La hausse des prix serait due à des facteurs exogènes.
Dans notre pays, le lait fait partie des denrées alimentaires les plus consommées. Qu’il soit en liquide ou en poudre, pasteurisé ou simplement mélangé avec de l’eau, le lait, du fait de sa très grande qualité nutritive, est
beaucoup prisé et consommé par toutes les couches d’âge : enfants, jeunes, femmes et vieux. Mais depuis quelques jours, les amateurs du lait doivent payer plus cher pour se le procurer. Parce que les prix ont grimpé. De quoi faire grincer les dents. “A ce rythme le pauvre ne vivra plus longtemps dans ce pays”, se plaint Ali Traoré, un habitant de Korofina qui s’était présenté avec ses 125 Fcfa comme d’habitude chez son voisin boutiquier afin d’acheter un sachet de Malilait pour sa fille. Le commerçant l’a informé que ce sachet est désormais vendu à 150 Fcfa. L’enseignement F. Sissoko de Faladié ne décolère pas non plus. “Dans ce pays, on se lève un beau jour et on augmente les prix sans aucune explication”, lance-t-il quand on lui fit savoir que pour un paquet de “Laicran” de 500 g, il faut désormais débourser 1350 Fcfa au lieu de 1200 Fcfa habituels.
Le chef de famille M. Coulibaly se voit dans l’obligation de mettre fin à la pratique d’offrir chaque nuit du Malilait à ses deux enfants. “Je n’ai pas le choix. Je suis obligé de priver mes enfants de cette habitude car mon pouvoir d’achat actuel ne me permet pas de payer chaque nuit les quatre sachets de Malilait au nouveau prix”, s’indigne-t-il.
Si les clients se plaignent, les vendeurs ne se frottent pas les mains. C’est le cas de Assétou Diallo, vendeuse de lait au Grand marché. “Je suis une vendeuse de yaourt. Mais depuis cette hausse du prix du lait j’ai dû interrompre mon activité dans l’espoir de voir le prix revenir à la normale”, explique-t-elle.
Accusées d’augmenter les prix sans raison valable, les sociétés de production du lait rejettent toute responsabilité dans cette hausse. “La société Malilait n’est pour rien dans cette hausse des prix”, se défend Gorges Harages, président directeur général. Selon l’homme d’affaires, cette situation qui couvait depuis janvier dernier n’a fait qu’exploser maintenant. Pour lui, c’est une augmentation du prix de la denrée au niveau international qui explique cette hausse (voir l’article ci-contre). “Ma société qui utilise aussi le lait local est obligée tout comme les autres de se ravitailler sur le marché européen où le lait est vendu en abondance”, explique-t-il, ajoutant que cette crise est consécutive à la suppression par les Etats européens de leurs subventions au secteur du lait. Gorges Harages révèle que la crise a conduit la plupart des fournisseurs à se détourner de l’importation du lait pour celle de certains produits dérivés comme les yaourts et les fromages. Le PDG de Malilait préconise comme solution la suppression de la TVA et de certaines taxes à l’importation.
Du coté de la société “Vivalait”, le directeur commercial, Ibrahim Seck, évoque les mêmes raisons tout en précisant que les petits sachets de 25 et 50 Fcfa sont toujours vendus au même prix. Il révèle que le sac de lait de 10 kg vendu habituellement à 19.000 Fcfa est cédé actuellement entre 24.500 et 26.500 Fcfa. “Cette hausse est une situation qui nous vient de l’extérieur et est due au cours mondial actuel du lait qui a connu une certaine hausse ces temps-ci”, ajoute le directeur commercial. La direction nationale du commerce et de la concurrence assure qu’elle suit la situation avec attention. Mais elle se garde d’intervenir pour régulariser les prix. “C’est une chose que nous évitons de faire pour la simple raison que ça peut aussi générer beaucoup d’autres problèmes”, indique Martin Sidibé, chef division approvisionnement qui explique également cette hausse du prix du lait par une crise au niveau du marché international.
