La rareté et l’irrégularité des pluies, leur mauvaise répartition, l’invasion des criquets pèlerins ou les inondations subites sont entre autres les facteurs qui obèrent le développement de l’agriculture, l’élevage et de la pêche dans notre pays.
Plus de la moitié des 11 millions de la population nationale vivant de l’agriculture souffre le martyre tant leurs efforts incalculables sont voués à l’échec parce que la quantité de pluie recueillie par saison ne permet plus à créer les conditions d’une bonne récolte.
Il en va de même pour l’élevage et la pêche dont le développement est décimé par l’indisponibilité des pâturages naturels et des ressources en eau liés eux tous à la pluie.
Les productions agricole, pastorale et piscicole dans notre pays sont fortement tributaires des aléas climatiques, il apparaît donc que le développement à travers ces secteurs restent possibles que lorsqu’une solution apaisante serait trouvée à la rareté des pluies.
Pour ce faire, les autorités du Mali se sont engagées dans la recherche à atteindre la sécurité alimentaire, et l’accroissement de la productivité des spéculations agricoles et la filière bétail_viande.
Sous l’impulsion du président de la République Amadou Toumani Touré, d’énormes efforts sont entrepris dont la création du Commissariat à la sécurité alimentaire, la création à tous les niveaux de banques de céréales, l’annulation de la TVA sur les importations céréalières. La loi d’orientation agricole qui sera bientôt votée à l’Assemblée nationale, la mécanisation de l’agriculture à travers la politique de la vulgarisation des tracteurs dont des unités de montages seront implantées à Bamako et à Sikasso, constituent aussi des mesures initiées pour la réalisation de la sécurité alimentaire.
Mais l’impact de ses mesures ne sera pas perceptible ou même elles resteront vaines tant que l’équation pluviométrique n’est pas résolue. Fort de cette remarque, le Mali vient d’emboîter le pas à d’autres pays voisins tels que le Burkina, le Maroc en adoptant la politique de la pluie provoquée autrement appelée précipitations par ensemencement des nuages, une prospection du Cilss.
Qu’est-ce que c’est que la pluie provoquée ?
A la fin des années 40, les chercheurs ont découvert qu’il était possible de transformer en cristaux de glace, les gouttelettes d’eau surfondues contenues dans les nuages en introduisant dans ces derniers un agent de refroidissement. Depuis les recherches ont mis au point trois techniques pour provoquer les pluies.
Il y a la technique des sels hygroscopiques par laquelle de sels finement broyés sont dispersés dans les nuages afin de provoquer la pluie par coalescence (le grossissement des gouttelettes de vapeur d’eau). Cette méthode a donné des résultats significatifs en Thaïlande.
L’autre technique dite des cartouches pyrotechniques consistes en la production des particules de sels qui dispersés par avion dans les nuages, grossissent en condensant les gouttelettes de vapeur d’eau. Découverte et expérimentée en Afrique du Sud depuis 1989, c’est une technique qui a l’avantage d’accroître le rendement des nuages. Enfin ; la technique des noyaux glaciogènes permet d’introduire des cristaux d’iodure d’argent dans les nuages soit à partir d’un avion ou de lanceurs du sol. Les résultats de cette technique déjà utilisée au Maroc, au Burkina et en Indonésie, sont jugés encourageants.
L’historique des pluies provoquées au Mali
Au cours du 13ème Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO tenu à Bamako en novembre 2000, il a été conclu que la maîtrise de l’eau sous toutes ses formes constitue la réponse la plus appropriée à la croissance et à la diversification de la demande sans accentuer la pression sur les ressources naturelle.
Deux ans plus tard, à Banjul en Gambie le conseil des ministres a donné mandat au Secrétaire exécutif du Cilss d’entreprendre et de renforcer ses activités particulièrement sur la petite irrigation et l’augmentation des précipitations par ensemencement des nuages. En décembre 2003, Dakar a abrité la première conférence ministérielle sous-régionale sur les pluies provoquées. Ce forum au sommet a recommandé la mise en œuvre d’un programme sous-régional. Le 25 janvier 2004 dans la capitale mauritanienne, dans une déclaration intitulée " Maîtriser l’eau pour faire reculer la faim au Sahel " les chefs d’Etats et de gouvernement du Cilss ont invité l’organisation à mettre en œuvre le programme mobilisateur 2004-2007 dont l’ensemencement des nuages pour augmenter les précipitations sera une composante.
