertation régionale, on retient que la production céréalière au Sahel et en Afrique de l’Ouest de la campagne agricole 2013-2014 se chiffre à 57 010 000 tonnes. Elle est équivalente à celle I’année dernière, mais en hausse de 11% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Le maïs occupe la première place avec une production estimée à19 361 000 tonnes, suivi du riz (15 930 000 tonnes) du sorgho (13 084 000 tonnes) et du mil (8 073 000 tonnes). Sur I’ensemble de la zone, la production moyenne par tête est en hausse de 3% par rapport à celle de I’année dernière et équivalente à celle de la moyenne des 5 dernières années. Parmi les plus grands producteurs de l’espace, le Mali, le Niger et le Burkina Faso arrivent en tête avec 60% de la production céréalière totale du Sahel.

 

Sur Ie plan pastoral, on assiste à une baisse saisonnière en qualité et en quantité des pâturages disponibles. De manière générale, les prix des aliments pour bétail sont en hausse dans la région. Les circuits de transhumance sont perturbés dans les zones proches des conflits (axe Sud du Tchad-République Centrafricaine, Diffa-Nord Nigeria et Nord Mali et Sud-est de la Mauritanie). Dès lors, de nombreux conflits entre agriculteurs et éleveurs sont signalés du fait que des milliers d’animaux séjournent dans des zones à vocation agricole, à la veille des premières pluies. Concernant les marchés, leur fonctionnement est satisfaisant dans la région avec un bon niveau d’approvisionnement. Cela a concouru à la baisse ou à la stabilité des prix sur les marchés par rapport à I’année dernière pour I’ensemble des céréales. Cependant, les prix du mil et du sorgho restent supérieurs de 18% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, principalement au niveau du bassin Est. Concernant les produits de rentes (arachide, niébé et coton) et Ie bétail, les prix sont supérieurs à la moyenne quinquennale induisant des termes de I’échange avec les céréales favorables aux producteurs. Au niveau des autres produits viviers (tubercules et banane plantain) les prix sont en baisse par rapport à I’année passée et restent dans I’ensemble comparables à la moyenne quinquennale. Selon les experts du CILSS et de la CEDEAO, dans les perspectives, les marchés vont fonctionner normalement jusqu’à la période de soudure avec toutefois des hausses légères des prix pour toutes les céréales. Toutefois, les prix des principales denrées resteront proches de la moyenne quinquennale dans Ie bassin Centre, et ils resteront proches de ceux de I’année dernière dans les bassins Est et Ouest jusqu’à la période de soudure. Par ailleurs, I’environnement international est favorable aux importations régulières et une stabilité des prix du riz. Concernant la malnutrition, la situation est toujours préoccupante dans la région. En novembre 2013, la nutrition a été classée en phase d’urgence dans 20 zones, d’après les experts. Entre juin et août 2014, Ie taux de malnutrition aiguë globale attendu sera à au-dessus des seuils d’alerte de 10% ou d’urgence de 15% dans un nombre plus élevé de zones au Sénégal, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Tchad et de façon localisée au Burkina Faso.

 

Yaya Samaké

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