L’Association des consommateurs du Mali (Ascoma) ne cache pas son mécontentement face au manque d’information sur les raisons de la hausse des prix du lait. Le vice-président, Abdoulwahab Diakité estime que quelles que soient les raisons de cette augmentation de prix, elle viole une règle de principe : le droit à l’information”.
Oumar DIAMOYE
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Matières premières : ENTRE INCERTITUDE ET STABILITÉ
L”or regresse, le coton remonte, le pétrole est sans direction, tandis que le sucre reste stable
OR : Il a touché jeudi un plus bas depuis plus de deux mois, à 651,50 dollars, environ 358 325 Fcfa, l’once en cours de séance. Selon John Reade, analyste d’UBS, il a, entre autres, souffert d’”un dollar solide et de la faiblesse des métaux des base”.
Le billet vert a commencé mercredi à se renforcer face à l’euro et la monnaie européenne a touché jeudi un plus bas depuis six semaines face au dollar.
Les prix des métaux précieux étant libellés en dollars, un billet vert qui s’apprécie diminue en effet le pouvoir d’achat des investisseurs hors zone dollar et entame donc la demande.
Les analystes de la Deutsche Bank estiment que l’or a également souffert de la vente d’ETF (trackers), des produits financiers qui répliquent l’évolution du cours d’une matière première et tendent à en faire augmenter la demande.
PÉTROLE : Il était sans direction vendredi, en baisse à Londres et en hausse à New York, à l’issue d’une semaine qui aura vu le baril de Brent atteindre son plus haut niveau depuis huit mois, sur fond d’inquiétudes “géopolitiques” et sur les stocks d’essence américains.
Avant que le Brent ne s’oriente à la baisse, les cours du pétrole avaient grimpé vendredi, toujours tirés par l’actualité internationale, mais aussi par la faiblesse des réserves d’essence aux Etats-Unis à la veille du week-end du “Memorial Day”.
Ce week-end donne traditionnellement le coup d’envoi de la “driving season” aux Etats-Unis, période des grands déplacements en voiture qui dure jusqu’au début du mois de septembre et marque le pic de la consommation d’essence dans le premier pays consommateur de pétrole au monde.
“Au total, il y a plus qu’assez d’inquiétudes concernant la situation géopolitique pour soutenir à court terme les cours du brut, sans parler de celles sur la saison des déplacements aux Etats-Unis et de celles sur la saison des ouragans”, ont résumé Michael Davies et Andrey Kryuchenkov, analystes chez Sucden.
Les courtiers commencent en effet à s’inquiéter également d’une saison des ouragans qui pourrait s’avérer particulièrement active, si l’on en croit les dernières prévisions, ce qui pourrait menacer les installations du Golfe du Mexique.
COTON : Il a progressé la semaine dernière, soutenu par des rumeurs d’une possible augmentation des quotas d’importation de la Chine, ce qui profiterait aux Etats-Unis, et par un temps très sec dans le sud-est du pays. “Il y a eu durant la semaine des rumeurs, qui indiquaient que la Chine pourrait autoriser l’importation d’1 million de tonnes de coton supplémentaires cette année”, a souligné Bill Nelson, analyste chez AG Edwards.
“Si ces rumeurs s’avéraient fondées, de gros pays exportateurs comme les Etats-Unis pourraient en bénéficier, ce qui a contribué à soutenir les cours cette semaine”, a poursuivi M. Nelson.
Le deuxième facteur de soutien a été, selon lui, la sécheresse, qui affecte actuellement le sud-est des Etats-Unis et “menace les cultures de coton” des Etats tels que la Géorgie, la Caroline du Sud, l’Alabama, le Tennesse et l’Arkansas.
“De nombreux agriculteurs ne sont pas en mesure d’irriguer leurs cultures actuellement, et si ce temps sec se poursuit, cela pourrait avoir un impact très négatif sur les rendements”, a estimé M. Nelson.
