Boycotter le pain pendant une semaine afin d’obliger les boulangers à revenir sur les anciens prix ! C’est la solution préconisée par le Regroupement des consommateurs du Mali (Redecoma) pour dire son mécontentement après l’augmentation des prix (150 F CFA pour la baguette, 300 F CFA pour le gros pain).
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C’est un peu l’histoire du médecin après la mort. Mais, comme l’enseignent les puristes de la langue, ce n’est pas le jour de la battue qu’il faut élever des chiots. Où était le Redecoma au moment de la diminution du poids du pain ? Cette association n’a-t-elle pas fait partie du Cadre de concertation de la filière pain qui a ensuite opté pour la hausse des prix ? Motus et bouche cousue ! Cependant, la réponse à ces deux questions édifierait les Maliens sur la volonté manifeste du Redecoma de vouloir leur « poser du plastique sur les yeux ».
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Ailleurs, les consuméristes ont fait plus avant de remporter des succès sur les pouvoirs publics qui sont, n’ayons pas peur des mots, peu concernés par la vie chère. Au Niger et plus récemment en Mauritanie, les mouvements ont fait tache d’huile au point que les autorités de ces deux pays sont obligées de réfléchir par deux fois avant de prendre ou d’encourager une décision impopulaire. Ici – ma kari ko ! – on fait semblant de protester alors que la connivence, dans bien des cas, crève les yeux.
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Mais enfin pourquoi tant de bruit autour du pain alors que les prix des céréales, aliments de base des Maliens, ne cessent de battre des records ? En dehors des centres urbains, combien de Maliens connaissent même la couleur du pain a fortiori le manger ? Peu de nos compatriotes qui n’ont d’autres repas que le « tô », la bouillie et le couscous. Or, les prix du mil et du maïs… sont passés du simple au double en moins de 5 ans.
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Qui a vu une seule association de consommateurs s’émouvoir de la pénurie d’eau dans le casier de Macina ? Et pourtant, la famine frappe aux portes de ce « grenier » du pays et les responsabilités faciles à situer. Que nenni ! Plus tard, l’on s’étonnera simplement que des commerçants, mus par l’appât du gain facile, réalisent des bénéfices exorbitants aux dépens des populations. A vrai dire, la défense des consommateurs n’est pas une course de vitesse, c’est une course de fond, qui nécessite, à notre avis, de partir à point nommé.
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Heureusement que les Maliens ne sont pas dupes et ignorent de plus en plus les conseils de ceux qui se sont autoproclamés dans leur défense, mais qui dédaignent les vrais problèmes au profit du superflu. Voilà pourquoi ceux qui ont les moyens achètent allègrement leur pain sans susciter l’envie morbide de ceux qui n’ont pas le moindre sou. Nul ne se laissera rouler dans la farine !
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