Au Mali la première expérience en matière de pluies provoquées remonte à 1969. On avait procédé à l’époque à de pluies provoquées à Bamako dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de la méningite qui faisait rage.
Dans l’optique de la formulation d’un programme malien de pluies provoquées les actions suivantes ont été entreprises :
Une mission d’Echange d’une équipe d’Experts maliens au Burkina Faso en mars 2003
Une mission du Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche au Maroc du 20 au 24 mars 2004 dans le cadre du renforcement de la coopération, dans les domaines de la maîtrise de l’eau et des pluies provoquées ;
Une séance de travail le 06 mai 2004 avec une mission d’experts marocains. Elle a permis de définir les grandes lignes de réflexion qui ont servie à élaborer le projet de Programme de pluies provoquées au Mali. Ainsi le projet de loi a déjà été proposé par le conseil des ministres et sa mise en application se fera cette année dans la région de Koulikoro, Ségou et Mopti.
Pluies provoquées : quels avantages ?
37 ans plus tard, après une première expérience, notre pays s’inspire de l’exemple Sénégalais et Burkinabé qui sont nos voisins immédiats, pour initier un programme de pluies provoquées. Cette démarche pourrait satisfaire à un certain nombre de préoccupations que sont entre autres la normalisation de la saison culturale pour assurer de bonnes récoltes, la production continue d’énergie hydroélectrique en dépit des aléas, la production d’eau potable en quantité suffisante même en cas de sécheresse et le tarissement précoce des mares et point d’eau. De façon concrète, les pluies provoquées auront comme retombées l’accroissement des revenus additionnels et la réduction de l’exode rural, de la pauvreté chez les paysans et les éleveurs. Elles permettront l’allongement de la période de navigation sur les principaux cours d’eau, la sécurité et la régularisation de la production d’énergie hydroélectrique. Les capacités du service Métrologique national en matière de gestion des catastrophes naturelles et des prévisions saisonnières s’en trouveront renforcées.
Malgré le coût élevé de la pluie provoquée soit 10 milliards de francs CFA, le gouvernement entend mettre la bouchée double pour prendre en compte de l’opération pluies provoquées de cette année et la région de Ségou et celle de Gao.
Le fonctionnement annuel est d’environ 655 millions FCFA par an, les premières années étant essentiellement axées sur l’équipement et la formation.
Il est prévu un programme de petits bassins de rétention réalisé par la Direction nationale de l’Hydraulique pour collecter les eaux de pluie. Les équipements météorologiques classiques sont supportés par le Budget spécial d’investissement à raison de 225 millions FCFA par an pendant cinq ans. Compte tenu du coût onéreux des avions nécessaires à l’opération, le Mali pourrait louer des avions déjà équipés avec le Burkina, le Maroc et d’autres pays ou même adapter des avions usagés à l’instar de certains pays.
L’opération de pluies provoquées doit être organisée dans un cadre de collaboration entre l’Armée de l’air, la Direction nationale de l’Agriculture, la Direction nationale des Services vétérinaires, la Direction nationale des Productions industrielles et animales, la Direction nationale de la Pêche et la Direction nationale du Génie rural. Après la période test qui a donné des résultats plus que satisfaisants, elle va entrer dès la semaine prochaine dans sa phase active. Une perspective très rassurante, ont soutenu la semaine le ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, et son collègue des Transports et de l’Equipement, Abdoulaye Goïta, lors du lancement officiel du programme des pluies provoquées dont les coûts pour les 5 années à venir sont évaluées à 3 milliards de FCFA. Mais, chaque on devra procéder à des évaluations pour mesurer les impacts de cette initiative que les Maliens ont saluée
Markatié Doau, source lettre agricole du M.A
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