SUCRE : Il est, quant à lui, resté stable à Londres mais s’est légèrement repris à New York, même si le marché reste marqué par les perspectives d’excédent de production mondiale.
Selon James Cassidy, analyste chez Fimat, les mauvaises conditions météorologiques au Brésil pourraient néanmoins affecter l’offre du premier producteur mondial et limiter ainsi l’excédent prévu.
Selon les analystes de Sucden, les fondamentaux restent néanmoins baissiers.
Source AFP
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LE MARCHÉ INTERNATIONAL EN CAUSE
La tendance des prix du lait en poudre sur les marchés du district de Bamako et des capitales régionales est à la hausse depuis le début de l’année. Les raisons sont liées à l’évolution des prix sur le marché international depuis janvier 2007. Selon les chiffres du ministère de l’Industrie et du Commerce, le prix de la tonne de lait en poudre qui variait de 1.800 (1,1 million Fcfa environ) à 2.000 Euro (1,3 million Fcfa environ ) en décembre 2006 est passé de 2.300 environ 1,495 million Fcfa) à 3.400 Euro (2,2 millions Fcfa) en avril 2007, soit une augmentation de 65 à 80%. Sur le marché européen d’où provient l’essentiel de nos importations de lait en poudre, la tonne coûte actuellement 2.700 dollars soit 1.309.500 Fcfa à raison de 485 Fcfa pour 1 dollar US. Cette hausse remarquable s’explique par plusieurs facteurs dont la politique de diminution de la production du lait en poudre au profit d’autres produits laitiers à valeur ajoutée plus élevée comme le fromage, le beurre, le yaourt, adoptée par certains pays surtout européens.
L’Union européenne a supprimé depuis novembre 2006, la ristourne à l’exportation de 2000 dollars (environ 900 000 Fcfa) par tonne, renchérissant le coût du produit pour les importateurs. A cela s’ajoutent l’accroissement progressif de la demande chinoise en lait en poudre, la sécheresse en Océanie où la production de lait de l’Australie et de la Nouvelle Zélande a diminué de 50%. Sans compter l’augmentation actuelle des frais de transport maritime liée à la non disponibilité permanente des moyens de transport des produits alimentaires. L’essentiel des moyens disponibles étant consacré au transport de l’acier chinois. Par ailleurs, le marché du lait en poudre connaît actuellement des perturbations, voire des pénuries en Algérie d’où s’approvisionnent habituellement nos régions du Nord.
L’État algérien a récemment lancé un appel d’offres international pour l’achat de 20.000 tonnes de lait en poudre pour faire face à ses besoins de consommation. Ce qui explique les niveaux élevés des prix du produit dans les localités nord de notre pays. En ce qui concerne les stocks, leur niveau est en baisse sensible depuis mars 2007, avec 1200 tonnes en mars, 800 tonnes en avril et 196 tonnes en mai. Pour ce qui est des prix, les tarifs pratiqués en mai 2007 sur les marchés des différentes capitales régionales, ont varié de 2.200 Fcfa le kg à Mopti à 3000 Fcfa à Tombouctou. Les marchés les plus chers ont été ceux de Kidal (2650 Fcfa le kg), Gao (2.500 Fcfa le kg) et Tombouctou (3000 Fcfa le kg). Les écarts de prix observés de janvier à mai sur les différents marchés sont de l’ordre de 50 à 400 Fcfa par kg. A la date du 17 mai courant, Mopti a enregistré une augmentation de 400 Fcfa (de 1.800 à 2.200 Fcfa le kg) sur les prix du lait en poudre contre 300 Fcfa (de 2.200 à 2500 Fcfa/kg) à Kayes. Sur les marchés de Sikasso et Gao, la hausse a été de 200 Fcfa contre 100 Fcfa à Koulikoro et 50 Fcfa à Kidal.
F. MAÏGA
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