Les Maliens en insécurité alimentaire passeront de 291.000 à près de 800.000 de juin à Septembre 2018.
C’est le bureau de Coordination des Actions humanitaires (Ocha-Mali) qui donne l’effroyable information.
Selon l’Ocha-Mali, la population ayant besoin d’assistance humanitaire en 2018 est estimée à 4,1 millions, soit 400.000 personnes de plus qu’en 2017. Les humanitaires ne ciblent que 1,5 millions de personnes, soit 36% de la population dans le besoin à travers le PRH (Plan de Réponse Humanitaire 2018).
Pour cela, 263 millions de dollars sont recherchés pour la mise en œuvre des projets contenus dans le PRH.
Ainsi, pour les acteurs humanitaires, à la date du 2 mars dernier, le PRH du Mali n’était financé qu’à hauteur de 4%, soit des contributions estimées à un peu plus de neuf millions de dollars. A la même date, des financements de l’ordre de 37 millions de dollars ont été alloués à des projets en dehors du PRH.
Or, un meilleur financement permettra de faire plus cette année et réduire la vulnérabilité des communautés affectées.
Pour preuve, soutiennent les enquêteurs des Nations Unies, malgré l’insuffisance des financements en 2017 (soit 44% des fonds mobilisés au 31 décembre dernier), les interventions des organisations humanitaires, (de façon non exhaustive), ont permis à un million de personnes, de bénéficier de soins de santé, à 424000 enfants d’accéder à l’éducation, à 519 000 personnes de recevoir un appui agricole ou en élevage, à 194000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère d’être traités, à 456 000 personnes d’accéder à une source d’eau potable et à 2900 survivants des violences basées sur le genre de recevoir un soutien.
Cependant, selon le rapport d’Ocha-Mali, depuis 2015, les appels de fonds des organisations humanitaires intervenant au Mali dans le cadre du PRH peinent à atteindre 50% les fonds requis. Toute chose qui n’est pas sans conséquence. Parce que, déplorent les acteurs humanitaires, non seulement l’insécurité alimentaire se dégrade de plus en plus, mais aussi, elle risque d’être plus critique en 2018.
Pour cause, des analyses ponctuelles montrent des niveaux de récoltes plus dégradés qu’estimés pouvant conduire, (si aucune action d’atténuation n’est prise maintenant), à une hausse du nombre des personnes en insécurité alimentaire.
A tout cela s’ajoutent, la faible pluviométrie qui a eu un impact négatif sur la production de la biomasse entrainant ainsi qu’une transhumance précoce des troupeaux, une pression accrue sur les ressources disponibles et une augmentation des risques de tensions entre agriculteurs et éleveurs.
Djibril Kayentao