Crise alimentaire au Nord une réalité non reconnue : Le pire à craindre
Le ministre de l’Elevage et de la Pêche et le commissaire à la sécurité alimentaire doivent démissionner
Depuis plusieurs semaines, certaines associations, organisations non gouvernementales, hommes de médias, voyageurs ont attiré l’attention des plus hautes autorités sur la sécheresse au Nord-est Mali. Cette partie de notre pays est en proie à une insécurité alimentaire et pastorale qui toucherait près de 50% des animaux. A cela s’ajoute le manque d’eau ainsi que des produits de première nécessité. Les populations, les animaux, les terres cultivables, les rares points d’eau sont sérieusement menacés. Pendant ce temps, c’est le silence radio au sein du gouvernement et plus précisément au ministère de l’Elevage et de la Pêche. De plus en plus, les voix s’élèvent pour demander des comptes au ministre de l’Elevage et de la Pêche , Mme Diallo Madeleine Bah et au commissaire à la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Haïdara qui, pour certains, doivent démissionner puisqu’elles ont montré toutes leurs limites.
Le Mali est-il loin du scénario nigérien où près de 60% de la population sont soumis à un risque d’insécurité alimentaire ? C’est la question que les observateurs se posent. Non disent-ils. Et pour cause, le tableau est peu reluisant sur toute l’étendue du territoire. Sur les 703 communes, plus de quarante font l’objet de menaces réelles d’insécurité alimentaire. A titre de rappelle, depuis fin 2009, les autorités ont été saisies par certaines organisations de la société civile par rapport à la situation d’insécurité alimentaire et pastorale au nord Mali. Elles ont tiré sur la sonnette d’alarme. Leur alerte n’a pas été prise au sérieux. Aujourd’hui, la situation alimentaire et pastorale est critique au nord-est de notre pays. "Aujourd’hui la crise a pris un autre tournant. Si le PAM estime que 40% du cheptel risque de disparaître, nous pensons, avec les informations fournies par nos organisations à la base, que la menace est pire. Car les zones censées être à l’abri sont aujourd’hui prises d’assaut par les éleveurs et toutes les communes du nordsont concernées par la situation », nous a confié un représentant d’une organisation paysanne et un autre d’ajouter : « Les animaux sont en train de mourir au Mali et on est en train de faire des tractations pour exporter notre aliment bétail vers la Mauritanie. La situation est critique à Kidal et Ménaka surtout ». A l’intérieur du pays le besoin en bétail et en produits alimentaires est crucial. Pendant ce temps, ils sont exportés dans les pays voisins. Après la campagne agricole de 2009, les autorités avaient déclaré que la campagne a été bonne. La production agricole, ont-elle dit, a été excédentaire. De l’autre côté du tableau, on dénote un déséquilibre alimentaire énorme. Alors que notre pays est en proie à une sécheresse avec son corollaire d’insécurité alimentaire et pastorale, l’aliment bétail produit au Mali ainsi que certains produits alimentaires est en train d’être exporté vers des pays limitrophe.
Les limites du ministre de l’Elevage et de la Pêche et du commissaire à la sécurité alimentaire
Selon certains observateurs, le ministre de l’Elevage et de la Pêche , Mme Diallo Madeleine Bah ainsi que le commissaire à la sécurité alimentaire, Mme Lansry Nana Haïdara doivent rendre des comptes aux maliens par rapport à leur gestion jugée laxiste de la situation alimentaire dans les régions Nord du Mali. D’abord, au ministère de l’Elevage et de la Pêche , aucune information n’est disponible sur le sujet qui semble être tabou. Aucun cadre ne veut se prononcer là-dessus. Aucune mission n’a été envoyée sur le terrain pour évaluer la situation et proposer des solutions urgentes. Au département, on se contente de minimiser la situation alors que des familles entières sont en train de fuir la faim aussi leur troupeau commence à être décimé. Du côté du commissariat à la sécurité alimentaire, on se rappelle, Mme Lansry Nana Haïdara, avait, au cours d’une conférence de presse, exprimé sa colère contre les bailleurs de fonds qui refusent de participer au financement du projet de constitution d’un stock national de sécurité proposé par le Commissariat à la Sécurité alimentaire. Le stock disponible est évalué à 35 000 tonnes. Une quantité très insuffisante. L’Etat ayant montré toutes ses limites, la Commissaire à la Sécurité alimentaire a été obligée de se tourner vers les donateurs. Elle n’a pas été entendue. C’est un grand malaise qui est observé aujourd’hui et qui se généralise. «Il faudrait que l’ambassadeur de France soit d’accord pour qu’on augmente le stock national de sécurité alimentaire», a-t-elle dénoncé et de poursuivre : «Cela nous gêne beaucoup, mais le gouvernement est en train de sensibiliser les bailleurs de fonds pour qu’ils acceptent d’augmenter le stock qui ne fait que 35 000 tonnes. C’est insuffisant. Mais les donateurs restent sourds à l’appel » Cela veut dire que les zones en proie à l’insécurité alimentaire ne verront pas le bout du tunnel de sitôt.
Le plan d’urgence ne couvre pas les besoins
On se rappelle, l’Etat, dans le cadre d’un plan d’urgence, a acheminé de l’aliment bétail à Gao, Kidal et Tombouctou. Sur une prévision de 1000 tonnes pour Kidal, 800 ont été acheminées, 50 sur 100 tonnes prévues ont été envoyées à Gao. On dénote que la quantité acheminée est largement en deçà des besoins. Elle ne couvre pas toutes les communes. A cela s’ajoute la mauvaise gestion. Il faut, de la part du commissariat à la sécurité alimentaire, un élargissement de l’aide à toutes les communes concernées la multiplication des banques de céréales. Ce commissaire a dû mal à joindre les deux bouts.