Malgré l’amélioration de la consommation alimentaire des ménages, grâce surtout à l’assistance alimentaire intensifiée depuis Mai 2013, la sécurité alimentaire de la majorité des familles au Nord du Mali reste précaire. C’est ce qui ressort du dernier rapport publié conjointement par le Programme alimentaire mondial, le gouvernement malien et le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation.
En effet, selon ce rapport, la difficile mise à l’échelle des interventions alimentaires à cause de l’insécurité et la faiblesse des interventions non alimentaires, ont poussé les populations (environ la moitié dans les régions de Kidal 46,6 % et Tombouctou 50,6 %) à recourir à des stratégies d’urgence et/ou de crises (vente d’actifs productifs, pratique d’activités illégales ou risquées, la réduction des dépenses d’éducation ou de santé), mettant en péril leurs actifs productifs et leurs moyens d’existences à court et moyen terme.
“La quasi-totalité (plus de 75 %) des dépenses des ménages est affectée à l’alimentation quel que soit le statut (résidents, déplacés ou retournés) et la région de résidence. Cette orientation des dépenses limite fortement la possibilité de faire face aux autres besoins de base, telles que la santé et l’éducation” souligne le rapport.
Une forte dégradation de la situation de la sécurité alimentaire affecte l’ensemble de groupes socio-économiques. Et toujours selon ce rapport, en se référant aux profiles de l’analyse de l’économie des ménages de base, aucun changement majeur dans la position de richesse relative de ces différents groupes n’est observé, mais plutôt un décalage généralisé de ces groupes vers une condition plus vulnérable.
Les gros commerçants, les entrepreneurs et les fonctionnaires restent toujours relativement plus aisés.
Le rapport indique que cette situation pourrait être exacerbée par le retour des personnes déplacées et des réfugiés qui a commencé à se produire spontanément. Toute personne qui retourne pose une pression supplémentaire sur les ressources disponibles déjà limitées de ces zones en cette période de soudure céréalière.
Un autre aspect à suivre avec attention selon le rapport est le déroulement de la campagne agricole, en considérant que les pluies étaient erratiques en début de saison et que le retard observé dans la mise en oeuvre de ladite campagne risque d’affecter la production. Une proportion assez importante de la population qui, habituellement pratique l’agriculture n’a pas pu démarrer la campagne faute des moyens financiers, de semences, des retards de pluie ou de main d’oeuvre.
“La reprise des flux des denrées alimentaires entre le Nord et le Sud du pays est substantielle; toutefois, les flux des produits en provenance d’Algérie sont momentanément suspendus pour raison sécuritaire. La tendance des prix des denrées (céréales sèches) est soit à la hausse ou à la stabilité selon les localités. Les termes de l’échange restent favorables aux éleveurs et agro-éleveurs” rapporte le rapport.
L’analyse des résultats montre qu’environ trois ménages sur quatre soit près de 1.300.000 personnes sont vulnérables à l’insécurité alimentaire (sévère ou modérée). L’assistance alimentaire, qui constitue le tiers de la consommation alimentaire des ménages en céréales, a permis de limiter la dégradation de la consommation alimentaire et de moyens d’existence.
La situation nutritionnelle reste aussi très inquiétante. Car, la prévalence de la malnutrition aiguë globale est selon le rapport, de 7,4 % à Mopti, 12 % à Gao et 12,4 % Tombouctou. Ces taux de malnutrition dépassent le seuil d’alerte de l’OMS fixé à 10 % définissant ainsi une situation nutrition sérieuse à critique nécessitant une réponse nutritionnelle et alimentaire forte dans ces zones.
Dieudonné Tembely